Livre I
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une autre suture descend obliquement entre la canine et l’incisive voisine de la canine ; elle rejoint au fond du palais la suture qui se dirige transversalement à proximité des incisives chez ces animaux. Cette suture, sans qu’aucun cartilage n’intervienne, est si grande que l’os que j’ai compté pour le quatrième, est divisé en deux parties chez les chiens. Il ne faut cependant pas croire que cette suture, qui passe entre les alvéoles chez les chiens et les singes descende de manière ininterrompue depuis l’espace au milieu des sourcils (même si Galien l’enseigne ainsi), mais comme nous l’avons déjà fait remarquer, elle commence à peu près au milieu de la suture qui termine le bord latéral de l’os du nez. Quand vous observez cette suture dans un chien ou dans un singe, examinez soigneusement combien il est impossible que cette suture s’étende entre les dents de l’homme qui est pourvu d’une mâchoire supérieure très courte et est doté de très petites canines. Enfin voyez ce que Galien voulait dire dans les livres De l’utilité des parties, quand il écrivait en passant que la mâchoire supérieure comprend douze os, ce qu’écrit aussi l’auteur de l’Initiation ou du Médecin[137] qui compte douze os pour la mâchoire supérieure, en fonction certainement de l’opinion des Anciens,Livre 11 alors qu’il n’en compte que neuf dans la description détaillée de ces os, sans attribuer un os propre aux incisives et sans inclure le sphénoïde dans ce nombre[138].

Chapitre X. La mandibule.

[Illustrations]

Index des caractères des deux figures du dixième chapitre

La première figure de ce chapitre, c'est à dire celle située à droite[139], représente la mandibule avec les dents sur la face antérieure. La seconde figure montre la mandibule avec l'arcade dentaire inférieure sur la face postérieure. La planche placée au début du troisième chapitre de ce livre montre la mandibule dessinée en vue latérale, sous la lettre C[140].

A 1, 2 Une des deux têtes [condyle] de la mandibule, au moyen de laquelle elle s’articule avec le maxillaire.
B 1, 2Le col de la tête indiquée par A.
C 1, 2Processus anguleux [processus coronoïde] latéral sur lequel s’insère le muscle temporal.
D 2Un D est dissimulé dans l’ombre, il indique sur la figure de gauche [droite] une vaste dépression sur laquelle s’insère le muscle [muscle ptérygoïdien médial] dissimulé[141] dans la bouche, qui sert à élever la mandibule, avec le muscle temporal et le muscle masséter.
E 1, 2Aspérité [crête d'insertion du masséter] visible sur la partie inférieure de la face externe de la mandibule, sur laquelle s’insère le muscle masséter.
F 2Dans la partie ombrée de la figure gauche [droite], un F indique le foramen [foramen mandibulaire] où entre un rameau de la troisième paire de nerfs crâniens.
G 1Le foramen [foramen mentonnier] par lequel un petit rameau du nerf mentionné ci-dessus pénètre dans la lèvre inférieure.
H 2Sur ces protubérances [épines mentonnières] s'insèrent les muscles abaisseurs de la mandibule, ainsi que certains muscles de la langue.

De tous les animaux, l’homme a la mandibule** La 6eplanche des muscles propose une mandibule coupée en son milieu la plus courte par rapport à l'ensemble du corps, alors que parmi les quadrupèdes, l’âne et le cheval ont la mandibule la plus longue[142].L’homme a la plus courte mandibule. En effet, la face de l’homme a une forme arrondie, et non pas allongée comme celle de tous les autres animaux, qui, puisqu’ils n’ont pas de mains, penchent la tête pour prendre leur nourriture. La mandibule de l’homme, comme celle des autres animaux, doit être dure, parce que c’est la seule mâchoire mobile et qu’elle subit des mouvements variés et puissants dans l’action de mordre et de mâcher. En outre, pour que sa substance dure et compacte ne soit pas d'un poids excessif qui gênerait les muscles qui la mettent en mouvement, la mandibule a des dépressions et des cavités de dimensions considérables, remplies de moelle, mais elle est absolument dépourvue d’appendices. Ces dépressions ne sont pas aussi creusées sur la face arrière de la mandibule chez l’homme que chez les quadrupèdes, mais elles le sont davantage sur la face antérieure, dans la région du menton et sur les côtés. Chez la plupart des animaux, la mandibule est constituée de deux os joints par union [symphyse] à la pointe du menton, là où

×Cf. Guinter d’Andernach, Claudii Galeni Pergameni Introductio seu Medicus […], op. cit., Paris, 1528, p. 20.
×Exemple de la méthode polémique de Vésale : mettre Galien en opposition avec lui-même dans le même traité.
×L'ordre des deux figures est inversé par rapport à la description.
×Voir Fabrica I, chap. 3, p. 5.
×Vésale utilise à quelques lignes de distance le verbe cicéronien delitesco (de lateo : être caché) et dilitesco, attesté comme doublet du précédent. Il n'y a donc pas lieu de corriger. Cf. G. Loewe, Corpus glossariorum Latinorum, vol. VI, 1, B. G.Teubner, Leipzig, 1899, p. 345.
×Paraphrase de Galien, De usu partium III, 2.