Livre I
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et qui en est proximale, peut sans inconvénient être moins élevée que l’autre (parce qu’il n’y a pas de risque que la corde glisse en-dehors de la poulie, du côté qui touche le mur), tout comme le versant externe du sillon de la trochlée est moins exposé aux dangers que le bord interne. En effet, nous allons bientôt ajouter sur ce bord, une autre petite tête [capitulum, anciennement condyle de l’humérus]qq P dans les figures 1, 2. avec laquelle le radius est articulé, que l’on peut considérer comme un mur, empêchant l’ulna de se luxer en-dehors, hors du sillon. Il y a encore une autre différence entre la trochlée de l’humérus et les vraies poulies, qui est que l’ulna ne peut pas entourer complètement la trochlée comme les cordes autour d’une poulie. En effet, bien que sur la partie supérieurerr N dans la figure 1 ; O dans la figure 2. et le milieu du sillon, l’os du bras soit profondément creusé, et extrêmement fin, transparent comme une écaille, on ne peut cependant pas le traverser, et cela en raison de sa fonction, qui est grande. En effet le souverain Artisan a voulu donner à l’ulna un mouvement de flexion et d’extension dans ce sillon de l’humérus, il a préparé pour cela la trochlée et a doté l’ulnass C, D, E dans les figures 1, 5 du chapitre 24. de dépressions, de tubérosités et de processus tels que nous puissions fléchir et étendre l’avant-bras, mais sans nous priver de force dans ces mouvements ; cette force aurait certainement été perdue, si l’humérus avait été troué sur la partie supérieure de la trochlée, et s’il n’y avair rien eu pour maintenir l’ulna en extension maximale de l’avant-bras, mais s’il avait été entraîné comme par la corde d’une poulie sans rencontrer de résistance, de borne ou d’obstacle. Donc la Nature a creusé au-dessus de la trochlée deux grandes dépressions, l’une sur la face antérieure [fosse coronoïdienne]t,t N dans la figure 1.
u O dans la figure 2.
l’autre sur la face postérieure [fosse olécrânienne]u, celle-ci étant beaucoup plus grande, plus profonde et de toute façon plus remarquable que l’antérieure. Ces dépressions séparées seulement par cette écaille reçoivent les processus de l’ulna (que l’on nomme spécifiquement des couronnes). La fosse antérieure [coronoïdienne] reçoit le processus antérieur de l’ulna [processus coronoïde] lorsque l’avant-bras est fléchi, mais lorsque ce dernier est en extension, la fosse postérieure [olécrânienne] reçoit le processus postérieur de l’ulna [processus de l’olécrane][397]. Ces fosses constituent donc les limites des mouvements de flexion et d’extension maximales, elles ont été faites avec une telle prévoyance qu’elles permettent à l’avant-bras de se fléchir en un angle très aigu mais ne l’autorisent pas à s’étendre au-delà de la ligne droite, parce que nous n’avons pas besoin d’une extension avec un angle aussi grand qu’en flexion. C’est à cause de leur présence en tant que bornes et obstacles aux mouvements de l’avant-bras, car elles ne permettent pas une hyperextension de l’ulna, qu’Hippocrate a appelé ces fosses des bathmides [fosses] et le sillon gynglimoïde en raison d’une certaine ressemblance avec un gond[398]. Mais nous comprendrons beaucoup mieux la fonction de ces fosses, lorsque nous aurons terminé la description de l’ulna dans le chapitre suivant ; pour le moment,il faut continuer à décrire l’extrémité inférieure de l’humérus. Sur le côté externe [latéral] de la trochlée, se trouve une petite tête [capitulum humeri]xx P dans la figure 1. n plus ou moins ronde et oblongue, qui est, comme le sillon, encroûtée de cartilage et lisse ; elle sert à l’articulation du radius avec l’humérus, en entrant dans la cavité supérieure [cupule ou fovea radiale]yy O dans la figure 9 du chapitre 24. du radius, et c’est sur cette tête que le radius a des mouvements de pronation et de supination (comme je l’expliquerai en détail plus loin). Ensuite, la longueur de la tête que je mesure[399] depuis son sommet jusqu’à son extrémité inférieure en longeant la longueur [le corps] de l’humérus, explique pourquoi dans les mouvements de flexion et d’extension de l’avant-bras, cette tête ne peut pas s’échapper de la cavité du radius (qui est ronde, mais pas oblongue) ni glisser au-dehors ; c’est la raison pour laquelle toute la partie de la tête qui est recouverte de cartilage regarde en avant de l’humérus, mais qu’il n’y a pas de cartilage à l’arrière, puisque le radius ne se rapproche de la face arrière dans aucune extension de l’avant-bras. Mais en-dehors de cette petite tête, l’humérus fait une considérable saillie [épicondyle latéral], à l’image d’une montagne ou d’une paroi rocheuse, disposée pour qu’un grand nombre de muscles puissent en être originaires. Sur cette face de l’huméruszz P dans la figure 2 et vers Q dans les figures 1, 2 pour indiquer cette ligne. et sur la ligne acérée [crête supra condylaire] qui à partir de ce tubercule monte sur une certaine distance le long de la face externe de l’humérus, six muscles s’insèrent, dont on pourrait compter pour le premier muscle [muscle brachioradial]a,a Θ dans la 12eplanche des muscles. celui qui est le plus large de tous, de loin le plus long des muscles moteurs du radius, et qui met le radius en supination. Le deuxièmebb Λ dans la 11eplanche. a son origine sous le précédent, il étend le poignet par un tendon bi-cornu[400]. Le troisièmecc Z dans la 9eplanche. est celui au moyen duquel l’index, le médius et l’anulaire sont en extension[401]. Le quatrièmed,d Θ dans la 9eplanche. celui que nous établissons comme principal responsable de l’extension du petit doigt[402]. Le cinquièmeee Λ dans la 9eplanche. qui s’étend le long de l’ulna est également l’auteur de l’extension du poignet[403]. Le sixièmeff m dans la 11eplanche. sera compté comme le second des muscles [muscle supinateur] mettant le radius en supination, et dont une petite portion provient à son tour de la partie inférieure [distale] de ce tubercule [épicondyle latéral] de l’humérus. Toutes les fois que nous mentionnerons les muscles, les nerfs, les veines et les artères qui parcourent cette surface, nous appellerons toujours cette dernière la tubérosité externe de l’humerus ou son tubercule ; en effet, comme nous l’avons dit, ce tubercule a été disposé pour donner origine à des muscles, et sur sa partie postérieuregg M dans la figure 2. près du bord externe de la trochlée de l’humérus, il présente une dépressionhh R dans la figure 2.
i φ dans les figures 2, 3 du chapitre 11 du livre IV.
par où passe le quatrième nerf du bras [nerf radial]i. Mais correspondant à la partie protubérante sur la face externe de l’humérus, un autre processus ou tubercule [épicondyle médial]kk S dans les figures 1, 2. se présente sur la face interne, il est très saillant et allongé, pour des muscles et des nerfs, mais n’est pas fait en vue d’une articulation, à la différence du tubercule externe avec lequel le radius est articulé. Donc en-dedansll L dans les figures 1, 2. de la trochlée de l’humérus se trouve ce processus [épicondyle médial] ; et sur son apex, qui est très largem,m Π dans la 3eplanche des muscles. s’insère un muscle [muscle long palmaire] qui envoie un large tendon à la peau de la paume de la main, et aussinn Λ dans la 3eplanche des muscles. deux muscles fléchisseurs du poignet [muscle fléchisseur radial du carpe et muscle fléchisseur ulnaire du carpe] ; sur la partie inférieure de ce processus (que nous appellerons toujours le tubercule interne de l’humérus), s’insère une portion du muscle [muscle rond pronateur]oo Q dans la 7eplanche. qui sera considéré comme le muscle supérieur des muscles pronateurs du radius, ainsi qu’une obscure portion du début de certains muscles fléchisseurspp Θ dans la 5eplanche ; Ξ dans la 6e. des doigts.

×Dit anciennement bec de l’olécrane.
×Cf. Fabrica I, chapitre 4, p. 12.
×On peut noter un changement dans l’écriture à partir du moment où Vésale quitte le squelette axial : la description, extrêmement précise et minutieuse, s’appuie sur des observations en cours (« je mesure » par exemple) menées devant un auditoire associé à la recherche (« nous comprendrons »).
×Il s’agit du muscle long et court extenseur du carpe ici réunis en un seul par Vésale, décrit livre II, chapitre 43.
×Il s’agit du muscle extenseur commun des doigts, qui sera compté comme le dix-septième muscle des doigts, décrit livre II, chapitre 43.
×Il s’agit du muscle extenseur du petit doigt, qui sera compté comme le dix-huitième muscle des doigts, décrit livre II, chapitre 43.
×Il s’agit du muscle extenseur ulnaire du carpe, décrit livre II, chapitre 44.