Livre I
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La tête n’aurait pas pu avoir de mouvement de flexion, d’extension et d’inclinaison latérale sur la deuxième vertèbre. a un mouvement de rotation sur la deuxième vertèbre, ceci d’une manière ingénieuse. En effet, si la vertèbre pouvait avoir un mouvement de flexion, la dent perforerait la moelle spinale. Car lorsque la première vertèbre fléchirait, alors que la dent resterait immobile, la partie postérieure de la vertèbre s’élèverait, et la moelle spinale contenue dans le foramen de la première vertèbre serait alors comprimée et resserrée, et pourrait se rompre. Ensuite la première vertèbre ne pourrait en aucune manière avoir un mouvement d’extension sur la seconde, à moins d’être profondément creusée sur sa partie antérieurerr K, L dans les figures 3, 4. où se loge la dent : elle pourrait alors librement se porter en arrière, n’étant plus gênée par la dent. En plus, la tête n’aurait pas pu s’incliner latéralement sur la deuxième vertèbre, pour la même raison que celle par laquelle nous avons prouvé que le mouvement latéral sur la première vertèbre était impossible. Il aurait été alors nécessaire que la première vertèbre se séparât constamment de la deuxième sur un des côtés, ce qui ne risque pas de se produire dans le mouvement de rotation.Sur quelles vertèbres le mouvement latéral est réparti. En fait, la Nature, avec un art consommé, a réparti le mouvement latéral sur toutes les vertèbres cervicales, qui ne peuvent se mouvoir latéralement séparément ni individuellement, mais qui contribuent toutes ensemble au mouvement en s’inclinant à l’unisson si bien que la tête est facilement portée latéralement par un mouvement secondaire et sans aucun danger. Mais revenons maintenant à la deuxième vertèbre cervicale et ensuite aux cinq autres, en nous contentant de décrire seulement leur véritable construction, de crainte que ce chapitre ne s’accroisse jusqu’à l’infini par quelque nouvelle dispute ; et pour ma part je semblerais fouiller avec un esprit trop tâtillon le sens [des mots] de Galien (alors que comme tous ceux qui étudient la médecine, je dois beaucoup à son zèle) et rappeler avec trop d’ardeur tous ses oublis en anatomie.Foramen transportant à l’arrière la deuxième paire de nerfs spinaux. Donc la deuxième vertèbre cervicale est légèrement concave sur la face postérieure des tubercules [processus articulaires supérieurs] avec lesquels elle s’unit à la première vertèbre, de telle sorte qu’avec la première vertèbre elle forme ainsi sur chaque côté un foramen communt,t r dans la figure 11.
u I dans la figure 3 du chapitre 11 du livre IV.
d’où la deuxième paire de nerfs spinauxu s’échappe à l’arrière. Mais c’est dans la première vertèbre qu’est formée la plus grande portion de ce foramen, la région à l’arrière des cavités avec lesquelles elle s’articule avec la deuxième vertèbre étant particulièrement concave. Ce qui reste à décrire dans la deuxième vertèbre est en grande partie commun avec les cinq autres vertèbres sous-jacentes[293].Épines des six vertèbres cervicales inférieures. La deuxième vertèbrey,y f dans les figures 5, 6, 7.
z t dans la figure 9 et chiffre 11 dans la figure 8.
comme les suivantesz, est pourvue d’un processus postérieur [processus épineux], mais c’est seulement dans les vertèbres cervicales qu’il revient à ce dernier de se diviser en deux à son sommeta,a ξ et ϖ dans la figure 8. surtout dans la deuxième vertèbre et dans les trois suivantes. En effet la sixième vertèbre montre cette division d’une manière peu distincte, et la septième encore beaucoup moins ; cette dernière a en commun avec la sixième vertèbre le fait que son processus est le plus souvent doté d’un appendice, qui est saillant et qui, d’une certaine façon, se termine en pointe à l’image des processus des vertèbres thoraciques supérieuresb,b N, O, P dans la figure 1 du chapitre 16. sauf qu’il est plus obtus et plus large que ces derniers[294]. Les processus des autres vertèbres cervicales sont dépourvus d’appendices, mais on peut voir qu’ils sont larges, rugueux et (pour ainsi dire) ramifiés [bifides ou bituberculés], concaves sur leur face inférieure, convexes sur leur face supérieure, et de chaque côté légèrement déprimés* ;* Vous pourrez voir ces dépressions si vous comparez le processus épineux de la figure 7 avec celui des autres figures; ou bien observez N, O, P dans les figures 1, 2 du chapitre 16. cela est dû à une ligne en relief, qui s’étend le long du processus, tout comme dans la partie inférieure du processus (qui est concave), on voit un canal linéaire sur toute la longueur du processus. La ligne est en relief sur la partie convexe, de sorte qu’un ligament peut s’avancer de cette ligne jusqu’au milieu de la partie concave ; ce ligament [ligament interépineux] s’étendant le long du processus, ou épine, unit une épine à l’autre et sépare les muscles du côté droit de ceux du côté gauche, comme nous le décrirons dans le deuxième livre. Mais ces lignes des processus postérieurs seront plus visibles dans les vertèbres thoraciques et dans les vertèbres lombales, parce que les processus de ces vertèbres sont plus grands et qu’ils sont reliés entre eux par un ligament plus robuste et plus dur (puisqu’ils doivent moins bouger). Par ailleurs la meilleure explication de la division en deux petits processus [processus bifides ou tuberculés] est fournie par les muscles situés à l’arrière du cou : c’est pour faciliter leur origine et leur fournir une insertion plus solide que les processus épineux de ces vertèbres se divisent en deux petits processus[295]. Et la Nature a réalisé cette construction spécialement dans ces vertèbres du cou, parce qu’elles sont petites et qu’elles n’auraient pu produire en toute sécurité de longs processus épineux comme ceux provenant des vertèbres thoraciques et lombales. Ensuite, les muscles situés à l’arrière de la région cervicale sont plus nombreux que dans les autres parties du rachis, comme vous l’entendrez assurément quand j’expliquerai les muscles moteurs de la scapula, du thorax, de la tête et du rachis. En outre, à cause de ces muscles, le processus épineux de la deuxième vertèbre est plus saillant que les quelques processus suivants, et il est plus large que les autres parce qu’il fournit une surface d’origine en particulier à la troisièmecc A, B dans la 14eplanche des muscles.
d K, L dans la même planche.
et à la sixièmed paires de muscles moteurs de la tête [muscles obliques inférieurs]. Mais afin qu’un processus épineux assez grand et large n’émaneLa deuxième vertèbre est plus grande que celles placées par dessous. pas sans raison d’une vertèbre trop fine, la Nature a fait la deuxième vertèbre plus grande que celles sous-jacentes, moins en fait pour produire ce processus épineux que pour donner une surface suffisante pour l’articulation que la deuxième vertèbre réalise avec la première. C’est ce que nous avons affirmé auparavant : la nature a plus d’une fois fabriqué une vertèbre supérieure plus grande que l’inférieure ; la deuxième vertèbre est en effet plus grande et beaucoup plus solide que la troisième, et nous avons enseigné précédemment que la première vertèbre est la plus large de toutes les vertèbres cervicales à cause de ses processus transverses.La nature des processus transverses des vertèbres cervicales. Les processus transverses des autres vertèbres cervicales ne sont pas très longs, la deuxième vertèbreee u dans les figures 5, 6, 7. en particulier a de chaque côté un processus court et simple[296]. Il semble que les processus de la deuxième vertèbre soient plus courts et moins saillants que ceux des autres vertèbres,

×Désignées dans la nomenclature anatomique actuelle par C3, C4, C5, C6 et C7, ces vertèbres forment le rachis cervical inférieur.
×En dépit du nom qui lui a été donné (vertèbre proéminente), cette septième vertèbre thoracique est peu proéminente sur la figure p. 57.
×La syntaxe de la phrase obéit aux étapes de l’examen visuel : Vésale montre les processus épineux bifides, puis des muscles du cou et établit le lien causal in fine.
×C’est à-dire un processus qui n’est pas bifide.