Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : viii, note 9.
Note [9]

Le traité De pestilenti febre [De la fièvre pestilente] occupe les pages 950‑986 des Donati Antonio ab Altomari, Medici atque Philosophi Neapolitani, omnia, quæ hucusque in lucem prodierunt, Opera, nunc primum in unum collecta, et ab eodem Auctore diligentissime recognita et aucta : cum locis omnibus in margine additis [Toutes les Œuvres de Donato Antonio da Altamari, médecin et philosophe napolitain, qui ont été imprimées à ce jour, réunies pour la première fois, que l’auteur a lui-même revues et augmentées, avec mention marginale de tous les passages] (Lyon, Guillaume Rouillé [ou Roville, v. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 5 mars 1658], 1565, in‑4o). L’extrait cité traduit la toute fin du chapitre ix, De pestilentium febrium curatione [Traitement des fièvres pestilentes] (pages 980‑981), mais avec quelques menues nuances :

Nos vero hic pestilentis duntaxat febris curationem docere proposuimus : qua etiam ratione et febres pestilentibus similes curari poterunt. Id tamen perpetuo vitare consulo, ne in communem gravissimumque nostræ tempestatis medicorum errorem incidas, qui in eiusmodi febribus, præsertim perniciosis, et valde malignis, velut in lipyriis, in quibus ob magnam inflammationem in corporis parte aliqua profundiori ortam, seu erysipelas, interiora uruntur, exteriores autem partes sunt frigidæ, medicamentum quoddam Mesues exhibent, non semel dumtaxat sed sæpius, quod Alchermes dicitur, putantes ex eo naturalem augeri calorem, atque ita extremas partes calfacere ; ignorantes quod cum propter inflammationem, seu erysipelas calor intus trahatur ac detineatur, et propterea extremæ partes frigeant, ex eodem calido medicamento inflammationem ipsam aut erysipelas augeri, magisque propterea extremas partes refrigerari. Nec etiam innatum calorem augebit unquam medicamentum hoc, cum non nutriat, quo circa ægrotantes sæpius hac ratione iugulant, tum vel maxime si ipsum cum vino, aut alio etiam calido potu præbeant. Admodum certe perniciosus abusus, nulla ratione aut auctoritate, nec etiam experientia comprobatus.

[Nous avons ici proposé d’enseigner le traitement de la seule fièvre pestilente ; néanmoins, celles qui lui ressemblent peuvent aussi être traitées de la même façon. Toutefois, je recommande toujours d’éviter que tu ne tombes dans la fréquente et très grave erreur des médecins de notre temps : dans ces fièvres, en particulier pernicieuses et fort malignes, comme dans les intermittentes, {a} il existe une importante inflammation née dans quelque partie plus profonde du corps, ou des érysipèles {b} brûlant les organes intérieurs, quand les parties extérieures sont froides ; ils prescrivent alors, encore et encore, ce médicament que Mésué appelle alkermès, pensant, grâce à lui, augmenter la chaleur naturelle {c} et échauffer ainsi les parties les plus externes ; mais ils ignorent que, l’inflammation ou les érysipèles attirant et retenant la chaleur à l’intérieur, ce médicament augmente l’inflammation ou les érysipèles et refroidit, en conséquence, les parties externes. Ce remède n’augmentera même jamais la chaleur innée {c} parce qu’il ne nourrit pas ; et cela fait que très souvent les malades meurent, à plus forte raison s’ils le prennent avec du vin ou quelque autre boisson chaude. Voilà un abus extrêmement pernicieux, qui ne se fonde sur aucune raison ni autorité, ni même sur l’expérience].


  1. L’adjectif latin lipyria est un hellénisme venant de leipuria, fièvre intermittente.

  2. L’érysipèle était et demeure une inflammation superficielle et localisée de la peau (v. note [16], lettre 41) ; mais Altomari en faisait aussi une affection des organes profonds.

  3. V. première notule {a}, note [14], lettre 150.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : viii, note 9.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8161&cln=9

(Consulté le 29/03/2024)

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