Livre I
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n’ont pas de foramen, ni pour le passage de la moelle spinale ni pour la sortie d’un nerf. En effet, la moelle spinale se termine dans la sixième vertèbre sacrée, et son extrémitéhh Chiffre 56 dans les figures 2, 3 du chapitre 11 du livre IV. ne descend jamais dans le coccyx[340]. Ces osselets sont spongieux et de couleur rougeâtre comme l’os de la poitrine [sternum] ; chez les enfants ils sont très cartilagineux ; l’ensemble part d’une base large et se termine en pointe, recourbé en dedans comme un bec de coucou. La pointe [sommet] du dernier osselet, quiii a dans la figure 8 du livre V. touche la région postérieure de la dernière partie de l’intestin droit [rectum] se termine en cartilagekk c dans les figures 2, 3. pour la même raison que celle pour laquelle des cartilages naissent sur les processus épineux des vertèbres, comme cela a été décrit.Ceux qui prétendent que Galien a enseigné la description du corps humain sont injustes envers lui. À partir de là, il est clair que nous serions injustes[341] envers Galien si nous prétendions qu’il avait décrit la fabrique de l’homme plutôt que d’admettre une fois pour toutes qu’il a exposé la structure des singes, et si nous ne faisions pas crédit au début du troisième livre de ses Commentaires sur les livres d’Hippocrate sur Les articulations, lorsqu’il dit qu’il a écrit son livre sur Les os après avoir observé avec soin chaque os en particulier, principalement dans des squelettes humains, mais à défaut dans des singes ; indiquant ainsi qu’il avait décrit avec le plus grand soin au moins des singes, et qu’ils étaient tout à fait semblables aux hommes dans l’agencement des os. Et si quelqu’un voulait obliger sa description à convenir à la fabrique de l’homme et pas à celle des singes, il devrait admettre dans ce cas que Galien a oublié les quatre osll G, H, I, K dans les figures 1, 3. que nous avons comptés comme étant le coccyx; mais il accuserait également à tort Galien d’avoir oublié les six foraminam.m...4, 5, 6 dans la figure 1. Effectivement, sur la face antérieure du sacrum chez l’homme, de chaque côté, il y a six foramina, alors que chez les chiens on en trouve seulement trois : dans le coccyx des chiens on peut voir des foramina seulement sur la face postérieure ou plutôt latéralement, comme Galien les dénombre parfaitement, en ne faisant aucune mention de foramina sur la face antérieure. En plus de cela, nous serions obligés d’imputer honteusement à la négligence de Galien le fait qu’il ait dit que l’articulation dans les trois vertèbres sacrées inférieures n’était pas la même que dans les trois supérieures ; en réalité il n’y a pas plus de cartilage qui intervienne dans l’union des trois vertèbres inférieures que dans celle des trois supérieures. Et bien qu’aucune portion de ligament cartilagineux ne relie les osselets du coccyx de l’homme, Galien a estimé qu’il y avait là un cartilage comme entre les corps vertébraux. Aussi si nous voulions poursuivre notre investigation point par point, nous serions amenés à concéder bon gré mal gré que Galien a fait des choses fausses à partir des descriptions vraies d’autres anatomistes.Explication des noms du coccyx et du sacrum. Personne ne devrait mettre en doute que c’est à cause de la forme oblique, de la terminaison en pointe et de la couleur, que les anciens ont appelé ces quatre osselets humains coccyx, parce que, pour leurs élèves, ils comparaient cet ensemble de quatre os à un bec de coucou, alors qu’en fait il n’y a aucune ressemblance entre les os du chien et ceux de l’homme. Ce qui correspond à la description de Galien se rapporte avec une exacte similitude aux vertèbres lombales, comme nous l’avons dit. En outre les anciens ont appelé le sacrum platu, c’est à dire un os large et grand, parce que son ampleur dépasse de beaucoup celle des autres vertèbres, sous lesquelles il est placé en guise de base et de fondement très sûr. Je ne pense pas en effet que les anciens aient voulu comparer son ampleur avec celle de tous les os, puisqu’ils reconnaissent que l’os coxal est plus grand que le sacrum. D’où vient qu’ils aient appelé cet os hieron [« sacré »] n’est pas clairement établi : à moins qu’ils ne l’aient ainsi appelé ainsi à cause de sa forme et de son aspect peu courants, ou parce qu’il ressemble tellement à l’image d’un rempart divin, ou parce que beaucoup croyaient (mais à tort) que c’était grâce à une aide divine, et non pas avec des muscles, que la jonction de cet os avec l’os iliaque se relâchait pendant l’accouchement et se refermait ensuite par un instinct naturel[342]. Ou peut-être parce qu’il est très grand, comme, à notre avis, les poètes ont qualifié de sacrées Troie, la mer, la famine, et autres choses semblables. Mais ici, comme il a été question de son ampleur, le sacrum devrait être comparé uniquement avec les autres vertèbres, comme les os qui lui sont joints de chaque côté, ou le fémur et le tibia qui sont plus grands que le sacrum, et qui consistent cependant en un os d’une seule pièce (pour ainsi dire) seulement, alors que le sacrum est composé de six pièces. D’autres en cherchant à expliquer ce nom ajoutent je ne sais quoi au sujet des sacrifices des anciens. Mais comme j’ai l’habitude de laisser très volontiers l’explication des noms à d’autres, je vais mettre fin sans regret aux investigations sur ce nom.

Chapitre XIX. Les os du thorax.
Index des caractères des sept figures du dix-neuvième chapitre.

L’index des caractères qui suit sera commun aux sept figures placées au début du chapitre ; aussi, pour que vous reconnaissiez plus facilement à quelle figure les caractères se réfèrent, nous avons indexé chacun d’eux par un chiffre, selon notre habitude.

1, 2, 3, 4, 5, etcDans la première et la deuxième figures, les douze côtes thoraciques sont désignées par ces chiffres : les sept côtes supérieures sont articulées avec l’os de la poitrine [sternum], mais les cinq inférieures ne le sont pas ; le nombre de vertèbres thoraciques, même s’il n’est pas indiqué, peut se déduire du nombre de côtes indexées, si vous observez comment chaque vertèbre s’articule latéralement avec une côte.
×En réalité, le cône médullaire ou terminal correspond aux troisième, quatrième et cinquième segments sacrés et au premier coccygien. Il se termine par le filum terminale qui ne renferme aucun élément de la moelle, entouré par les nerfs de la queue de cheval (sur cette expression, cf. P. Albou, « Présence des mammifères dans le langage médical », Histoire des sciences médicales, 47, 2013, p. 285-295) ; sa partie intra-durale se continue par le lig. coccygien. Cf. schéma du névraxe ou système nerveux central dans M. Guntz, Nomenclature anatomique illustrée, Paris, Masson, 1975, p. 275.
×Il faut tenir compte de la valeur forte de l’adjectif en latin ; est impius celui qui ne remplit pas son devoir de piété. La critique de Vésale vise encore ceux qui prétendent rendre un culte à Galien, mais qui trahissent sa pensée.
×Cf. Fabrica I, chap. 29. L’idée que les os du bassin s’écartent à la fin de la grossesse a perduré dans l’opinion commune, par confusion avec l’action du périnée, plancher musculaire qui ferme en bas l’anneau sacro-oliaque.