Livre I
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son articulation est très éloignée du côté du thorax. Si cette articulation était en contact avec les côtes thoraciques, ou si pour une raison ou l’autre, elle en était très proche (comme chez les quadrupèdes), nous ne pourrions pas faire de mouvements circulaires avec nos bras[392] ni les porter vers la poitrine, le dos, le cou, les hanches : comme nous savons qu’il en est ainsi lorsque un humérus luxé retombe sur les côtes ou lorsque la scapula pend comme une aile après une fracture de la clavicule. C’est pour nous éviter d’être privés de fonctions si indispensables que la Nature a voulu établir une grande distance entre l’humérus humain et le thorax ; ce qu’elle a fait au moyen du processus supérieur de la scapula, qui s’étire de telle manière qu’une fois loin de la poitrine, il soit soutenu et maintenu au moyen de la clavicule, et que l’articulation elle-même se fasse loin du thorax.L’articulation de la clavicule avec le sommet de l’épaule [acromion]. La clavicule est articulée avec ce processus au moyen d’un tuberculerr Q dans la figure 3. très peu saillant, plus large que long, et quelquefois oblique [extrémité acromiale] : cette articulation est telle qu’il est difficile de décider quel os reçoit et quel os est reçu. Cette forme d’articulation est celle que les anciens Grecs ont appelée arthrodie, comme nous l’avons dit.Substance, tubercules, surfaces rugueuses et lisses, et foramina des clavicules. L’extrémitéss de I à Q dans les figures 1, 2. de la clavicule qui est articulée avec le processus supérieur de la scapula est un peu plus large, de même que le processus apparaît également large et ample ; en outre, cette extrémité de la clavicule, comme celle [extrémité sternale] qui est articulée avec l’os de la poitrine, est spongieuse à l’intérieur et moins compacte que les autres parties de la clavicule, qui sont assurément plus épaisses et plus compactes : les os sont d’autant plus spongieux à l’intérieur qu’ils sont épais et larges. La clavicule est très solide au milieu de sa longueurt,t H dans les figures 1, 2, 3. parce qu’elle est très mince à cet endroit, et plus ou moins ronde [cylindrique], mais pas complètement. Sur sa face inférieure une sorte de ligne [sulcus ou gouttière du muscle sous-clavier]uu F, G dans les figures 2, 3. est saillante, elle commence non loin de l’extrémité de la clavicule articulée avec la poitrine, à mi-chemin des angles postérieur et antérieur de cette extrémité. Cette ligne se prolonge un peu au-delà de la moitié de la longueur de la clavicule, elle est disposée pour l’insertion d’origine du premier [muscle sous-clavier]xx d dans la 4eplanche des muscles. des muscles moteurs du thorax. Près du début de cette ligne, à côté de l’extrémité de la clavicule, on voit une surface rugueuse et irrégulièrey,y G dans les figures 2, 3. d’où est issu un ligament très fort [ligament costo-claviculaire], unissant la clavicule au sternum à l’endroitzC dans la figure 1 du chapitre 19. où le premier cartilage costal est articulé. À l’autre extrémité de cette ligne, une autre surface rugueuseaa N dans la figure 3.
b F dans les figures 1, 2 du chapitre 21.
se présente ainsi qu’une sorte de cavité irrégulièreb, au moyen de laquelle la clavicule prend presque appui sur le tubercule et la racine du processus interne de la scapula [processus coracoïde], d’où est issu un ligament [ligament coraco-claviculaire] unissant très solidement la clavicule au tubercule. En outre, à l’endroit où la ligne se termine, la face inférieure de la claviculecc De L à Q via M dans la figure 3, principalement à P. s’élargit et devient irrégulière et rugueuse, principalement près de l’articulation de la clavicule avec le processus supérieur [processus acromial] de la scapula, là où s’attachent les ligaments qui maintiennent cette articulation ; ils sont plus forts ici que sur la face supérieure. Toute la surface supérieure de la clavicule est très lisse, sauf près des articulations, où elle est quelque peu rugueuse en vue de l’insertion de ligaments comme de muscles. Du sommet de la clavicule, près de l’os de la poitrine [sternum], provient un muscledd Θ dans la 4eplanche des muscles. qui a également une origine dans le sternum et qui s’implante dans le processus mastoïdeee k dans les figures 3, 4, 5 du chapitre 6. de la tête : il sera compté comme le treizième des muscles moteurs de la tête ou le second muscle de la septième paire [muscle sterno-cleido-mastoïdien][393]. Sur la partie supérieure de la clavicule, un muscle [trapèze]ff Γ, Δ dans la 9eplanche des muscles et b dans la 4eplanche. s’insère à l’articulation avec le processus supérieur de la scapula : ce muscle sera compté comme le premier des muscles élévateurs de la scapula. Sur la partie antérieure de la clavicule près de la racine du premier angle de l’extrémité, il y a également une lignegg E dans les figures 1, 3. en relief, se terminant avant le milieu de la longeur de la clavicule, d’où est issue une partie non négligeable du muscle [muscle grand pectoral]hh Δ puis de K à I, dans la 3eplanche des muscles. qui amène le bras vers la poitrine. En plus, sur la face antérieure de la clavicule, à l’endroit où elle se courbe en arrière, et non loin de son articulation avec le processus supérieur de la scapula, elle apparaît concave, formant une notable surface rugueuseii K dans la figure 1.
k De e à f via Ξ dans la 4eplanche des muscles.
disposée pour le muscle [muscle deltoïde]k portant le bras en haut, et qui est en grande partie originaire de cette surface. Sur la face postérieure de la clavicule, rien d’irrégulier ne se présente qui n’ait déjà été dit, sauf un tubercule [tubercule conoïde]ll O dans les figures 2, 3. saillant sur la partie la plus convexe de la clavicule ; ce tubercule forme comme l’angle de cette surface convexe, et envoie un ligament vers le processus interne de la scapula. Il n’y a rien d’autre à noter, sauf si l’on veut peut-être ajouter à l’exposé de petits foramina qu’on ne peut pas traverser ; il y en a deux, parfois trois, dans la partie la plus solide de la clavicule, et ils se voient principalement sur la face postérieure, ils sont disposés pour offrir un passage aux petites veines nourrissant la clavicule[394].

Chapitre XXIII. L’humérus ou l’os du bras.
Index (placé sur la page suivante) des caractères des deux figures de ce chapitre;
A, B, C, D, E, F, G, HCertaines lettres sont sur la première figure, d’autres sur la deuxième ; elles indiquent l’appendice de l’humérus, de forme très variée, comme je vais le décrire ci-dessous.
A, B, C[Ces trois lettres] circonscrivent dans les deux figures la tête de l’humérus articulée avec la scapula.
D, ECes deux lettres apparaissent sur la première figure, indiquant la tête externe de l’appendice de l’humérus,
×Sur le sens de manus dans le texte de Vésale, voir chapitres suivants.
×Cf. J. Vons et S. Velut, A. Vésale. Résumé de ses livres sur la Fabrique du corps humain, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 32.
×La description de la clavicule est détaillée et très technique, avec une importance accrue accordée à l’emplacement des muscles qu’un chirurgien a besoin de connaître en cas d’intervention sur une fracture ou une luxation. Les références à Galien, Utilité des parties XIII, 11, sont ici peu nombreuses et ne sont pas référencées dans les manchettes.