Livre II
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et longeant le côté interne du tendon, s'insère à la base des doigts, en faisant une insertion membraneuse sur le côté interne, vers l'intérieur ; cette insertion devait nécessairement être faite sur cette surface, puisque la fonction du muscle est d'incliner les quatre doigts latéralement vers le pouce. Ces muscles, comme ceuxyy Fig. 1 et 2, chap 11. de l'oeil, ont la particularité de prendre leur origine non pas d'un os ou d'un cartilage, mais de la membrane recouvrant les tendons.Des vingt-neuf muscles décrits, vingt-huit servent aux mouvements des doigts Si en vue de l'enseignement, vous augmentez le nombre de muscles en y joignant ceux-ci, il y en aura vingt-neuf en tout qui auront été décrits dans ce chapitre, dont vingt-huit sont les muscles moteurs des doigts, le vingt-troisième [m. court abducteur du pouce]zz k planche X ; p planche XI appartenant cependant au poignet.Quelques remarques au sujet de l'insertion des tendons Quelqu'un demandera peut-être avec étonnement pourquoi j'ai dit que les musclesaa ζ , ζ planche VI
b r planche III
adducteurs des quatre doigts vers le pouce[450]et celuib qui met le petit doigt en abduction des autres s'insèrent sur la première phalange des quatre doigts, sans mentionner les articulations suivantes, alors que Galien a écrit dans le premier livre des Procédures anatomiques que les tendonscc Θ planche IX ; p planche X ; t planche XI s'insèrent sur toute la longueur des quatre doigts et y sont attachés comme une membrane, contrairement à ce qu'avaient dit les anciens anatomistes et lui-même dans le livre de l' Utilité des parties. Je ne conteste pas, pas plus que n'importe quel assistant à mes dissections, le fait que les os des doigts sont recouverts sur toute leur longueur par des membranes provenant de la région où ces muscles s'insèrent, mais elles ne sont pas du genre de celles que les muscles récemment mentionnés auraient dû produire, puisqu'elles ne montrent pas ce genre de fibres qui courent sur toute la longueur, et n'ont pas la même direction que les tendons des muscles provenant de l'avant-bras et s'insérant sur la face externe des doigts. En fait, les doigts sont mus latéralement au moyen de la première articulation dans les quatre doigts et de la première et deuxième articulations dans le pouce, et c'est pourquoi cette différence d'articulation devait être mentionnée quand je décrivais les phalanges des doigts. Donc, si quelqu'un prétend avec Galien que des membranes de ce genre sont des tendons des muscles conduisant les doigts latéralement, il devra aussi reconnaître, mais à tort, qu'elles sont aussi attachées aux deuxième et troisième phalanges des doigts à la manière d'un ligament seulement. Puisque les tendons des muscles qui progressent depuis l'avant-bras et qui sont simplement décrits par Galien comme étant des abducteurs, s'insèrent manifestement sur toute la longueur des doigts, je suis bien obligé d'en déduire avec assurance que ces muscles servent aussi à l'extension.Le nombre total d'insertions musculaires De plus, si quelqu'un de particulièrement versé dans les livres de Galien a remarqué qu'il enseigne le contraire [de moi] au sujet de l'insertion des tendons, il peut s'attendre à ce que je regroupe toutes les insertions des muscles moteurs des doigts sous un seul total, en imitant en cela Galien dans le premier livre de l' Utilité des parties  : mais il les compte mal, puisqu'il oublie treize musclesdd κ , λ dans planche VI ; chiffres 1, 2, 3 dans planche VII ; en-dessous de V dans planche VIII
e Ξ planche VI
placés dans la main et responsables de la flexion des doigts et qu'il dit à tort que les tendons du deuxième musclee s'implantent sur la première phalange des quatre doigts. Par ailleurs, si au passage nous pouvons concéder que le dix-septième muscleff Z planche IX se divise en quatre tendons extenseurs des doigts, et que les dix-huitièmegg Θ planche IX
h p planche X ; t planche XI
et dix-neuvièmeh muscles se divisent en deux tendons qui mettent les quatre doigts en abduction par rapport au pouce, et (comme nous l'avons affirmé) qu'ils s'insèrent sur toutes les extrémités des doigts, en tant qu'extenseurs, de telle sorte que le nombre de musclesii r, p planche III ; ζ , planche VI ; ∫ planche XI placés dans la main et servant particulièrement aux mouvements latéraux corresponde à notre description, alors il y aura en tout soixante vraies insertions (je ne parle pas d'appositions ou de connexions faibles). Donc, dans la première phalange du pouce il y a cinq muscles, dans la deuxième sept muscles, dans la troisième trois ; dans la première phalange du petit doigt, il y a six muscles, mais seulement cinq dans la première phalange des trois autres doigts, et trois dans chacune des deuxième et troisième phalanges des quatre doigts. Souvenez-vous de la nature de ces insertions pour vous-mêmes, quand vous les rappellerez à votre mémoire comme si vous les rassembliez dans un « épilogue ». Et ensuite, réfléchissez à combien s'élèverait leur nombre total si les muscles placés dans la main et présidant aux mouvements obliques faisaient aussi, en suivant l'opinion de Galien, leur insertion dans les phalanges suivantes, qui ne sont pas mues latéralement (sinon dans un mouvement secondaire) ; et voyez si vous pouvez admettre que les deux tendons du vingt-deuxième musclekk l avec m, n dans planche X fassent une vraie insertion sur la première phalange du pouce, de telle sorte que la première phalange du pouce admettrait maintenant six insertions (en effet le musclell p planche III qui écarte le plus le pouce ne s'insère pas sur la première phalange), la troisième phalange du pouce cinq insertions, la deuxième et troisième phalanges de l'index, du médius et de l'annulaire quatre, la deuxième et troisième phalanges du petit doigt cinq, et que le total serait alors de soixante-treize. Et si vous ajoutiez aussi à ce nombre les applications aux os au moyen de ligaments (car je me refuse à parler d'insertions comme Galien), vous compteriez en plus une application à la deuxième phalange des cinq doigts, deux à la première phalange des quatre doigts, et vous trouveriez un total de quatre-vingt-six insertions (si je ne me suis pas trompé dans l'addition) ; en effet, vous ne pouvez pas attribuer le tendonmm [ η ] et θ planche VI du troisième muscle à la première phalange du pouce, bien que le nombre total puisse inclure les applications du large tendonnn celui du muscle Π de la planche III ; il doit être marqué l de telle sorte que les trois phalanges des quatre doigts et deux phalanges du pouce aient une application supplémentaire, ce qui porte leur nombre total à quatre-vingt-dix-huit. Et si vous doublez ce chiffre en considérant vos deux mains, de combien avez-vous dépassé le nombre de cent huit emphuseis (« insertions ») et paraphuseis (« applications ») de Galien[451] ?

׫ Petits muscles fusiformes, situés dans la région palmaire, entre les tendons du muscle fléchisseur profond des doigts. Ces muscles se terminent en rejoignant le côté latéral du tendon du muscle interosseux correspondant. Ils fléchissent les phalanges proximales et étendent les deux autres. Ils sont innervés par des rameaux du nerf médian pour les deux muscles lombricaux latéraux, et par des rameaux de la branche profonde du nerf ulnaire pour les deux muscles lombricaux médiaux » (dictionnaire.academie-medecine.fr).
×En dépit de la longueur du chapitre XLIII, un des plus longs de la Fabrique tout entière, la matière traitée n'est pas exhaustive. À la même période, Canani est le premier anatomiste à dessiner et à identifier le muscle court palmaire, que Vésale n'a pas isolé, qui sera aussi décrit quelques années plus tard par Colombo et Eustache. Francis van Glabbeek, anatomiste et chirurgien de la main, a établi les grandes étapes de l'histoire de cette découverte et de ses dénominations, de Canani à Le Double, dans Giovanni Battista Canani en zyn Musculorum humani Corporis Picturata Dissectio, Anvers, Garant, 2022, p. 39-48. Il reste que l'étude des muscles du membre supérieur par Vésale est une des plus complètes à son époque. Voir le remarquable commentaire anatomique de Francis van Glabbeek et de Hedwige Daenens à ce sujet, « Look to know : anatomys of the upper limb. From myth to science », in Robrecht Van Hee (ed.), Art of Vesalius, Anvers, Garant, 2014, p. 137-160.