Livre I
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le deuxième cartilage est attaché latéralement. À la réunion du deuxième os avec le troisième, sur les bords latéraux, le troisième cartilage costal forme à son tour une articulation avec son os respectif. Le premier cartilage costal est articulé avec les bords latéraux du premier os, ou plutôt s’y attache, mais cette jointure ressemble davantage à une union [symphyse] qu’à une articulation. Le septième os est plus fin et beaucoup plus rond que les précédents ; il se termine en un cartilage, plus large que l’os même et ressemblant tout à fait à la pointe d’une épée. Telle est donc l’explication de l’os de la poitrine [sternum] chez les singes et les chiens ; et vous accorderez que c’est celle que Galien a vue si vous comparez sa description de l’os de la poitrine [sternum] et celle que nous venons de retracer.Description de l’os de la poitrine [sternum] de l’homme. Mais si vous avez attentivement examiné l’os de la poitrine [sternum] humainkk Les figures 6, 7 en entier. (que je décrirai généralement comme large, même si, en comparaison avec les très larges os d’autres animaux, il est plus court), vous remarquerez qu’il est très différent. De fait, je peux affirmer avec certitude que je n’ai jamais trouvé de sternum humain composé de sept os ni qu’on voit toujours un même nombre d’os chez l’homme[358]. Chez les adultes, on en voit trois, qui sont très différents l’un de l’autre : le premierll de g à h dans la figure 1 ; de s à t dans les figures 6 et 7. [manubrium] est remarquablement large, et aussi très épais ; cependant sa largeur dépasse son épaisseur. La face internem,m o dans la figure 7. ou postérieure, de cet os, en regard de la cavité thoracique, est peu concave, mais sa face antérieure est légèrement convexe, et au milieu sur toute sa longueur, elle est beaucoup plus épaisse que sur les côtés ; de fait, cet os apparait concave sur les bords latérauxnn m, n dans la figure 6. de la face antérieure [échancrure costale I][359] afin de correspondre exactement à l’épaisseuroo p dans les figures 6, 7. du premier cartilage costal. Au centre, il a une protubérance triangulairepp q, r, l dans la figure 6.
q p, q, r, s dans les figures 6, 7.
qui le renforce. La partie supérieureq de l’os est beaucoup plus épaisse et plus large que sa partie inférieurerr t, u dans les figures 6, 7. et il est pourvu sur chaque bord latéral d’un sinus ovale tourné vers l’arrière [échancrure claviculaire], encroûté de cartilage, dans lequel la tête de la claviculess q, r dans les figures 6, 7. est articulée. Entre ces sinus [échancrures claviculaires] et à cause de leurs bords internes [médiaux] saillants, cet os apparaît facilement en forme de demi-lune sur son sommettt A dans la figure 1 du chapitre 22. et montre pour ainsi dire une fosse que nous appelons sphagè et jugulum, dite vulgairement fourche supérieure. La partie inférieureuu f dans les figures 6, 7. de l’os est tout entière rugueuse et est jointe au second os, que je vais décrire, par un ligament cartilagineux intermédiaire d’une manière si lâche que la connexion entre les deux os n’est pas visible[360] ; en réalité son mouvement se remarque parfois au cours d’une grande respirationy.y De h à i dans la figure 1. Le deuxième os [corps du sternum] est beaucoup plus large qu’il n’est épais, et sur sa face supérieurez,z t dans les figures 6, 7. là où il est joint au premier os, il est beaucoup plus compactaa à côté de ε dans la figure 6. que sur sa face inférieure. Mais nulle part sa largeur n’excède celle de la partie supérieure du premier os. À l’endroit où ce deuxième os est joint au premier, sur chacun des bords latéraux, on voit un sinusbb u dans les figures 6 et 7. en forme d’angle obtus, commun aux deux os, encroûté de cartilage, avec lequel le deuxième cartilage costalcc D dans la figure 1. est articulé au moyen d’une protubérance qui ressemble au sommet obtus d’un triangle. En plus de ce sinus, cet os a de chaque côtédd x, y, z, α, β dans les figures 6, 7. beaucoup d’autres sinus du même type, creusés en forme d’angle obtus, mais la distance entre eux n’est jamais constante. Le premier sinus propre à cet os, situé sur ses bords latéraux, et qui est disposé pour le cartilage de la troisième côte, est plus éloigné du sinus incisé pour la deuxième côte que le deuxième sinus propre à cet os et sculpté pour la quatrième côte. En revanche, il y a un espace plus grand entre le deuxième sinus et le troisième qu’entre le troisième et le quatrième ; les sinus creusés dans cet os en vue des sixième et septième côtes sont contigus et ne sont pas séparés l’un de l’autre, et ils ne sont pas aussi profonds que les sinus supérieurs. Ce deuxième os reçoit les cartilages de la troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième côtes, qui ont tous des protubérances semblables à celles du deuxième cartilage costale.e E dans la figure 3. Chez les enfants cet os apparaît formé de plusieurs osff γ δ ε dans la figure 6. unis l’un à l’autre par symphyse ou par l’intermédiaire d’un cartilage. Mais on ne peut absolument pas comparer cette jointure avec celle qui existe chez un chien ou un singe, qui est beaucoup moins apparente, et dont les os inférieurs se présentent à la vue bien plus courts que les supérieurs. Dans les cimetières, ce deuxième os est presque toujours trouvé isolé et séparé du premier, de même que les vertèbres sont trouvées séparées les unes des autres ; et même si par hasard vous observez dans ce deuxième os des traces de jointures, comme si l’os était composé de plusieurs os[361], elles apparaîtront surtout làgg γ dans la figure 6. où le troisième cartilage costal est articulé avec l’os de la poitrine [sternum] et ensuite làhh δ dans la figure 6. où le quatrième cartilage costal est joint à l’os de la poitrine. Le troisième os [processus xiphoïde]ii de i à k dans la figure 1 ; ζ dans les figures 6, 7. est très petit et est joint par la partie interne à la face inférieure du deuxième os [articulation sternale inférieure], de la même manière que le premier os est joint au deuxième, comme cela a été exposé ; et il est uni au deuxième os là où les cartilages des sept côtes joignent la face inférieure du deuxième os. Cet os est modérément large, et fin, et se termine en un cartilage en pointe effilée sur sa face inférieure.Comparaison de l’os de la poitrine [sternum] avec une épée. Mais vous trouverez que ce cartilage fait souvent défaut, et que le cartilage en forme de pointekk k dans la figure 1; η dans les figures 6, 7. est originaire de l’endroit où les cartilages des sept côtes se rejoignent et s’articulent avec le deuxième os de l’os de la poitrine [sternum]. Si vous joignez ensemble les trois os, vous verrez une représentation de la poignée d’une épée. En effet, la partie supérieure du premier os, qui est très large, correspondra à la partie de la poignée [manubrium] qui se trouve sous le petit doigt lorsqu’on saisit l’épée. Le deuxième os correspond à la partie que la main entoure en totalité : elle présente des dépressions pour les cartilages costaux comme des fossettes dans lesquelles les doigts peuvent assurer leur prise ; des fossettes de ce genre auraient la fonction que nous recherchons dans les épées, toutes les fois que nous prenons soin de rendre la poignée rugueuse en la recouvrant de ficelles tressées et nouées ou d’une peau écailleuse de poisson.

×Pas davantage que dans l’Epitome, Vésale n’utilise ici le terme de sternum qui est un calque du grec, mais il lui substitue la périphrase pectoris os. Voir à ce sujet la longue dispute engagée par Jacques Dubois (Sylvius) contre Vésale, dès 1551, reprise dans Galeni de ossibus, græce et latine. Accedunt Vesali, Sylvij, Heneri, Eustachi ad Galeni doctrinam exercitationes, op. cit., Lugduni Batavorum [Leiden], Daniel van der Boxe, 1665, p. 140. Si l’expression est plus prudente dans l’Epitome, le désaccord avec l’enseignement de Galien sur ce point n’en est pas moins réel, cf. notre édition, J. Vons et S. Velut, A. Vésale. Résumé de ses livres sur la Fabrique du corps humain, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. XXVIII, note 76 et p. 118, note 24 (erratum : renvoi à la note 77 au lieu de 76).
×Au nombre de sept, les échancrures costales sur les bords latéraux du sternum reçoivent les cartilages costaux.
×Dit angle sternal ou angle de Louis, d’après le nom d’un médecin français qui le décrivit au XIXe siècle.
×Vésale observe probablement ici les crêtes intersternébrales, qui correspondant à la soudure des sternèbres primitives. Le dessin du thorax en vue antérieure et postérieure est en fait une reconstitution plus qu’une représentation du réel. Le corps du sternum dans la figure 6 présente un nombre de divisions apparentes supérieur à celui représenté dans la figure 1. Cf. P. Huard et M. J. Imbault-Huart, André Vésale : iconographie anatomique (Fabrica, Epitome, Tabulae sex), Paris, éd. R. Dacosta, 1980, p. 68.