Livre I
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à cause de l’ampleur et de l’épaisseur du tubercule qui, sur chaque côté, entre dans la cavité de la première vertèbre. Et la cause de l’ampleur de ce tubercule est le foramen [foramen transversaire]ff x dans les figures 5, 7, 11. qui perfore le processus transverse de la deuxième vertèbre, et qui semble incisé non pas verticalement, mais obliquement, contrairement à la première vertèbre et aux cinq autres sous-jacentes sous la deuxième vertèbreg,g α dans la figure 8. dont le processus transverse est percé par un foramen spacieux et vertical.Foramina des processus transverses. Assurément, je n’ai pas encore rencontré une seule vertèbre cervicale humaine qui n’ait pas de processus transverse perforé. Mais j’ai souvent trouvé sur la septième vertèbre des chiens et des singes un processus transverse sans foramen[297]. Seules les vertèbres cervicales ont un foramen de ce genre ; elles sont perforées de manière à guider vers le haut la veine et l’artèrehh s dans la dernière figure du livre III. qui portent le sang et le souffle à la moelle spinale et enfin au cerveau même. En outre, les quatre vertèbres qui succèdent immédiatement à la deuxième ont ceci de particulier que leurs processus transversesii y, z dans la figure 8, 10 et les chiffres 7, 8, 9, 10 dans la figure 9[298]. sont amples et bifides, mais ils ne sont cependant pas aussi rugueux et irréguliers que leurs processus épineux. Les processus transverses se ressemblent en effet par la forme : ils sont plus larges et plus élevés dans leur partie interne [antérieure] que dans la partie postérieure. La forme des parties des processus épineux est différente dans quasiment toutes les vertèbres, et varie diversement en longueur et en rugosité. L’ampleur et la division en deux des processus transverses s’expliquent comme celles des processus épineux bifides, qui a été relatée précédemment, c’est-à-dire qu’elle permet l’insertion et l’origine de muscles. Pour ne pas parler des autres muscles de cette région, nous écrirons dans le deuxième livre que deux muscleskk L’un est désigné par C dans la 8eplanche des muscles, l’autre par N dans la 14eplanche. en particulier sont attachés aux processus transverses latéraux des vertèbres, par le moyen desquels le cou et, dans un mouvement secondaire, la tête, sont portés latéralement. Ces muscles sont placés latéralement de telle manière que l’un soit assigné à la partie antérieure des processus transversaux, l’autre à la partie postérieure. La septième vertèbre a des processus certes amples, mais à peine bifides. Comme ils sont grands et longs, il n’est pas nécessaire en fait qu’ils soient aussi bifides, principalement parce que les muscles donnant le mouvement latéral au cou ne sont pas attachés aussi solidement à la septième vertèbre qu’aux autres ; cette vertèbre est placée comme une sorte de base aux autres dans le mouvement susdit du cou et a un mouvement latéral indistinct tout comme les vertèbres thoraciques[299].

La nature des processus [articulaires] supérieurs et inférieurs[300].Mesure du trajet oblique de a à b.

Les processus [articulaires] supérieursll δ dans les figures 9 et 11 ; chiffres 3, 4 dans la figure 8.
m γ dans les figures 6, 7, 9, 11 [β dans les fig. 6, 7]
et inférieursm au moyen desquels les vertèbres s’articulent entre elles sont semblables dans toutes les vertèbres cervicales placées sous la deuxième ; et cette dernière [axis] a également des processus inférieurs qui ne diffèrent pas de ceux des autres vertèbres. Ils regardent en bas et sont articulés avec la vertèbre inférieure, ils présentent une facette légèrement concave et ronde, s’allongeant obliquement vers le haut et de l’avant à l’arrière. Les processus supérieurs, qui s’articulent avec la vertèbre supérieure, ont une facette convexe arrondie, si peu et si superficiellement saillante, qu’on ne sait pas s’il faut la compter parmi les facettes concaves ou parmi les convexes. La facette convexe du processus articulaire correspond à une facette concave : comme elle, elle est encroûtée de cartilage, et regarde obliquement en haut et en arrière. Cela mérite d’être examiné soigneusement. En effet, dans les vertèbres cervicales qui sont les plus proches du thorax, cette direction oblique se raccourcit et devient plus verticale en suivant la longueur du corps, parce que ces vertèbres n’ont pas un mouvement aussi lâche que les sus-jacentes et ne doivent donc pas être articulées aussi lâchement. Donc les processus articulaires supérieurs entrent au moyen de leurs facettes convexes dans les facettes concaves des processus articulaires inférieurs et ainsi la deuxième vertèbre cervicale est unie à la troisième par une double articulation, de même que la troisième à la quatrième et ainsi de suite jusqu’aux vertèbres thoraciques. En effet, la septième cervicale reçoit les processus supérieurs de la première thoracique.L’assemblage mutuel des corps des vertèbres cervicales. Mais la Nature ne s’est pas contentée de donner des articulations assez lâches aux vertèbres cervicales ; pour que le cou, dont nous avons un si grand besoin, puisse bouger plus commodément et plus facilement que les autres parties du rachis, elle a doté les vertèbres cervicales d’un assemblage supplémentaire qui leur est spécifique*.* Comparez ici les vertèbres cervicales avec les vertèbres thoraciques et lombales dans la figure du chapitre 14. En effet, les corps des vertèbres thoraciques et lombales sont joints l’un à l’autre par des surfaces planes et à peine proéminentes, comme deux larges planches lisses mises l’une sur l’autre, mais la Nature a voulu que la surface inférieure du corps de chaque vertèbre cervicalen,n ζ dans la figure 9 et ρ dans la figure 8. qui est allongée et qui ressemble à une tête articulaire faite pour le mouvement évident, soit saillante, tandis que la surface supérieure du corps vertébraloo η, θ, κ dans la figure 9 et chiffres 1, 2 dans la figure 9 [8]. devait être largement concave, de telle sorte que le corps allongé de la vertèbre supérieure puisse entrer dans la cavité de la vertèbre inférieure, et que toute la chaine vertébrale puisse participer plus facilement au mouvement. Cette figure de jointure est surtout visible dans l’articulation de la deuxième vertèbre avec la troisième, et aussi dans l’assemblage de quelques vertèbres sous-jacentes. Mais la septième cervicale repose sur la première thoracique par une surface pour ainsi dire absolument plane, et même la surface supérieure de son corps est moins concave que celle des vertèbres supérieures ; et cela vient principalement du fait que les vertèbres supérieures ont besoin d’un mouvement plus lâche que les inférieures. Par ailleurs avec quelle sécurité les vertèbres sont jointes l’une à l’autre à l’aide de ligaments, et combien soigneusement la Nature a prévu ces connexions osseuses lâches, cela vous sera suffisamment montré par l’explication des muscles et des ligaments vertébraux dans le deuxième livre. Admirons cependant maintenant pleinement l’ouvrage de Dieu, qui, avec un talent incroyable, a veillé en même temps à la sécurité et à la complexité du mouvement ; et bien que nous voyions plus fréquemment des lésions et des luxations du cou que des autres parties du rachis, il n’en faut pas moins faire observer

×Galien avait écrit que les processus transverses de la septième vertèbre cervicale n’étaient pas perforés (De Ossibus ad tyrones, éd. Balamius, Paris, 1535, chap. 8, p. 27 ; éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 64). Sur ce point précis, Jacques Dubois apportera un témoignage personnel qui contredit Galien et confirme l’opinion de Vésale, Iacobi Sylvii Medicae Rei apud Parrhisios interpretis regii Commentarius in Claudij Galeni de Ossibus ad Tyrones libellum, erroribus quamplurimis tam Graecis quam Latinis ab eodem purgatum, Parisiis, apud Petrum Rouart, 1556, p. 37.
×Nombreuses confusions dans cette légende : il s’agit en fait des index x, z dans la figure 9 et des chiffres 7, 8, 9, 10 dans la figure 8.
×Le rôle de transition de la C7 est bien observée, entre les vertèbres du rachis cervical et celles du rachis thoracique.
×La distinction que Vésale établit entre surfaces (ou facettes) concaves (sinus) et surfaces (ou facettes) convexes (tubercula) des processus articulaires inférieurs et supérieurs des vertèbres situées sous les deux premières vertèbres crâniales est subtile car ces surfaces sont quasiment planes. Les termes français de cavité et de tubercule ne sont plus adaptés à cette situation.