Livre I
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Schémas[43]. Harmonie. lorsque des parties bombées comme des ongles ou des écailles s’insèrent dans des cavités en vis-à vis, parfaitement ajustées pour les recevoir ; c’est un type de jointure que nous voyons souvent dans l’ajustement des coffres ou des chaises à porteurs.

[Illustrations]

Ces dernières descriptions expliquent mieux la forme de la suture que les premières. Mais les plus exactes de toutes sont celles qui comparent une suture à une couture qui assemble deux tissus quand les bords dentelés de la lisière d’un tissu s’adaptent exactement à celle de l’autre tissu, comme nous l’avons dit des écailles. Les os de la tête sont pour la plus grande partie assemblés par des sutures de ce genrea;a fig. 1 du chap. 6 et A, B, C, D dans la fig. 3 du chap. 6 et parmi elles, celle qui montre avec le plus d’exactitude cette forme est celle que nous comparons au lambda majuscule dans l’occiput [suture lambdoïde]b.b B dans le 3e squelette complet En revanche, l’harmonie est une structure osseuse marquée par une simple ligne, une jointure sans emboîtement mutuel de tubérosités, de cavités ou d’aspérités. On considère que certains os de la face, principalement ceux du nez, sont joints entre eux de cette façonc.c De Z à f dans la fig. 1 du chap. 12 Par ailleurs, comme il est rare que l’assemblage par harmonie se fasse uniquement par une simple ligne, et qu’on rencontre toujours quelques aspérités s’emboîtant mutuellement quand on brise des os unis par harmonie, cela semble être la raison pour laquelle les Anciens ont le plus souvent compris les harmonies sous le nom de sutures.Symphyse. La symphyse est une union naturelle entre des os, une forme de jointure qui unit les appendices à leurs os. Chez les petits enfantsd,d 1,2,3,4,5 dans la fig. du chap. 40 du livre II lorsque les os sont encore mous et spongieux, cette jointure a lieu par l’intermédiaire d’un cartilage ; mais chez les adultes, lorsque les os sont devenus durs, les appendices se rapprochent de l’os sans l’intervention d’un autre corps, de telle sorte qu’on peut à peine discerner la ligne d’union. C’est de cette manière que les os placés sur les côtés du sacrum s’attachent mutuellement dans le pubise.e ζ dans la 1ère fig. du squelette complet Pendant l’enfance, l’os qui se trouve de chaque côté du sacrum apparaît formé de trois os, séparés par trois lignes qui se rejoignent dans l’acétabule de l’os coxal ; cela se voit aussi chez les agneaux, qui, comme les petits enfants, ont un cartilage placé dans l’intervalle entre ces lignes. Mais à un âge plus avancé, ces trois parties sont si intimement unies qu’on ne peut même plus distinguer la trace des lignes. Mais je traiterai de ces os dans le chapitre qui leur sera consacré. On peut faire les mêmes observations au sujet des vertèbres, qui sont constituées de plusieurs parties chez les enfants, ou de l’os occipital et de beaucoup d’autres : on les considère sous un seul nom, parce que la trace visible de la jointure disparaît au fur et à mesure que l’on avance en âge. L’auteur du livre L’introduction ou Le médecin[44], commentant Galien, dans son introduction à l’étude des os, appelle symphyse non pas la forme d’union que nous venons de décrire, mais une forme de sutures proche de l’harmonie ; par exemple, il appelle symphyses (mais à tort) les jointures osseuses du maxillaire.Les substances à l’aide desquelles les os sont unis entre eux. Toutes les formes d’articulation des os entre eux se font ou avec un corps [substance] ou sans corps. Par exemple, toutes les articulations [mobiles]ff figure du chap. 1 du livre II sont attachées entre elles par des ligaments qui les enveloppent sur leur pourtour ; mais parfois, on trouve des ligaments entre les os, comme dans l’articulation du fémur avec l’os coxal, et dans l’articulation des corps vertébraux.Articulations osseuses à l’aide de ligaments. Synneurose. Les Grecs appellent synneurose cette jointure osseuse effectuée à l’aide de ligaments ; ce nom, provenant de nervus a été attribué en propre aux ligaments, et aux tendons et aux nerfs qui sortent du cerveau et de la moelle spinale.Parties des animaux , livre 2, chapitre 9. En effet, les Anciens, comme le vulgaire aujourd’hui, comprenaient tout cela sous le nom de « nerf », en particulier Aristote qui utilise presque toujours ce nom, surtout quand il recense les articulations osseuses.Articulations osseuses à l’aide de chair. Synsarcose. Plusieurs articulations osseuses sont formées avec l’aide de chairg,g Passim dans les planches des muscles, par exemple Q, X dans la 7e planche comme, d’une manière générale, toutes les articulations enveloppées de muscles. En effet, puisque les muscles originaires d’un os ou d’un autre corps s’insèrent sur un autre, ils sont considérés à juste titre comme des liens qui attachent les os les uns aux autres. Comme les Anciens et en particulier Aristote appellent les muscles « chair », l’assemblage qui se fait à l’aide de muscles est appelée avec raison synsarcose. Les dents semblent également être bien fixées dans leurs alvéoles par une sorte de chair, de sorte qu’on peut pour ainsi dire conclure qu’il se trouve un assemblage d’os dans lequel la chair non seulement entourerait l’articulation à l’extérieur, à la manière de muscles, mais interviendrait aussi dans l’articulation.Articulations osseuses à l’aide de cartilages. Synchondrose. D’autres assemblages se font encore par l'intermédiaire d’un cartilage, comme les appendiceshh 1, 2, 3, 4, 5 dans la fig. du chap. 40 du livre II qui, dans la prime enfance, sont unis à leurs os par du cartilage, ou les os du pubisi,i ζ dans la 1ère fig. du squelette complet
k G dans les fig. 1 et 2 du chap. 13
ou les osselets de l’os hyoïdek. Cette forme d’articulation est appelée synchondrose.Articulations osseuses sans aucune substance intermédiaire. Les sutures et les harmonies sont des connexions d’os effectuées sans autre corps que la structure de l’os. En effet si les fibres de la dure membrane qui enveloppe le cerveau traversent quelques sutures, ce n’est pas pour autant qu’elles les unissent, pas plus que les cartilages qui lubrifient les os dans une articulation ne sont d’une aide quelconque pour la solidité des os et de leur articulation. En outre, chez les adultes, les appendices ne sont plus attachés aux os par un cartilage qui agirait comme une colle, puisque un tel cartilage a disparu depuis longtemps, et que les os sont si étroitement unis, comme je l’ai dit auparavant, qu’il est difficile d’observer l’emplacement de la jointure.Les points de ce chapitre qui s’écartent le plus des préceptes de Galien. J’avais l’intention de terminer ici ce chapitre et de poursuivre mon exposé par la description de chaque os en particulier, si l’autorité de Galien ne me retenait avec force et ne m’interdisait à juste titre de passer si légèrement sur les points de ce chapitre qui s’écartent de ses préceptes. En voici un exemple, parmi beaucoup d’autres, en plus de ceux que j’ai déjà cités : dans son livre Des os, d'après le passage

×En marge, quatre schémas accompagnés de légendes, successivement : serrata compago (assemblage en dents de scie) / Instar ungium commissura (jointure en forme d’écailles) / asserum nexus (assemblage de coffres) / limborum uaria insuitio (couture présentant des formes variées pour réunir deux tissus).
×Guinter d’Andernach, Claudii Galeni Pergameni Introductio seu Medicus. De sectis ad Medicinæ candidatos opusculum, Guinterio Ioanne Andernaco interprete, Parisiis, apud Simonem Colinæum, 1528.