Livre I
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est reçue, mais dans l’autre, que c’est la dixième, comme il le constatait chez les singes et les chiens ; mais pour ma part, je n’ai jamais vu chez l’homme de dixième vertèbre thoracique reçue sur les deux faces, mais très souvent la douzième[310]. En effet, quand il m’est arrivé de trouver un sacrum composé seulement de cinq os, la onzième vertèbre s’est présentée reçue sur les deux faces. Ainsi, à Bologne, nous avons assemblé le squelette d’un prêtre français[311], dont la première vertèbre lombale était reçue sur les deux faces, et ses processus étaient articulés avec elle comme la douzième vertèbre thoracique l’est avec les douzièmes côtes. Donc, puisque c’est la douzième vertèbre thoracique qui apparaît le plus souvent reçue sur les deux faces, nous allons fonder notre explication sur elle. Les processus supérieurs de la onzième vertèbre thoraciqueqq T, V dans la figure 1. sont saillants, encroûtés, sur leur face externe c’est-à-dire postérieurer,r X, Y dans les figures 2, 3. d’un cartilage orbiculaire [cartilage articulaire] notable ; mais le tubercule [c’est-à-dire la partie convexe] de ces processus est si faible et si peu en relief sur cette surface plane qu’il est difficile de décider s’il faut le compter comme un sinus [surface concave] ou comme un tubercule [surface convexe][312]. Sur la face interne, c’est-à-dire antérieures,s c dans la figure1. des processus [articulaires] inférieurs, à l’endroit où ils regardent le foramen creusé pour la moelle spinale, on observe également une ample surface concave, plus ou moins orbiculaire, encroûtée de cartilage, et correspondant parfaitement à la surface convexe mentionnée ci-dessus. Ces surfaces concaves et convexes ne diffèrent des surfaces concaves et convexes des processus des vertèbres cervicales que par leur direction. En effet, les surfaces concaves et convexes des vertèbres cervicales sont orientées à partir de la face antérieure obliquement en haut ou obliquement en bas. Il importe peu de dire qu’ils sont orientés en haut ou en bas, pourvu que vous compreniez qu’ils ont une direction oblique et que voyiez, en comparant leur direction avec la direction verticale des surfaces convexes et concaves des processus des vertèbres thoraciques[313], combien l’agencement des vertèbres thoraciques est plus résistant et moins mobile. Donc puisque les processus supérieurs des vertèbres thoraciques et cervicales sont saillants sur leur face postérieure et que les processus inférieurs ont leur face interne concave, les processus supérieurs de la vertèbre inférieure entrent régulièrement dans les processus inférieurs de la vertèbre supérieure, et celle-ci reçoit celle-là.De quelle manière les vertèbres lombales sont articulées entre elles. Mais les vertèbres lombales sont articulées différemment. En effet, leurs processus supérieurstt K, L, M dans la figure 2 du chapitre 17. présentent une surface oblongue, assez concave sur leur face interne, là où ils sont en regard l’un de l’autre. Les processus inférieursuu O dans les figures 2, 3 du chapitre 17. présentent sur leur face externe (mais un peu en avant) une surface convexe en forme de petite tête oblongue, qui s’ajuste parfaitement dans la surface concave du processus supérieur de la vertèbre inférieure. Donc, dans les vertèbres lombales, la vertèbre inférieure reçoit ces petites têtes dans cette surface concave supérieure, à l’opposé des vertèbres du cou et du thorax, où la vertèbre supérieure reçoit sur sa face concave [inférieure] la surface convexe de la vertèbre sousjacente. La douzième vertèbre thoracique a des processus supérieursxx e, f dans la figure 4. semblables aux processus supérieurs des vertèbres du cou et du thorax, qui sont convexes sur leur face postérieure, comme nous l’avons dit. Ainsi, la douzième vertèbre entre par le moyen de ses processus supérieurs dans les processus inférieurs de la onzième vertèbre et elle est reçue par la onzième. Mais les processus inférieursyy g, h dans la figure 4. de la douzième vertèbre sont convexes, tout comme les processus inférieurs des vertèbres lombales, et ils entrent dans les surfaces concaves des processus supérieurs de la première vertèbre lombale, qui reçoit donc la douzième vertèbre ; cette dernière est donc reçue en haut et en bas ; que peut-il y avoir de plus facile à comprendre ? Mais en fait, peu importe que ce soit la douzième vertèbre, la onzième ou une autre qui soit reçue en haut et en bas,Pourquoi il était nécessaire qu’une vertèbre au milieu du rachis fût reçue sur ses deux faces. pourvu que nous puissions montrer ici l’indicible habileté de la Nature, qui a formé au milieu du rachis une vertèbre stable, parce qu’elle est reçue sur ses deux faces ; tout comme nous voyons les architectes placer une seule pierre entre deux pierres latérales dans les constructions en forme de voûte ou d’arc* :* La figure sur le frontispice de l’ouvrage montre plusieurs variétés d’arcs. cette pierre est reçue sur deux côtés mais elle-même n’en reçoit aucune, alors que toutes les autres reçoivent une pierre et sont reçues et maintenues par une autre[314]. En effet, pour que le dos puisse se mouvoir comme nous l’avons dit, il faut que cette vertèbre reçue en haut et en bas reste immobile et stable, alors que toutes les autres peuvent légèrement s’écarter d’elle et les unes des autres. Puisque cette vertèbre reste immobile, lorsque nous fléchissons le dos nous abaissons les vertèbres supérieures et nous élevons en quelque sorte les vertèbres inférieures en les incurvant[315]. Mais en extension, nous donnons aux vertèbres un mouvement contraire, puisque les mouvements de dos sont arrondis et non pas angulaires. Combien tout cela est peu conforme aux sentences de Galien dans le treizième livre de L’Utilité des parties, vous pourrez facilement vous en rendre compte en comparant les passages entre eux[316]. Par ailleurs, nous expliquerons dans le deuxième livre les mouvements du dos en même temps que les muscles dorsaux qui jusqu’à maintenant n’ont pas été correctement étudiés. Pour revenir maintenant aux vertèbres thoraciques, il faut observer de chaque côté, entre les processus articulaires supérieurs et inférieurs, des surfaces très rugueuseszz de chaque côté du G dans les figures 2, 3, 4. ainsi que de petits processus irrégulièrement proéminents, en vue de l’insertion d’origine de robustes ligaments reliant entre elles les vertèbres thoraciques avec d’autant plus de force et de solidité que les vertèbres thoraciques ont généralement besoin d’un mouvement plus indistinct que celui des cervicales.Le nombre de processus des vertèbres thoraciques. Les choses étant ainsi[317], toutes les vertèbres thoraciques sont donc pourvues de sept processus : deux processus transversesa,a H, I dans les figures 1, 2, 3, 4.
b T, V dans la figure 1 ; X, Y dans les figures 2, 3.
c a, b dans les figures 2, 3.
d N, O, P dans les figures 1, 2.
deux processus [articulaires] supérieursb et autant d’inférieursc, un processus à l’arrière ou processus épineuxd. Si la onzième vertèbre, ou une autre susjacente, est reçue en haut et en bas, alors la douzième vertèbre, ou toutes celles sousjacentes à celle reçue sur deux faces, auraient deux processus supplémentaires, puisque chacun des processus supérieurs devrait être compté pour deux, à cause du sinus qui y est incisé. En effet, quelques Anciens considéraient que ce sinusee dans la figure 2 du chapitre 17, K indique le sinus et M, L les parties saillantes. était si grand qu’ils étaient d’avis de compter chaque processus articulaire supérieur des vertèbres lombales comme double.

×En effet, les processus articulaires supérieurs et inférieurs de cette vertèbre sont convexes.
×Cf. Fabrica I, chap 17.
×Cf. note 258.
×Voir schéma marginal : « De a à b est mesurée la direction des processus des vertèbres cervicales ; de c à d, celle des processus des vertèbres thoraciques ».
×Cf. note 307.
×Le rachis lombaire composé de cinq vertèbres lombaires (de L1 à L5) forme une courbure antérieure appelée lordose. La représentation de la courbure du rachis sur la figure p. 57 et dans le squelette intégral en vue dorsale à la fin du livre I est morphologiquement incorrecte.
×Exemple représentatif de méthode critique appliquée aux textes.
×Formule récurrente pour résumer la matière d’un chapitre et établir le compte des éléments décrits.