Livre I
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à un stylet pour écrire. Cependant, Galien semble avoir appelé korônai non seulement les processus pointus qui permettent l’insertion ou l'origine des muscles mais aussi plusieurs têtes osseuses articulées avec les cavités d’autres os.Dans le livre Des os. Par exemple, à maintes reprises, il appelle korônai les petites têtes de l’os occipitalaa l, l dans la fig. 5 du chap. 6. articulées avec les cavités de la première vertèbre cervicale, alors qu’elles ne méritent nullement le nom de processus pointu, surtout pas chez l’homme.Képhalè. Tête. Il y a des têtes proéminentes, d'autres déprimées. Les Latins traduisent les noms de képhalè ou de képhaleion par « tête » ; ils désignent par ce nom la partie saillante d’un os qui entre dans la cavité d’un autre os en vue de l’articulation et du mouvement volontaire. Nous disons aussi qu’une tête est proéminente ou très peu saillante par rapport à son col. Par exemple, la tête du fémurb,b Mesurez la de D à B dans la fig. 1 du chap. 30. articulée avec la cavité de l’os coxal, est dite proéminente, parce qu’elle forme une saillie considérable au-dessus de son col ; nous comptons aussi parmi les têtes proéminentes, celle de l’huméruscc de m à f dans la figure I. articulée avec la scapula, parce que son sommet est très élevé par rapport au col (ou cou). En revanche, les petites têtes des os du métatarsed,d q, q dans le pied. qui sont articulées avec les cavités des os du tarse, sont si peu saillantes et si planes qu’on ne saurait dire si elles entrent dans les cavités du tarse ou si elles sont les réceptacles des tubercules de ces os. Il est même impossible de distinguer têtes et cavitésee comparez s, t, u dans la fig. 13 du chap. 33 et n, m; l dans la fig. 10.
f δ dans la fig. 9 du chap. 15 et X, Y dans la fig. du chap. 16.
dans l’articulation formée par trois os du tarse et l’os naviculaire. Enfin, de petites têtes de ce genref existent dans la plupart des vertèbres comme nous le ferons observer en temps opportun. Pour le moment, il suffit d’ajouter que les Grecs, dans leur zèle à étudier les œuvres de la Nature, ont appelé « proéminentes » les têtes qui ont manifestement une protubérance plus renflée au sommet (quand on regarde leur circonférence) que sur les côtés, ou qui font une saillie ou une éminence arrondie ; mais qu'ils ont appelé « peu saillantes » les têtes pourvues de si faibles reliefs ou tubercules qu’on ne sait s’il faut les appeler têtes ou cavités[20]. Il semble que ceux qui avaient l’expérience de l’Anatomie aient appelé ces dernières têtes condyles, et les premières simplement képhalaia. Mais nous dirons bientôt quelques mots sur le condyle (parce que ce nom est employé par de nombreux auteurs avec des sens différents).Arthron. Articulation. Arthron, « articulation » chez nous, est le terme que les Grecs ont utilisé en premier pour désigner la jointure des os en vue du mouvement. Mais Hippocrate, surtout dans ses livres Des Fractures et Des articulations, ainsi que Galien, dans ses Commentaires de ces livres, a fréquemment nommé « articulation » la partie arrondie de l’os qui s’emboîte dans la cavité ou dans la dépression de l’os proximal, et que nous avons appelée « tête ».Vertèbre, spondyle. Certains auteurs latins semblent aussi appeler une tête de ce genre « vertèbre » : c’est ainsi qu’ils nomment la tête du fémura dans l’articulation avec l’os coxalb,a b Mettez le A de la fig. 1 du chap. 30 entre e, f, g dans la fig. 1 du chap. 29. alors que d’autres ont préféré appeler par ce nom l’ensemble de cette articulation. Il vaudra mieux réserver le nom de vertèbrecc figures des chap. 14, 15, 16, 17. uniquement aux os du rachis, afin que pour nous la « vertèbre » ait le même sens que le nom spondylos chez les Grecs, c'est-à-dire « pivot », ceci à cause de la forme qui rappelle la fusaïole[21] dont les femmes alourdissent leur fuseau.Variétés des têtes. Par ailleurs, certains os n’ont qu’une seule de ces têtes proéminentes mentionnées ci-dessus, comme la tête du fémur articulée avec l’os coxal, les têtes des os du pied et de la main articulées avec la première phalange des doigts. D’autres ont deux têtes, jumelles et séparées par une sorte d’interstice, comme celles qui forment l’articulation du fémur avec le tibia, et celles qui, aux premières et deuxièmes phalanges des doigts, sont articulées avec les cavités de faible profondeur du métacarpe et du métatarse. Sur d’autres, on voit des têtes arrondies, comme la tête à l’extrémité supérieure du fémur, d’autres s’étendent davantage de la droite vers la gauche[22], en s’élargissant ainsi d’une certaine manière, comme les têtes de la mandibule ; d’autres encore s'allongent en s’éloignant de leur base, comme les têtes de l’os occipital articulées avec les surfaces concaves de la première vertèbre [atlas]. Même si un médecin digne de ce nom doit connaître sur le bout des doigts les formes et les caractéristiques des têtes de ce genre, pour intervenir en cas de luxation, je n’ai pas estimé nécessaire de les subdiviser davantage maintenant, parce que j’entreprendrai de les décrire d’une manière très détaillée pour chaque os en particulier. Galien appelle plus d’une fois les têtes des os « épiphyses ou appendices », peut-être parce que certaines sont pourvues d’un appendice, comme la tête du fémur et l’extrémité supérieure de l’humérus, les têtes du métacarpe et celles du métatarse articulées avec les premières phalanges des doigts ; mais la plupart des têtes osseuses n’ont pas d’appendices. Ainsi le talus n’a pas d’appendice, pas plus que l’humérus là où il s’articule avec l’avant-bras ; de même la mandibule présente des têtes, mais pas d’appendices. Il ne faut donc pas accorder une totale confiance à la parole de Galien, qui a enseigné que les kôloi (c’est à dire les têtes des membres) sont nommés épiphyses et condyles.Condyle. Livre 11 de l'Utilité des parties. Les Latins traduisent le mot « condyle » tantôt par « articulation », tantôt par « nœud », « bosse », « tête », « petite tête », et même « os de doigts », puisqu’ils savent combien de sens variés ce mot avait déjà pour les Grecs. En effet, dans le texte de Galien déjà cité, le nom de condyle semble désigner les extrémités des membres. Dans les Procédures anatomiques, il appelle ainsi les deux têtes inférieures du fémur et les têtes ou tubercules inférieurs de l’humérus, comme si c’était le nom convenant aux têtes osseuses doubles, ce qu’Hippocrate aussi laisse entendre dans son livre Des articulations, lorsqu’il enseigne la manière de remettre en place un humérus luxé, avec les « condyles », c’est à dire avec les articulations des doigts. Et il est absolument vrai que les phalanges ont été appelées ainsi par quelques-uns, parce qu’elles sont pourvues de têtes doublesd,d G, H dans la fig. 2 du chap. 27. de même que l’extrémité inférieure du fémur ; cela est surtout vrai pour les premières phalanges des quatre doigts qui, pour remettre en place un humérus luxé, le poussent vers le dehors, puis vers le haut. Mais par ailleurs,

×Vésale suit Galien, De ossibus Ia 736 (éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 42).
×Emploi d'un terme technique par analogie formelle. Le verticulum (fusaïole) est une pièce en forme de petite roue ou de virole placée à la base du fuseau qui permet, grâce à son poids, de conserver la régularité dans la rotation de l'axe central et dans la torsion du fil. D'usage très ancien, la fusaïole peut être en bois, en terre cuite, en métal, comme en témoignent les objets retrouvés lors de fouilles archéologiques ou les représentations figurées de fileuses.
×Description de la surface articulaire de la tête de la mandibule en vue latérale droite.