Annexe : Jacob Spon et Charles Patin, premiers éditeurs des Lettres choisies de feu M. Guy Patin, note 9.
Note [9]

Charles Patin a ici décrit précisément la méthode qu’il a suivie pour éditer les lettres de son père : il voulait en ôter tout ce qui pourrait être insultant ou compromettant, en fabriquant, si besoin, des lettres factices qui recousaient les bons morceaux de celles qu’il châtrait, sans compromettre en apparence la cohérence du tout. Le titre de Lettres choisies lui donnait cette licence.

Joseph-Henri Reveillé-Parise ne s’est pas privé d’en faire autant dans son édition de 1846, dont le titre ne disait pas que les lettres en étaient « choisies », mais avec ce préambule de Jean-Baptiste Baillière (tome 1, première page de l’Avertissement de l’éditeur) :

« Si, à l’imitation des anciens éditeurs, nous ne publions qu’un choix de ses lettres, nous n’ignorons pas cependant qu’on pourrait en imprimer davantage : mais, nous l’affirmons, l’ouvrage, quoique alors plus volumineux, ne serait pas plus complet que ne l’est notre édition. N’est-il pas reconnu que le mérite d’un ouvrage s’estime par ce qu’il contient, et non pas par le nombre des volumes ? »

Charles travaillait, semble-t-il, sur les originaux des lettres (v. infra note [13]) que lui envoyait Jacob Spon, après les avoir lui-même triées et annotées. Il est impossible de reconnaître précisément ses corrections et ses censures, mais les nombreuses biffures, substitutions de mots et consignes de transfert qu’on voit sur les lettres manuscrites de Guy Patin viennent en partie de son fils (ou du moins pointilleux Jacob Spon), et non des éditeurs ultérieurs.

Tout compte fait (et refait), nous disposons aujourd’hui des manuscrits de 36 des 193 lettres que contient l’édition de 1683 : voilà amplement de quoi travailler pour qui voudrait mener une méticuleuse recherche sur la manière dont Charles a édité les lettres de son père ; je me suis limité à un seul examen précis de la question dans la note [34] de la lettre 334, et y ai bien mesuré la difficulté de cet exercice.

Il est impossible d’identifier les lettres que Charles a personnellement ajoutées à la Correspondance aujourd’hui connue ; sans parler bien sûr de celles qu’il en a retranchées. Néanmoins, on comprend pourquoi rien n’y figure des courriers qu’il a lui-même échangés avec son père (qui n’en a écrit à ses amis que rarement et par discrètes allusions). Ils furent probablement nombreux, mais détruits, car clandestins et transmis par des mains sûres, en raison de la condamnation aux galères perpétuelles qui a pesé sur Charles : prononcée le 28 février 1668 (v. notes [136][140] des Déboires de Carolus), elle le menaçait encore de lourdes sanctions à la mort de Guy Patin (le 30 mars 1672). L’amnistie de Charles n’a été prononcée qu’en juin 1681 (v. note [145], ibid.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Jacob Spon et Charles Patin, premiers éditeurs des Lettres choisies de feu M. Guy Patin, note 9.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8224&cln=9

(Consulté le 25/04/2024)

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