Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 44.
Note [44]

Pour Heinrich Cornelius Agrippa von Nettesheim, qui ne mourut pas à Lyon en 1534, mais à Grenoble en 1535 (v. note [13], lettre 126), Gabriel Naudé renvoyait à « Adamus dans les vies des hommes illustres », c’est-à-dire aux Vitæ Germanorum Medicorum [Vies des médecins allemands] de Melchior Adam (Heidelberg, 1620, v. note [2], lettre de Charles Spon, datée du 15 janvier 1658) ; celle d’Henricus Cornelius Agrippa y occupe les pages 16‑21, avec cette satire anonyme qui résume le personnage :

Inter divos nullos non carpit Momus :
Inter Heroas monstra quæque insectatur Hercules :
Inter Dæmones rex Erebi Pluto irascitur omnibus umbris :
Contra deflet cuncta Heraclitus :
Nescit quæque Pyrrhias, et scire se putat omnia Aristoteles :
Contemnit cuncta Diogenes :
Nullis hic parcit Agrippa :
Contemnit, scit, nescit, flet, ridet, irascitur, carpit omnia :
Ipse Philosophus, Dæmon, Heros, Deus et omnia
.

[Parmi les divinités, Momus {a} ne s’abstient de railler personne.
Parmi les héros, Hercule {b} poursuit tous les monstres.
Parmi les démons, Pluton, roi de l’Érèbe, {c} s’emporte contre toutes les ombres.
Héraclite {d} pleure sur tout.
Pyrrhion ne sait rien, mais Aristote croit tout savoir. {e}
Diogène méprise tout. {f}
Cet Agrippa emprunte à tous ceux-là :
il méprise tout, il sait tout, il ignore tout, il pleure sur tout, il rit de tout, il s’emporte contre tout, il poursuit tout, il raille tout ;
il est à la fois philosophe, démon, héros, dieu et tout].


  1. V. note [37], lettre 301, pour Momus, dieu de moquerie et du sarcasme.

  2. V. note [3], lettre de Reiner von Neuhaus, datée du 21 octobre 1663, pour Hercule (Héraklès ou Alcide) et ses Douze Travaux.

  3. V. note [16], lettre 514, pour Pluton (Orcus) dieu de l’Érèbe, c’est-à-dire des enfers.

  4. V. note [8], lettre latine 326, pour Héraclite d’Éphèse, le philosophe mélancolique.

  5. V. note [15], lettre 80, pour Aristote, le philosophe encyclopédique. Ma traduction a remplacé Pyrrhias par Pyrrhion (d’Élis), philosophe sceptique grec du ive s. av. J.‑C. qui mettait tout en doute.

  6. V. note [5], lettre latine 137, pour Diogène de Sinope, le philosophe cynique.

Gabriel Naudé a abondamment écrit sur Agrippa dans le chapitre xv (pages 400‑423) de son Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement soupçonnés de magie (Paris, 1625, v. note [5], lettre 608).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 44.

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(Consulté le 17/05/2024)

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