Livre I
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n’est jamais luxé au sommet (parce que l’acromion l’en empêche) et quand il traite de la fracture de l’acromion.Galien compte un troisième os dans l’articulation de l’acromion avec la clavicule. Cependant, ici, il faut prendre en compte également Galien qui affirme dans le livre Des os que plusieurs professeurs d’anatomie appellent acromion l’articulationff De Q à λ dans les trois figures intégrales. du processus en question avec la clavicule. Il ajoute alors aussi que certains placent à cet endroit, et uniquement chez les hommes, un troisième os, en plus de l’acromion et de la clavicule, et qu’ils l’appellent acromion et katakleis. Galien recense cet os chez les hommes, et dit que les singes ne l’ont pas dans le treizième livre de l’Utilité des Parties comme dans les livres des Procédures anatomiques et dans ses Commentaires sur le livre des Articulations d’Hippocrate. Il écrit en effet qu’en plus de ce processus supérieur de la scapula et de la clavicule, il y a là un troisième os cartilagineux qui recouvre l’articulation de la clavicule avec ce processus de la scapula, d’où proviennent des membranes et des ligaments qui donnent plus de force à cet assemblage. Dans le cinquième livre des Procédures anatomiques, Galien dit qu’Hippocrate a appelé un os de ce genre acromion, et que lui-même appelle ainsi cet os dans le même livre, comme il l’avait fait dans Des os en certifiant que certains plaçaient un troisième os à cet endroit et qu’ils l’appelaient acromion. Cependant, dans les livres de l’Utilité des Parties, dans ceux des Procédures anatomiques et dans presque tous les Commentaires sur Hippocrate, il a nommé habituellement acromion le processus de la scapula, ou au moins l’articulation du processus de la scapula avec la clavicule ; aussi, mon étonnement ici devant le manque de constance de Galien est grand, et il risque de grandir encore plus, aussi longtemps que je n’aurai pas trouvé chez l’homme ce troisième os, cartilagineux. Je ne peux pas penser que Galien considère comme un os le cartilage propre à cette articulation et que nous avons mentionné plus haut, car les cartilages de ce genre s’écartent le plus souvent de la nature du vrai cartilage et se rapprochent de celle du ligament, et qu’ils ne sont en aucune façon osseux ; en outre, on les trouve aussi bien chez les singes que chez les hommes[382]. Même si par hasard ce cartilage devait être considéré comme un os  - et dans ce cas Galien l’aurait mentionné autrement et il aurait écrit qu’il intervenait au milieu de l’articulation et non pas qu’il la recouvrait - , il n’échapperait pas à la critique, puisqu’il n’a pas placé de cartilage propre dans l’articulation de la clavicule avec l’os de la poitrine [sternum]g,g La plus grande partie de la figure 4 du chapitre 22.
h figure dans la marge du chapitre 10.
i Figure 8 du chapitre 31.
ni dans celle de la mandibule avec le maxillaireh ni dans le genoui, alors que dans ces articulations, des cartilages de ce genre sont plus manifestes qu’ici dans l’acromion, même si Galien paraît les ignorer ou les oublier[383]. Aussi, il vaut beaucoup mieux ne pas désigner ce cartilage spécifique sous le nom d’os (même s’il devait être osseux), parce que ce serait en même temps indiquer ouvertement que Galien a oublié beaucoup d’os. Donc, jusqu’à présent, jamais il ne m’a été donné d’observer ici un troisième os, quelque soignées qu’aient été mes dissections par respect pour Hippocrate. Pour moi, il est manifeste que Galien ne l’a jamais vu non plus, et si j’osais m’avancer jusqu’à lui manquer de respect[384], j’affirmerais qu’il a imaginé un os de ce genre, par similitude avec les os sésamoïdesk,k V, V dans la figure 1 du chapitre 25, et Ψ, Ω dans la figure 2 du chapitre 33. qui sont placés à d’autres articulations et jointures osseuses, comme vous l’entendrez bientôt, de la même manière que Galien place un os cartilagineux ici. J’admettrai donc volontiers que je n’ai pas trouvé ce troisième os chez l’homme pas plus que chez le singe, comme aucun de ceux qui m’ont assisté pendant mes dissections ne l’a trouvé, alors que j’ai toujours pris soin de demander à chacun d’eux d’être attentif à cet os. Et si quelqu’un me montre cet os, ou un os semblable en plus du processus de la scapulall, m Q et λ dans les trois figures intégrales. et de la claviculem, je me fais fort de montrer aussitôt dans l’articulation entre l’humérus et la scapula, quelque chose d’autre de ce genre, bien plus digne d’intérêt et qui mérite d’être étudié dans les ouvrages de l’art [médical] ; c’est uniquement la raison pour laquelle je passe outre ici sciemment.Quels animaux ont un processus supérieur de la scapula. Pourtant, je veux que personne n’ignore que je n’ai jamais trouvé d’animal, en dehors de l’homme, du singe, de l’écureuil, et si je me souviens bien, du loir, qui possède ce processus supérieur de la scapula ; je ne doute donc pas que le premier auteur à avoir écrit que seul l’homme possédait un acromion, ait bien compris par ce mot ce processus que seul l’homme possède ; puisque chez les chiens, les moutons, les chèvres, les lièvres (qui ont tous un processus interne de la scapula) et d’autres quadrupèdes habituellement servis à table, il ne voyait aucun processus supérieur (mais seulement l’épine), et qu’il ne s’intéressait pas aux singes, comme Galien l’a fait. Donc, qu’il nous soit permis d’appeler ce processus supérieur de la scapula le Sommet de l’épaule, ou le Processus supérieur, jusqu’à ce que nous trouvions une définition plus vraie.Fonctions du sommet de l’épaule [acromion]. En outre, la fonction que ce processus accomplit pour l’homme et les autres animaux pourvus d’une clavicule sera mieux expliquée tout à l’heure, quand nous entreprendrons la description des clavicules. Outre le fait qu’il empêche l’humérus de se luxer au sommet, qu’il constitue une protection très sûre pour l’articulation humérale, et qu’il offre une insertion et une origine parfaites aux muscles, ce processus aide principalement la clavicule à repousser l’articulation humérale le plus loin possible des côtés du thorax et des côtes et à la maintenir à l’emplacement qui lui convient pour accomplir ses mouvements, aussi variés que différents. Mais cela sera repris plus en détail dans les descriptions des clavicules ; il sera maintenant opportun de mettre fin à notre exposé sur les scapulæ, puisqu’il n’y a rien d’autre à ajouter, sinon peut-être un tout petit point : cela pourrait être le fait que la base [bord médial] de la scapula, où sont les appendices, apparaît spongieux et poreux ; ensuite que plusieurs foramina sont dispersés sur l’épine [processus épineux] de la scapula (car cette épine est épaisse), ils lui amènent les veines qui la nourriront[385]. On voit souvent un de ces foraminann c dans la figure 3. dans la cavité entre le bord supérieur de la scapula et l’épine, et un autre sur la face interne de la scapula, là où elle est particulièrement concave.

×Cf. le commentaire d’É. Littré à propos de ce troisième os ou os cartilagineux dans l’Argument au livre des Articulations, Œuvres complètes d’Hippocrate, t. IV, Paris, Baillière, 1844, p. 11-13.
×Cf. Fabrica I, 2, p. 4.
×Le terme de pietas renvoie à la notion de piété filiale, de respect.
×Il semble que Vésale ait du mal à abandonner ce chapitre, déjà très long, insistant sur des descriptions morphologiques alors que le lien avec la clavicule et la tête humérale a dû être reporté dans les chapitres suivants. Les phrases sont particulièrement longues et de construction parfois très libre.