Livre II
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et accordez-moi qu'il y ait un seul début au lieu des deux que vous aviez proposés, afin que je ne sois pas obligé d'assigner une pluralité de débuts à tous les larges débuts de muscles, ce qui serait contraire à mon habitude. Car si vous ne m'accordiez pas ce fait, tous les larges débuts de muscles devraient être doublés, ou bien si on les comparait à ce début du deuxième muscle, la plupart d'entre eux devraient même être décuplés, sans aucune raison. Donc ce muscle originaire de ce début devient progressivement plus épais et plus charnu, en s'étendant verticalement vers le bas ; il s'attache fortement à l'humérus, dont il acquiert partiellement sa vigueur sur toute sa course, jusqu'à ce qu'il atteigne l'articulation du coude dont il couvre toute la surface antérieure avec la masse de sa substancecc N planche VIII charnue ; il s'insère très fortement par une large implantation sur le ligament de l'articulation et sur la partie antérieure de l'ulna et du radius, et sa forme ressemble tout à fait à celle d'un mont à l'endroit où il traverse l'articulation. Comme la direction de ce muscle est rectiligne, ses fibres sont aussi rectilignes, comme celles du premier muscle, mais je n'oserais certainement pas affirmer qu'elles sont couchées sur celles du muscle sous jacent en formant une lettre X[463].Fonction du premier et du deuxième muscles Malgré tout le soin que je mets à examiner la fonction de ces muscles, je ne peux en conclure qu'une chose, à savoir qu'ils sont chacun auteurs de la flexion de l'avant-bras en ligne droite[464], soit qu'ils se contractent tous deux en même temps soit chacun séparément. Et pourquoi, je vous prie, devrions-nous imaginer des flexions de l'avant-bras que nous ne voyons jamais, par respect pour Galien, le prince des professeurs d'anatomie? Évidemment nous pouvons dire que l'avant-bras fléchit en ligne droite ou qu'il s'incline d'un côté ou de l'autre, en attribuant d'abord la flexion en ligne droite aux deux muscles en même temps, puis la flexion d'un côté ou de l'autre à chacun d'eux séparément ; cependant Galien n'est pas constant avec lui-même, pour savoir auquel des deux muscles doit être assignée la fonction de flexion vers l'intérieur ou vers l'extérieur. Son opinion au sujet de la valeur et de l'utilité de ces muscles dans les livres sur l' Utilité des parties du corps humain diffère complètement de celle dans les livres des Procédures anatomiques. Dans ces derniers, il estime que le muscle postérieur [m. brachial] est responsable de la flexion de l'avant-bras avec une inclinaison vers l'extérieur, et que le muscle antérieur le fléchit avec une inclinaison vers l'intérieur. Mais dans les livres sur l' Utilité des parties, il a écrit que le muscle antérieur fléchit davantage vers l'intérieur, le muscle postérieur davantage vers l'extérieur. Mais je n'ignore pas que pendant que vous examinerez ces questions (du moins si vous êtes amoureux de la vérité et désireux d'apprendre), vous fléchirez l'avant-bras et qu'en rapprochant les doigts de l'acromion, vous estimerez que la flexion est faite en ligne droite ; et que lorsque vous mettez la main sur la clavicule et le haut de l'os de la poitrine, la flexion se fait vers l'extérieur[465], tandis que lorsque vous dirigez les doigts vers la scapula, vous exécutez une flexion de l'avant-bras inclinée vers l'extérieur. Mais en vous fiant trop à Galien, comme je l'ai fait, vous pourriez conclure qu'il a proposé ces types de flexion avec raison, même si en décrivant la fonction des muscles, il n'a pas du tout été cohérent dans les livres mentionnés. Par ailleurs vous aurez encore une autre opinion quand vous prêterez attention au mouvement de l'humérus dans l'acétabule de la scapula. Avec l'aide de quelques os secs, essayez d'empêcher votre propre bras de tourner, pendant que vous faites différentes flexions de l'avant-bras en gardant le bras dans la même position immobile : si vous observez des différences, il sera temps alors d'imaginer avec Galien des intersections de fibres en X et différentes directions pour les muscles fléchissant l'avant-bras (même si rien de tel n'existe). Lorsque vous aurez vu qu'il n'existe aucune autre flexion que celle en ligne droite, vous célèbrerez l'éloge de l'habileté du grand Créateur des choses, lui qui a créé deux muscles très forts pour ce mouvement, parce qu'il savait que ce serait un mouvement vigoureux et très utile pour l'homme en beaucoup d'occasions. Et vous observerez seulement ces mouvements en ligne droite dans toutes les articulations qui se font par entrée mutuelle que nous appelons ginglymes. Quelle que soit la façon dont vous bougiez les quatre doigts, vous ne verrez jamais la deuxième ou la troisième phalange avoir un mouvement latéral sur la première ni en flexion ni en extension. Le tibia non plus n'a pas ces mouvements, même si Galien, trompé par l'articulation de la hanche, lui a assigné des mouvements variés, et en particulier des mouvements obliques,Livre 3 de l' Utilité des parties et livre 2 des Procédures anatomiques mais nous parlerons des mouvements du tibia en temps utile. Pour le moment il faut revenir à la jointure entre l'ulna et l'humérus, qui se fait par entrée mutuelle si ce genre de connexion existe dans tout le corps ; je ne dirai rien de plus au sujet de la connexion du radius avec l'humérus, qui suffirait à elle seule à empêcher l'avant-bras de fléchir vers l'intérieur. À moins que quelqu'un d'exagérément dévoué à Galien ne prétende que la petite tête externe de l'humérus ne soit une espèce de saillie assez lâche telle que, dans une flexion vers l'extérieur, elle cèderait devant le radius comme devant un doigt, et que dans une flexion de l'avant-bras vers l'intérieur, l'humérus n'étant plus si comprimé serait de nouveau saillant. Ce que j'ai dit de la flexion peut aussi s'appliquer à l'extension. Si vous essayez différentes positions, vous ne remarquerez jamais mieux l'impossibilité de tout mouvement de l'avant-bras sur le côté que lorsque vous l'étendez droit devant vous en essayant en vain de le plier sur le côté, fût-ce de la largeur d'un cheveu.Le premier des muscles extenseurs Parmi les muscles extenseurs de l'avant-bras, le premier [m. triceps]dd F planche XI ; T planches I, IX, XII ; P planche II ; b planches X (III) et XIII ; u planche IV ; [ η ] planche V ; ∫ planche VI ; N planche VII ; a planche X
e Q dans fig. 1, chap. 21, livre I
a un début solide, large et très nerveux provenant du côté inférieure de la scapula non loin de son col, où il y a une dépression spéciale qui lui permet de progresser. Mais peu après, ce début est augmenté par de la chair et forme un muscle qui se dirige verticalement en bas vers le côté interne de la partie postérieure de l'humérus, en s'y attachant fortement à une certaine distance sous son col. Près de la partie inférieure

×Référence implicite à Galien, Utilité des parties II, 16.
×L'avant-bras plie sur le bras dans l'axe longitudinal.
×Erreur pour « vers l'intérieur » (corrigée en 1555).