Livre I
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la plus simple possible, jamais double. Une telle forme d’articulation joint la tête du talusaa Joignez O dans la fig. 3 du chap. 33 avec k de la fig. 11
b Insérez le chiffre 7 dans la fig. 2 du chap. 25
à l’os naviculaire ; de même nous enseignerons en temps opportun que certains os du carpeb sont unis entre eux par cette forme d’articulation, tout comme les cartilages des deuxième, troisième, quatrième et cinquième côtes sont joints à l’os de la poitrine. Pour le moment, il suffit d’exposer la nature des articulations et leurs différences, et de considérer le but du Créateur à travers elles, en y ajoutant seulement quelques exemples tels qu'ils puissent être pris en compte plus tard dans les mouvements obscurs. Il serait très facile pour moi d’énumérer à la suite toutes les articulations, mais cette énumération pourrait retarder un débutant en Anatomie, puisque les os n’ont pas encore été étudiés en détail, et la difficulté de la matière pourrait le détourner de la si belle investigation des œuvres de Dieu.Arthrodie. L’arthrodie[37] est une forme d’articulation dans laquelle une cavité ou une dépression superficielle et peu profonde, reçoit la tête très peu saillante d’un autre os, comme si on joignait des surfaces planes. Alors que, dans l’énarthrose, il est très facile d’indiquer ce qui est la cavité et ce qui est la tête, dans l’arthrodie au contraire, l’une et l’autre sont si peu visibles qu’on ignore à quel os attribuer légitimement la tête ou la cavité, comme si on imaginait deux surfaces planes appuyées l’une sur l’autre. Cette forme d’articulation joint les trois os internes du tarsecc Joignez s, t, u dans la fig. 13 du chap. 33 et n, m, l dans la fig. 10
d de qq à pp dans la fig. du chap. 3
à l’os naviculaire, les os du métatarsed à ceux du tarse, quelques os carpiens aux os du métacarpe, le quatrième os carpien, qui sera appelé « l’os vertical »[38], au troisième, et la clavicule à l’acromion. Dans ces jointures, les mouvements sont si obscurs qu’on les voit à grand peine.Pour quelle raison la Nature a établi l’arthrodie. C’est comme si la Nature avait essayé cette forme d’articulation dans une articulation simple, là où elle avait décidé que l’os n’aurait qu’un mouvement imperceptible. En effet, on ne trouverait aucune arthrodie simple et véritable là où existe un mouvement visible ; de même on observera peut-être une articulation double préposée à un mouvement visible, mais alors ce mouvement sera simple et unique. [L’étude de] la première vertèbre cervicale prouvera qu’elle n’est mue par aucun autre mouvement que celui, évident, de rotation sur la deuxième vertèbre ; en fait, la première vertèbre de l’homme est jointe à la deuxième par arthrodie en deux endroitse,e Joignez Y dans la fig. 4 du chap. 15 avec c dans la fig. 5. Ensuite, a, b dans la fig. 4 avec d, e, f dans la fig. 5. En dernier lieu, L dans la fig. 4 avec g dans la fig. 5 sur chaque côté de la dent de cette deuxième vertèbre, la dent elle-même étant en quelque sorte jointe par arthrodie à la première vertèbre. Toutefois, dans ces articulations vertébrales, les dépressions et les têtes sont plus visibles que dans les arthrodies simples, que nous avons énumérées précédemment. Vous observerez aussi une arthrodie de ce type dans les autres vertèbres cervicalesf,f Joignez β dans la fig. 7 du chap. 15 avec δ dans la fig. 9.
g Joignez X et Y dans la fig. 3 du chap. 16 avec a et b dans la fig. 2 ou avec c dans la fig. 3
et dans toutes les vertèbres thoraciquesg, lorsque j’exposerai comment chacune d’elles est reçue à la fois par la vertèbre supérieure et par la vertèbre inférieure. En effet, ces jointures vertébrales, qui ont lieu à la racine de l’épine ou du processus vertébral postérieur, sont assemblées de la manière suivante : la surface de la vertèbre entrant dans la cavité d’une autre vertèbre est très peu saillante, et la cavité qui reçoit la surface d’une autre vertèbre est très peu profonde. Toutefois, outre la flexion et l’extension, on observe également un certain mouvement latéral dans ces vertèbres. Donc, si nous avons dit que ce type d’articulation double unissant les vertèbres entre elles est une arthrodie, nous devons admettre que l’arthrodie n’est pas toujours faite pour un mouvement simple.Ginglyme Le ginglyme[39], qui est la troisième forme d’articulation recensée, est fait de dépressions et de têtes bien visibles, mais qui ne sont jamais uniques. En effet, il y a ginglyme toutes les fois que deux os se joignent par emboîtement réciproque, de telle sorte que les éminences de l’un pénètrent dans les dépressions de l’autre et vice-versa,

[Illustration]

comme si vous entrelaciez les doigts de vos deux mains ou bien comme si vous compariez cette forme d’articulation avec celle des gonds des portes : le fer fixé au mur [pivot] reçoit la partie attachée à la porte [crapaudine] et en même temps s’emboîte en elle. C’est de cette comparaison que cette forme d’articulation tire son nom. Elle se voit dans le genouh :h Comparez G, F et I dans la fig. 7 du chap. 31 avec E, F et i dans la fig. 1 du chap. 30 en effet le tibia est pourvu de deux dépressions, au milieu desquelles s’élève un tubercule [épine tibiale], tandis que l’extrémité inférieure du fémur présente deux petites têtes [condyle médial et condyle latéral] qui s’emboîtent dans les dépressions du tibia ; et entre les têtes on voit une dépression [échancrure intercondylienne] qui reçoit l’épine du tibia. On observe le même mode d’articulationii Dans la fig. 2 du chap. 27, joignez G, H, L à I, K, M entre la deuxième et la troisième phalange des quatre doigts de la main et du pied, à la troisième phalange du pouce et à la seconde phalange de l’hallux. En effet, dans ces articulations, la phalange en position supérieure [proximale] est pourvue de deux têtes, au milieu desquelles se trouve une dépression ; la phalange inférieure [distale] qui touche (pour ainsi dire) l’ongle, est dotée de deux cavités séparées par une tubérosité. Enfin, l’articulation de l’humérus avec l’ulna se réalise avec une très grande précision par ginglyme. Car les dépressions de l’ulna reçoivent les tubercules [trochlée humérale] de l’humérus, et les tubercules de l’ulna [bec de l’olécrane et bec de l’apophyse coronoïde] s’emboîtent merveilleusement dans les dépressions [fossette olécrânienne et fossette coronoïdienne] de l’humérus. Dans les os précédemment cités, un ginglyme se fait dans une articulation [mobile] continue, qui n’a que l’extension et la flexion, sans aucun autre mouvement,Pour quelle raison la Nature a formé le ginglyme. comme si le Créateur des choses avait considéré qu’il fallait utiliser cette forme d’articulation toutes les fois que l’articulation devait avoir seulement un mouvement ou de flexion ou d’extension, ou tout autre mouvement simple. Les anciens Grecs ont également placé dans cette catégorie (pour autant que je puisse le conjecturer) des os assemblés par des articulations distinctes et séparées, préposées à un seul mouvement, surtout quand ces articulations diffèrent dans leur mode de réception des os.De quelle manière sont formées les doubles articulations. Le radiuskk fig. 1 du chap. 24. Ou bien rapprochez m de la fig. 3 de l de la fig. 5, et p de la fig. 5 de o de la fig. 7 [l’index k est double dans la marge] est joint à l’ulna par une double articulation, qui lui permet de faire seulement un mouvement de supination et de pronation ; à son extrémité supérieure [proximale] du côté de l’humérus, l’ulna reçoit dans une petite cavité [petite cavité sigmoïde] la petite tête du radius qui a été façonnée pour elle, et du côté du poignet, une cavité [cavité sigmoïde ou échancrure cubitale] du radius reçoit la petite tête

× De ossibus, ibid. Ia 736, p. 42.
×Voir Fabrica I, chap. 25.
×Le schéma est accompagné d'une légende en manchette : A indique le fer, c’est à dire le pivot fixé au mur ; B indique le fer attaché à la porte ou à la fenêtre.