Livre I
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Chapitre VII. L’os zygoma et les os semblables à des rochers.

Aucune figure n’est dessinée au début de ce chapitre, parce que l’os zygoma [arc zygomatique] a été noté par V et X sur les troisième et cinquième figures du chapitre précédent ; de même, sa suture était indiquée par Z dans la troisième figure et par Y dans la cinquième. Quant aux os semblables à des rochers et que nous appelons « os pétreux », ils sont également montrés sur la cinquième figure du chapitre précédent, sur toute la partie à la base du crâne où l’on rencontre les caractères C, C, M, M, M, m, m, m, m, k etc.

Certaines parties d’os sont nommées comme si elles étaient des os entiers. Parmi tous les os du corps, certains, bien qu’ils n’aient ni contours ni limites propres, sont décrits par les professeurs d’anatomie comme s’ils étaient des os individuels, et sont comptés avec tous les autres dans le nombre total d’os.L’os zygoma. Appartient à cette catégorie l’os qui est nommé « os en forme de joug » par les Latins, zygôma par les Grecs, parce que ces deux os (un de chaque côté) sont comparés par les maîtres en anatomie aux jougs des bœufs et des chevaux. Il est évident que l’os zygoma, ou mieux, l’aire du crâne ainsi nommée, est formé par les processus des deux os unis l’un à l’autre par une suture oblique : sa partie postérieureaa X dans les fig. 3, 5 du chap. 6 est un processus [zygomatique] de l’os temporal, sa partie antérieurebb V dans les fig. 3, 5 du chap. 6 est considérée comme un processus [temporal] de l’os [zygomatique ou malaire] qui, formant tout l’angle externe de la cavité orbitaire, sera compté comme le premier os de la mâchoire supérieure [face]. Donc l’os zygoma n’a pas de limites propres et n’est rien d’autre que l’aire formée par ces deux processus unis l’un à l’autrecc Z dans la fig. 3 du chap. 6 au moyen d’une suture. D’autre part, l’os zygoma est dépourvu de moelle, il est compact, dur, et résistant aux coups comme de la pierre.Fonction de l’os zygoma. Il fallait qu’il fût formé ainsid,d Dans la 4eplanche des muscles, d’abord D, puis Γ, et ensuite Δ parce qu’il devait être placé en guise de protection devant le muscle temporal : en effet cet os, convexe sur la face externe, concave sur la face interne, est placé très astucieusement devant ce muscle.Comment la Nature a protégé les muscles temporaux. Cependant la Nature ne s’est pas contentée de ce rempart, et elle a dissimulé en grande partie le muscle temporal dans les os temporaux de la tête, sculptant dans ces os une fosse admirablement apte à recevoir ce muscle et l’enfermant de toute part par les protubérances et les promontoires des parties voisines[98]. Cette construction de la Nature est tout à fait légitime : en effet, tout ce qui affecte les muscles temporaux produit convulsions, fièvres, engourdissements, folies, parce que ces muscles sont très proches de l’origine de nerfs et qu’un os seulement les sépare du cerveau et de ses membranes. Ajoutez le fait que cinq ramificationsee Q, R, b, c, d dans la fig. précédant le chap. 2 du livre IV de nerfs crâniens (en plus des trois déjà connus par d’autres Anatomistes, j’en ai découvert deux[99]) sont implantées dans chacun de ces muscles ; aussi est-ce à juste titre que le divin Hippocrate a enseigné et écrit que les plaies les plus graves et entraînant l’engourdissement étaient celles aux tempes[100].Le muscle masseter a son origine dans l’os zygoma. Mais nous continuerons suffisamment [à décrire] l’excellence de ces muscles dans le deuxième livre, en même temps que tous les autres muscles ; on y enseignera aussi que l’os zygoma a été formé dans le but principal de faciliter l’insertion d’origine du muscle masseter ou muscle « masticateur »[101].Les os semblables à des rochers. Par ailleurs, les Anciens ont nommé certains osff Ils sont visibles à la base de la fig. 5 du chap. 6 lithoeïdes, parce qu’ils ressemblent à une paroi rocheuse et escarpée, non seulement en dureté, mais aussi dans leur aspect. Des os de ce genre forment la base la tête, là où la moelle spinale s’écoule du cerveau et où les processus mastoïde et styloïde des os temporaux ont leur base. Les os de cette région sont en effet les plus durs et les plus compacts de tous les os du corps, et le fait est que leur forme tout à fait semblable à celle d’une paroi rocheuse et escarpée facilite l’insertion d’origine des muscles. À mon avis, cette partie mérite donc bien d’être appelée ainsi, et je pense qu’aucun os bien circonscrit dans ses limites propres n’a été appelé « pétreux » ou « pierreux » par les Anciens. Pourtant, je n’ignore pas que plusieurs auteurs ont indiqué par ce nom les os temporaux, non pas toute leur surface, mais la partie qui produit les processus susdits [portion pétreuse de l’os temporal, ou rocher]. Pour moi, on pourra donc bien appeler « pétreux » les os temporaux, pourvu qu’il n’échappe à personne que c’est la région que nous avons appelée « base du crâne » qui est le plus souvent appelée « os pétreux » par les Anatomistes, ni qu’ils mentionnent certains os comme si c’étaient des os individuels, bien délimités, alors qu’ils doivent être comptés uniquement comme des surfaces formées de deux os unis l’un à l’autre (comme nous l’avons dit), et parfois comme une seule partie d’un seul os : vous apprendrezgg [Voyez ] les trois figures du chap. 29 que cela se produit par exemple dans les os articulés de chaque côté du sacrum et auxquels on donne trois noms [ilium, ischium, pubis] en raison de leurs trois aires[102].

Chapitre VIII. Les osselets entrant dans la construction de l’organe de l’audition

[Illustration]

L’index de la figure est reporté sur la page suivante.

×Cf. Galien, De usu partium XI, chap. 2 et 3.
×Cette découverte est due à une dissection soignée de Vésale (cf. Fabrica IV, chap. 2, p. 325 [425]).
×Cf. Hippocrate, De capitis vulneribus, lib. LXXII, in Volumina per Fabium Calvum latinitate donata, Rome, Calvus, 1525, p. 664.
×Cf. Fabrica II, chap. 15, p. 246.
×Cf. Fabrica I, chap. 29.