Livre I
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dans le premier livre Du mouvement des muscles, Galien appelle condyle une petite tête osseuse peu saillante, alors qu'il confère le nom de képhalè ou tête à un cotyle, soit à un acétabule ou cavité profonde ; en fait, le condyle est une petite tête légèrement saillante, très peu proéminente, plane, alors que nous appelons glénè une cavité de l’os, mais si peu concave qu’on pourrait à peine distinguer s’il s’agit d’une cavité ou d’une tête. Ce sont les premiers professeurs d’Anatomie qui ont sans nul doute imposé le nom de condyle dans ce sens, mais je veillerai soigneusement à ce que ce nom ne soit pas une source d’obscurité dans mon exposé, puisqu’il n’est pas plus difficile d’appeler « tête » une extrémité à peine proéminente, comme le sont les têtes fémorales externes et internes près du genou, que d’insérer dans mon texte les mots de « condyle », « nœud » ou tout autre mot semblable, dont le sens est ambigu. Aussi, nous imposerons continuellement ce mot [tête] dans la description de chaque os en particulier, et nous ne nous en écarterons pas ensuite dans la description des muscles, des veines, des artères et des autres parties du corps.Trachelos, auchè, col, cou. Les Latins traduisent trachelos et auchè par « col » et « cou », en désignant par ces mots la partie de l’os qui ressemble à notre cou. En effet, le col ou le cou sont de petits processus osseux dont les extrémités sont plus grosses et arrondies pour former une tête. Le meilleur endroit où voir un col de ce genre est dans le fémura,a h, h dans les fig. A et B. sous sa tête très proéminente et articulée avec l’os coxal.Galien, au début du livre Des os. Ensuite, dans la mandibule se présente un colbb i dans la figure C si remarquable que, d’après ce que nous savons, des Anatomistes désignent souvent la tête de la mandibule comme étant le col. Dans le taluscc dans le pied se présente également un col, bien visible en avant de sa tête arrondie articulée avec l’os naviculaire. Le métatarse et le métacarpedd l, l dans le pied présentent des cols à l’endroit où ils s’articulent avec les phalanges. Mais dans tous les autres os, de tels cols sont moins visibles. Par ailleurs, on appelle quelquefois « cou » non seulement les parties rétrécies des os qui vont s’élargir en têtes, mais encore de fins processus qui, en s’élargissant, forment une cavité avec laquelle un autre os est articulé. Cela peut se voir dans n’importe quel os, mais surtout dans la scapula, dont la partie étroiteee C, D dans les fig. 1 et 2 du chap. 21 située en avant de la cavité qui reçoit la tête de l’humérus a également été nommée « cou » par les professeurs d’Anatomie.Livre Des os de Galien. Cotyle, acétabule. Dans les descriptions des os (nous n’avons aucune raison d’en faire le compte ici), les noms grecs de cotyle, cotylédon, oxubaphon sont traduits par les Latins par « acétabule », « acceptabulum[23] », et en latin vulgaire par « coffret », « petite boîte », parfois « petite bouche ». Tous ces noms désignent des cavités, qui sont profondes et qui reçoivent les têtes osseuses. On observe des cavités de ce genre, ou acétabules, dans l’os coxalf,f n dans la fig. D
a k dans la fig. 11 du chap. 33
là où s’insère la tête fémorale, ou dans l’os naviculairea, là où s’emboîte la tête du talus. Et il n’existe pas dans le corps d’autre cavité articulée avec une tête osseuse plus profonde que les deux précédentes. Je crois pourtant que les premiers professeurs d’Anatomie ont appelé « acétabules » non seulement ces profondes cavités, mais toute cavité osseuse recevant la tête d’un autre os, du moment que n’importe qui pouvait assurer, au premier coup d’œil, qu’il s’agissait bien d’une cavité.Glénè. Le nom de glénè provient du nom des cavités orbitaires (d’après mes conjectures) et se dit d’une forme de cavité très peu concave et seulement superficielle[24] ; elle est telle qu’on ignore quel est l'os qui reçoit et quel est celui qui pénètre, tout à fait comme si on voulait placer l'une sur l'autre deux poutres lisses et planes. Le mot de glénè correspondrait ainsi à une extrémité très peu déprimée, qui, à mon avis, a été appelée condyle en premier. De telles dépressions existent dans le tarseb,b p, p, p dans le pied à l’endroit où les os s’articulent avec le métatarse. Les surfaces de l’os naviculairecc n, m, l dans la fig. 10 du chap. 33 qui reçoivent les os du tarse, font aussi partie de cette catégorie, de même que quelques os du carped,d M, L, K dans la fig. 6 du chap. 25 avec lesquels les métacarpiens sont articulés. Ensuite, [il y a une cavité de ce genre] dans la première vertèbre cervicale, là où s’insère la petite tête peu saillante de la seconde vertèbre. Mais je ne dis pas cela pour interdire d’appeler aussi glénai d’autres cavités (qui, même si elles présentent clairement la forme d’une cavité, ne sont pas profondément creusées). Je n’ai aucunement l’intention d’engager une dispute[25] pour savoir si les cavités de l’os du tibiaee F, G dans la fig. 7 du chap. 31 où s’enfoncent les extrémités inférieures du fémur, méritent d’être appelées cotyles ou glénai [cavités glénoïdes]. Toutefois, quand nous aurons soigneusement expliqué les différentes formes d’articulation, nous appellerons très légitimement une cavité bien nette cotyle, et glénè une cavité si peu évidente que nous pouvons hésiter à l’inscrire au nombre des cavités.Fonctions des cavités et des têtes. D’autre part, la raison pour laquelle le Créateur des choses a façonné des cavités superficielles et d’autres profondes, nous la ferons voir dans le chapitre suivant, qui expliquera les différentes sortes de jointures osseuses, puisque les têtes sont formées en vue de l’articulation au même titre que les cavités. Mais ici, il suffit d’avoir seulement donné les noms ; toutefois, au cas où quelqu’un le désirerait, je peux ajouter à mon exposé quelques mots rapides sur les différentes cavités.Variétés de cavités. Outre le fait que les unes sont entaillées profondément et les autres seulement en surface, certaines cavités ont une forme arrondie et circulaire, comme la cavité de l’os coxalff n dans la fig. D recevant la tête du fémur et les cavités des phalanges avec lesquelles s’articule le métacarpe ; d’autres sont oblongues, comme la cavité du radiusaa x, z, y dans la fig. 8 du chap. 24 accueillant le carpe ou les cavités de la première vertèbre recevant les petites têtes de l’os occipital ; celles du maxillaire agencées pour recevoir les parties saillantes de la mandibule entrent également dans le compte des cavités de ce genre. D’autres sont doubles, comme celles du tibia dans lesquelles entrent les extrémités inférieures du fémur ; la plupart des cavités des phalangesbb I, K dans la fig. 2 du chap. 27 sont également comptées comme doubles. D’autres ressemblent à des poulies et à de petites roues, comme la cavité de l’huméruscc K, L, M dans les fig. 1 et 2 du chap. 23 recevant l’extrémité de l’ulna ; d’autres ressemblent à un C majuscule, comme la cavité de l’ulnadd E, C, D dans la fig. 1 du chap. 24 dans laquelle pénètre l’humérus. Par ailleurs, comme les cavités et les têtes

×Le nom d’acceptabulum semble être une création de Vésale et désigne une surface de réception concave comme l’acétabule.
×Le terme grec désigne à l’origine la prunelle de l’oeil, puis a été appliqué à une surface articulaire peu concave.
×La disputatio était un exercice rhétorique dans la formation du médecin universitaire et constituait l'épreuve essentielle des examens.