Livre I
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de l’ulna. On observe la même chose dans l’articulation entre le calcaneum et le talus (pour faire entrer en compte quelques ginglymes montrant un mouvement très peu apparent). Le talus reçoit sur sa face postérieureaa Mettez le P de la fig. 7 du chap. 33 sur Q de la fig. 4; et le S de la fig. 4 sur R de la fig. 7 un tubercule du calcaneum, mais la tête située sur sa face antérieure entre dans la cavité du calcaneum ; ainsi, on peut dire qu’ici aussi les deux os sont parfaitement unis par emboîtement mutuel. De même il semble que les Anciens aient classé sous le « ginglyme » des articulations doubles, même si elles ne se font pas par cet emboîtement mutuel de deux formes différentes, mais d’une manière qui y ressemble, sur les deux côtés, par exemple l’articulation de la tête sur la première vertèbre. En effet, les deux petites têtes [condyles] de l’os occipital sont articulées respectivement avec deux cavités séparées l’une de l’autre dans la première vertèbrebb Joignez B de la fig. 1 du chap. 15 et N de la fig. 2 ; et D, E, F, G de la fig. 1 avec O, P, Q, R de la fig. 2 par énarthrose, et l’articulation sur le côté droit ne diffère en rien de celle sur le côté gauche, ni par l’aspect ni par la forme. D’autres vertèbres sont articulées entre elles de la même manière. La vertèbre inférieure, celle placée en-dessous d’une autre, est doublement jointe à la vertèbre supérieure, c'est-à-dire celle placée au-dessus, par des articulations situées à la racine de l’épine ou du processus postérieur des vertèbresc,c N, O dans la fig. du chap. 14 comme je le dirai plus tard. Je ne parle pas ici de l’articulation des vertèbresdd R dans la fig. du chap. 14 par leurs propres corps, parce que cette articulation, qui n’entre pas dans notre propos ici, se fait différemment. De même, pour ce qui concerne la forme de l’articulation : les vertèbres situées au-dessus de la douzième vertèbre thoracique sont jointes entre elles sur leur face postérieure par arthrodie, tandis que celles placées sous la douzième sont assemblées par une sorte d’énarthrosee.e Joignez O de la fig. 2 du chap. 14 avec K, L, M de la fig. 3 Si nous placions les jointures vertébrales dont je viens de parler dans la catégorie du ginglyme, sous prétexte qu’elles sont doubles (en fait il s’agit d’une jointure simple de chaque côté), nous devrions également dire que d’autres articulations de ce genre ont été dotées d’un mouvement multiple, puisque les vertèbres ont non seulement un mouvement d’extension et de flexion, mais ont aussi un petit mouvement latéral. Mais je ne crois pas que les grands Anatomistes du passé aient dit que les vertèbres étaient articulées par ginglyme (excepté la première vertèbre cervicale et la plupart du temps la douzième vertèbre thoracique) pour la raison que chaque vertèbre est toujours reçue sur sa face supérieure par une autre, et reçoit sur sa face inférieure la vertèbre placée sous elle, ou qu’au contraire, elle reçoit une vertèbre sur sa face supérieure et est reçue par une autre sur la face inférieure.Livre Des os et livre 3 des Commentaires sur les livres d’Hippocrate Des articulations . Cependant, Galien laisse assez souvent entendre qu’il y a là un ginglyme, sans remarquer sans doute que, s’il disait vrai, trois osff Voyez les trois vertèbres dans la fig. 3 du chap. 19 devraient se joindre à l’articulation : le premier serait évidemment la vertèbre reçue sur sa face supérieure ; le deuxième, la vertèbre qui reçoit la face supérieure de la première, et le troisième, la vertèbre reçue sur la face inférieure de la vertèbre du milieu ou de la première. En effet, à supposer qu’une même vertèbre soit en même temps réceptrice et reçue, il serait nécessaire de compter également, outre celle-là, celle qui reçoit et celle qui est reçue. Et avec ce raisonnement, il faudrait étendre le ginglyme à plusieurs os, en particulier à ceux qui pénètrent dans un autre os par leur face inférieure et qui en reçoivent un autre sur leur face supérieure ou qui, inversement, pénètrent dans un autre os par leur face supérieure et qui en reçoivent un autre sur leur face inférieure, sans tenir compte de la forme de l’articulation. On compterait alors dans cette catégorie les premières phalanges des doigtsg,g B dans la fig. 1 du chap. 27 et E dans la fig. 2 dont la face supérieure [extrémité proximale] est unie au métacarpe par énarthrose, et dont la face inférieure [extrémité distale] pénètre dans les cavités de la phalange suivante. Mais je traiterai en détail les articulations des doigts et des vertèbres en temps opportun ; pour le moment je vais poursuivre avec les jointures qui ne procurent pas de mouvement. En premier lieu, je voudrais vous faire remarquer le fait suivant : aucune jointure osseuse parmi celles que je viens de décrire ne peut avoir lieu si les cavités, les têtes, ou les surfaces [d’articulation] ne sont pas recouvertes d’une croûte cartilagineuse lisse et lubrifiante, excepté les jointures des corps vertébraux entre euxhh R dans la fig. du chap. 14 et celles du sacrum avec les os articulés sur chacun de ses côtés, dans lesquelles un ligament cartilagineux spécifique intervient, comme vous l’entendrez plus tard. Les articulations[40] que nous allons décrire maintenant sont dépourvues de tout mouvement, et ne se font pas par contact entre surfaces lisses et lubrifiées.Gomphose. La première d’entre elles est appelée gomphose, cela signifie qu’un os s’enfonce dans un autre à la manière d’un clou. Ainsi, toutes les dentsii Mettez la rangée de dents indiquée par A, A dans la fig. du chap. 11 sur la fig. 4 du chap. 6 sont enfoncées dans les alvéoles de la mâchoire supérieure, comme des clous, de sorte qu’elles ne montrent pas même le plus léger mouvement. Les Anciens ont quelquefois comparé cet assemblage clouté avec une articulation, mais en l’expliquant autrement, lorsqu’ils disaient que les os étaient unis entre eux par un autre os interposé comme une espèce de clou[41].Parties des animaux, chapitre 9, livre 2. C’est ce que laisse entendre Aristote, lorsqu’il écrit que deux os concaves ont un clou entre eux, en pensant aux cavités du tibiakk Voyez où se trouve Ω entre Φ et a sur la 3e figure du squelette complet. Ou bien comparez les figures du chap. 31 avec celles du chap. 33 et du calcaneum qui ont des cavités, dans lesquelles les tubercules du talus entrent comme des clous, comme si deux chevrons étaient assemblés par une seule pointe. Le trente-troisième chapitre traitera de la nature du talus, articulé avec le calcaneum et le tibia par ginglyme, chez les hommes comme chez les animaux. En effet le talus existe bien chez l’homme, bien qu’il diffère par la forme (et non pas par l’emplacement) de celui des solipèdes et des fissipèdes[42]. Chez tous, le talus est placé sous le tibia, et s’articule avec le calcaneum (ou avec l’os qui correspond au calcaneum). L’os de la cuisse, aussi bien chez les oiseaux que chez les chevaux, les porcs et tous les quadrupèdes, a trompé Aristote et Galien, dans son troisième livre De l’utilité des parties, parce que, chez ces animaux, le fémur ne se voit pas aussi facilement que chez les hommes. Mais je réserverai pour le chapitre approprié les inexactitudes qu’Aristote a transmises à la postérité dans son livre Sur le mouvement commun des animaux, parce qu’il ne connaissait pas le fémur ni l’humérus chez les quadrupèdes et chez les oiseaux.Suture. La suture, que les Grecs appellent raphè, est une structure ainsi nommée en raison de sa ressemblance avec une couture qui assemble des pièces de tissu. Parmi ceux qui cherchent à expliquer ce nom, certains définissent la suture comme une structure dentelée, d’autres comme un assemblage écailleux. Les premiers nous remettent en mémoire l’engrènement mutuel de scies, par lequel les parties dentées de l’une entrent dans les creux de l’autre, les autres disent qu'il y a jointure écailleuse

×Il s’agit des formes d’articulations dont la structure est la synarthrose. Galien distinguait trois formes (la suture, la gomphose et l’harmonie), auxquelles Vésale ajoute la symphyse, en raison de l’absence de mouvement. Cf. Galien, De ossibus Ia 737 (éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 42-43).
×L’image est celle d’une cheville en bois. Cf. F. Skoda, Médecine ancienne et métaphore. Le vocabulaire de l’anatomie et de la pathologie en grec ancien, Paris, 1988, p. 85.
×Solipède : qui n’a qu’un seul sabot par patte. Fissipède : dont les pieds sont divisés en plusieurs doigts.