Livre I
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que nous suivrons dans le deuxième livre en même temps que les muscles, et de certains processus de la scapula qui empêchent l’articulation de se luxer, comme vous l’entendrez bientôt, lorsque nous traiterons également de ces processus dans la suite de l’exposé),Un cartilage augmente souvent la cavité de la scapula. elle a fréquemment réalisé dans cette cavité un cartilage [fibrocartilage ou lèvre (labrum)] semblable à la substance d’un ligament, qui augmente la cavité et la rend plus profonde, corrige une trop grande disposition aux luxations tout en ne faisant pas obstacle à la variété et à la très grande liberté des mouvements du bras, qui nous sont absolument indispensables. Ce cartilage est placé à la périphérie de cette cavité et il n’est attaché ni à la scapula ni même à l’humérus, mais seulement aux ligaments qui entourent l’articulation comme un cercle. La face externe de ce cartilage est épaisse, elle s’amincit progressivement en s’approchant du centre de la cavité et prend fin avant ce centre, comme si on avait augmenté la cavité par un bourrelet placé sur son pourtour, un bourrelet dont le bord aurait été comprimé en forme de triangle : le côté externe de ce triangle regarderait la périphérie de l’articulation, le bord inférieur pencherait sur la cavité, et le côté supérieur regarderait la tête humérale. De la sorte, deux angles seraient sur la périphérie de l’articulation, mais le troisième regarderait le centre de la cavité. Par ailleurs, même si vous n’avez pas de cadavre humain sous la main, vous pourrez facilement examiner cette réalisation de la Nature, si belle à contempler, dans les genoux des quadrupèdes et des oiseaux, chez qui les cavités de l’os du tibia sont toujours augmentées par ce procédé [ménisques latéral et médial]. Donc, toutes les fois que l’on trouve ce cartilage, il a pour fonction d’augmenter la cavité de la scapula[376] ; il cède[377] cependant facilement à la force et à la pression des os, sans aucunement gêner la liberté de mouvement de cette articulation.Les processus de la scapula. Les processus que la Nature a prévus pour cette articulation sont au nombre de deux : le premierqq K dans les figures 1, 2, 3. est le processus supérieur, que nous appellerons le sommet de l’épaule [acromion ou processus acromial] et qui a son origine dans l’épine [processus épineux]rr G, H dans la figure 2. de la scapula, comme cela sera enseigné.Le processus interne [processus coracoïde]. Le secondss E, F dans les figures 1, 2. est le processus interne [processus coracoïde], plus petit, qui s’implante par une large racinett F dans les figures 1, 2. sur la face supérieure du col de la scapula, et de là, encore large, il se porte en avant, en regard de la partie antérieure de l’articulation et vers le haut. La partie inférieure de ce processus est parfaitement lisse, et concave comme la lettre C en grec ancien, et il est appelé pour cette raison sigmoïde. D’autres ont appelé ce processus anchiroïde, d’après sa ressemblance avec l’une des deux parties [bras] d’une ancre quand elle est fichée dans le sol. D’autres encore l’ont appelée coracoïde, parce qu’elle est inclinée comme un bec de corbeau. Ces noms ont souvent trompé les traducteurs de Galien, et Galien lui-même y a contribué, en étant trop peu constant dans ces noms. Alors qu’ailleurs et presque toujours, il appelle ce processus anchiroïde, dans le treizième livre de l’Utilité des parties, il a donné à ce processus de la scapula le nom avec lequel nous appelons le sommet de l’épaule [acromion]. Mais il sera encore nécessaire de mentionner les noms de ce processus plus tard ; pour le moment, terminons ce qui reste à décrire de ce processus interne. Donc, sur sa face inférieure, il est lisse, mais il est rugueux et irrégulier sur la face supérieure. Il paraît plus épais sur la très large surface de son implantation, où il s’enfle en une tubérosité irrégulièreuu F dans les figures 1, 2. sur laquelle la clavicule s’appuie presque et avec laquelle elle s’attache et s’articule très solidement. Mais à l’apexx,x E dans les figures 1, 2. là où il a un appendice, ce processus est rugueux, pour donner une surface d’origine plus commode à la tête interneyy n dans la 6eplanche des muscles. du premier [muscle biceps] des muscles fléchisseurs de l’avant-bras, et au ligament propre à l’articulation de l’épaule. Entrezz f dans la figure 1. l’apex et la tubérosité sur laquelle la clavicule prend presque appui, la face supérieure de ce processus est également rugueuse, pour faciliter l’origine du ligament [ligament acromo-coracoïdien]aa c dans la 5eplanche des muscles. qui s’étend depuis cet endroit jusqu’au processus supérieur de la scapula. De même que la face supérieure du processus est rugueuse en vue de donner une insertion commode à ces ligaments et à la tête de ce muscle [muscle biceps], de même le col de la scapula montre sur son pourtour de petits foramina qu’on ne peut pas traverser mais qui donnent une origine commode aux ligaments très forts de cette articulation. Il est temps maintenant de poursuivre la description du second processus de la scapula : nous allons parfaitement en découvrir la nature, en examinant soigneusement les faces antérieure et postérieure de la scapula.Face antérieure de la scapula ou face proximale des côtes. La face antérieure [également face thoracique ou facies costalis] de la scapulabb Figure 1. est creusée et concave, ainsi elle correspond exactement aux courbures des côtes et la scapula peut bouger comme elle le doit tout en restant fermement maintenue sur ces côtes, et enfin une surface d’insertion commode est préparée pour le muscle [muscle sous-scapulaire]cc Γ dans la 7eplanche des muscles ; H dans la 8e. qui, remplissant toute la surface antérieure de la scapula, donne au bras un mouvement de rotation en-dedans et en-dehors. Cette face concave de la scapula est certes lisse, mais pas dans sa totalité ; en effet près de son bord inférieur elle présente des tubérositésd,d M, M, M dans la figure 1. modérément proéminentes, à l’instar d’une ligne oblique, qui forment une espèce de cavité, comme si les côtes du thorax, sur lesquelles la scapula s’appuie à cet endroit, avaient été pressées pendant un long temps contre la scapula, et que celle-ci en cédant ait gardé leur empreinte. Ces cavités et tubérosités se voient davantage chez les vieillards que chez les enfants ou les jeunes gens, chez qui on voit moins bien tout ce qui est protubérant et proéminent. En outre, la face antérieure de la scapula est légèrement protubérante près de la racineee Φdans la figure 1. de l’angle supérieur de la base [bord médial ] de la scapula, et elle forme là une surface adaptée pour que le deuxième [trapèze]ff Γ, Δ dans la 9eplanche des muscles. des muscles élévateurs de la scapula s’y insère solidement. En outre, làgg Comparez N, O dans la figure 1 avec H, G dans la figure 2. où elle est en regard de la racine de l’acromion ou de l’épine de la scapula, la face antérieure de la scapula est plus concave qu’ailleurs, comme si la Nature, en formant l’épine de la scapula, avait prolongé cette partie concave vers l’arrière pour augmenter ainsi sa cavité : comme nous le voyons quotidiennement avec des récipients en terre cuite, et des objets fabriqués en faïence ou en cire. Quand nous observons l’anse placée sur la face externe d’un pot, nous voyons généralement que la partie creuse du pot en regard de l’anse est plus incurvée, et comme tirée vers le dehors par l’anse. Cela

×Nous avons gardé dans la traduction l’ordre des mots et la ponctuation de la phrase latine, d’allure très libre, mais qui montre comment Vésale met en place des possibilités de généralisation en vue d’une scientia anatomique, à partir de l’observation d’un fait (présence du cartilage) et d’une simple déduction (accroissement de la cavité).
×Vésale décrit ici les propriétés de souplesse et d’élasticité du cartilage.