Livre I
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surtout les incisives, nous avions l’habitude de les extraire avec nos ongles ou en passant un fil tout autour. De même chez les mulets et chez de nombreux chiens, nous observons que les appendices des dents tombent pendant toute une période, mais que les racines demeurent intactes. Enfin, il faut accorder une très grande attention au fait que nous ne devons jamais extraire la partie restante d’une dent d’enfant, lorsqu’elle est accidentellement brisée, mais seulement son appendice, qui sera rapidement remplacé par une nouvelle dent (à condition que la racine subsiste). Il est très utile aussi de rappeler cela à propos d’enfants dont les molaires sont déjà usées et cariées dès leur petite enfance. Il est préférable d’enlever les appendices des molaires (parce qu’ils ne tombent pas spontanément comme ceux des incisives), de sorte que de nouveaux appendices poussent à la place des précédents, et que les dents demeurent entières. En effet, puisque l’union des appendices devient plus forte à mesure qu’on avance en âge, l’appendice ne tombera plus ; et le fait est qu’à la puberté on doit arracher les dents cariées en même temps que les racines.

Chapitre XII. Les foramina des os de la tête [crâne] et de la mâchoire supérieure [face]. 

Pourquoi placer ici la description des foramina[170]? Puisque dans la description des veines, des nerfs et des artères, l’ignorance des foramina de la tête aurait engendré beaucoup d’obscurité, et parce que les plus éminents des Anatomistes ont commis beaucoup d’erreurs en les décrivant (car ils sont très difficiles à comprendre), j’ai considéré qu’il valait la peine de consacrer ce chapitre à tous les foramina de la tête, et d’énumérer un par un ceux que j’ai identifiés par une dissection soigneuse et scrupuleuse, de sorte que dans mon exposé futur sur les vaisseaux, les nerfs et certaines membranes du cerveau, le lecteur attentif et désireux d’apprendre pourra se reporter à ce chapitre, et aura continuellement sous les yeux le foramen mentionné. Mais pour abréger, je vais placer ici quatre figures utiles pour cette étude, et je décrirai chaque foramen individuellement avec le caractère typographique qui lui aura été apposé, de telle sorte que l’explication des caractères de l’index et le texte du chapitre se complètent opportunément. En conséquence, si par hasard ou à dessein, un sinus ou un processus a été oublié dans les chapitres précédents, je le décrirai maintenant dans celui-ci[171].

Première figure du chapitre XII

[Illustration]

Cette figure représente la face antérieure du crâne, et fait voir tous les foramina de la cavité orbitaire et de la mâchoire supérieure [face], visibles sur cette face.
La tête de chien placée sous le crâne humain a servi précédemment, comme l’ensemble de cette figure d’ailleurs, à la description des os de la face et de leurs sutures.

×Il s’agit des foramina du crâne, de la base du crâne, face exocrânienne et face endocrânienne, et du massif facial.
×Ce chapitre récapitulatif très difficile par la minutie de descriptions souvent erronées (ceci étant dû aux moyens d’investigation dont disposait Vésale) termine la série d’observations faites sur l’anatomie de la tête et de la mandibule. Ambroise Paré s’en inspirera brièvement dans le livre III de son Anatomie universelle, « Des troux dans la base interne du crâne » et « Des troux dans la base externe du crâne », Paris, Jehan Le Royer, 1561, n. p. Voir l’introduction au livre I.