À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 96.
Note [96]

Les Gens du roi qu’on avait députés à Saint-Germain (Omer ii Talon et Jérôme i Bignon, avocats généraux, et Blaise Méliand, procureur général du Parlement de Paris) vinrent faire leur rapport devant le Parlement assemblé le matin du vendredi 19 février.

  • Mme de Motteville (Mémoires, page 247) :

    « Les députés du Parlement envoyèrent demander des passeports à Saint-Germain pour y aller, selon ce qui avait été résolu à l’arrivée du héraut. Les frondeurs furent au désespoir de cette députation et le duc de Beaufort, le maître du peuple, déclara qu’il voulait faire tuer ceux qui proposaient des conditions de paix sans chasser le cardinal du ministère ; mais toutes ces menaces ne purent empêcher que les négociations n’allassent à leur fin. La reine refusa les passeports aux Gens du roi, les voulant traiter de particuliers à cause qu’elle prétendait que le Parlement était interdit et déclaré criminel. Cette hauteur, non plus que toutes les autres, ne fut pas soutenue ; et il fallut se résoudre de les envoyer dans la forme que les Gens du roi le souhaitèrent, et même il fallut que la reine les traitât favorablement. Sa prudence et son ministre lui conseillèrent de le faire en cette occasion où elle n’était pas en pouvoir d’agir selon ses sentiments. Les affaires se traitèrent entre le ministre et les députés assez généralement parce que des deux côtés on se tint assez serré, chaque parti n’osant paraître vouloir ce qu’en effet ils désiraient comme le remède de tous leurs maux. Les députés à leur retour furent au Parlement rendre compte de leur voyage. Les généraux eurent peur que cette narration n’apportât quelque changement dans les esprits parce que le désir de la paix et du repos est naturellement imprimé dans le cœur de tous les hommes raisonnables. Le prince de Conti, de concert avec tous les autres, l’interrompit en présentant au Parlement un envoyé de la part de l’archiduc, qui leur promettait du secours et les exhortait à se bien défendre. »

  • Retz (Mémoires, pages 421‑422) :

    « Le 19, M. le prince de Conti dit au Parlement qu’il y avait au parquet des huissiers un gentilhomme envoyé de M. l’archiduc Léopold, qui était gouverneur des Pays-Bas pour le roi d’Espagne, et que ce gentilhomme demandait audience à la Compagnie. Les Gens du roi entrèrent au dernier mot du discours de M. le prince de Conti pour rendre compte de ce qu’ils avaient fait à Saint-Germain, où ils avaient été reçus admirablement. La reine avait extrêmement agréé les raisons pour lesquelles la Compagnie avait refusé l’entrée au héraut ; elle avait assuré les Gens du roi que, bien qu’en l’état où étaient les choses elle ne pût pas reconnaître les délibérations du Parlement pour des arrêts d’une Compagnie souveraine, elle ne laissait pas de recevoir avec joie les assurances qu’il lui donnait de son respect et de sa soumission ; et que pour peu que le Parlement donnât d’effet à ses assurances, elle lui donnerait toutes les marques de sa bonté et même de sa bienveillance, et en général et en particulier. Talon, avocat général, et qui parlait toujours avec dignité et avec force, fit ce rapport avec tous les ornements qu’il lui put donner et il conclut par une assurance, qu’il donna lui-même en termes fort pathétiques à la Compagnie, que si elle voulait faire une députation à Saint-Germain, elle y serait très bien reçue et pourrait être d’un grand acheminement à la paix. Le premier président lui ayant dit ensuite qu’il y avait à la porte de la Grand’Chambre un envoyé de l’archiduc, Talon, qui était habile, en prit sujet de fortifier son opinion. Il marqua que la providence de Dieu faisait naître, ce lui semblait, cette occasion pour avoir plus de lieu de témoigner encore davantage au roi la fidélité du Parlement en ne donnant point audience à l’envoyé et en rendant simplement compte à la reine du respect que l’on conservait pour elle en la refusant. »

  • Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 163, 19 février) :

    « Retour des Gens du roi […] auxquels, par la teneur du passeport à eux envoyé, on a donné la qualité qu’ils demandaient : “ aux Gens du roi ”. Ils se louent de la réception que l’on leur a faite, avec bonne chère. En particulier, ils n’ont vu que M. le Chancelier et M. Le Tellier, qui logea même quelques-uns d’eux. En public ils parlèrent à la reine, les duc d’Orléans, prince de Condé et cardinal Mazarin présents, avec le chancelier, qui leur répondit de l’affection de la reine envers leur Compagnie. Le nom même du Parlement ne fut oublié. La reine, de sa bouche, leur fit civilité ; et on les assura que le héraut n’était allé là que pour bon dessein. Ils disent que la reine et tous en général témoignent en particulier tristesse et désir de revenir à Paris. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 96.

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(Consulté le 23/04/2024)

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