Livre I
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Et ce tubercule sert non seulement à l’insertion de muscles, mais il forme également une surface convenant à deux nerfs atteignant le bras, et il doit être considéré comme une protection pour eux. Sur sa face antérieure, près de la trochlée de l’humérus, il présente une dépressionqq T dans la figure 1. modérément concave, à travers laquelle passe le troisième nerf [nerf médian]rr τ dans la figure 2 du chapitre 11 du livre IV. atteignant le bras. Mais sur sa face postérieure, c’est à travers une autre dépressionss V dans la figure 2.
t * dans la figure 2 du chapitre 11 du livre IV.
que le cinquième nerf [nerf ulnaire]t gagnant le bras passe.Passim, mais surtout dans le livre des Os, chapitre 16. Comme ce tubercule interne [épicondyle médial] de l’humérus est grand et que nous pouvons facilement le prendre en mains et l’observeru,u Examinez cette articulation de l’avant-bras dans les figures intégrales. il n’est donc pas nécessaire d’accorder foi à Galien, lorsqu’il affirme que ce processus est plus grand que le processus externe [épicondyle latéral], alors qu’en fait ce dernier est beaucoup plus grand que le processus interne. Mais il est plus difficile de toucher le processus externe, non à cause de sa taille, mais parce que le radius avec lequel il est articulé, nous empêche de le distinguer par le toucher. Mais chez les chiens, les chevaux, les ovins et d’autres animaux de ce genre, les tubercules de l’humérus diffèrent peu de cette construction [chez l’homme], sauf qu’il y a moins de distance entre la tête externe de l’humérus articulée avec le radius et le bord externe de la trochlée de l’humérus, dans la mesure où le radius est plus étroitement uni et articulé avec l’ulna chez ces animaux que chez l’homme, chez qui le radius a des mouvements manifestes de pronation et de supination, et est articulé plus lâchement avec l’ulna[404].Erreurs d’Aristote et de beaucoup d’autres. Par ailleurs, je ne doute pas du grand étonnement que je vais provoquer ici chez les sectateurs d’Aristote et chez ceux qui ont écrit sur les mouvements des animaux, en s’appuyant sur son opinion, qu’il a répétée assez souvent ailleurs, mais surtout dans le livre sur le Mouvement commun des animaux, et parmi eux, Galien dans le troisième livre de l’Utilité des parties, Pline[405], et avec beaucoup d’autres notre compatriote Érasme de Rotterdam dans son Dialogue - qui n’a rien d’anatomique - sur le jeu des osselets[406], lorsqu’on m’entendra dire qu’il y a si peu de différence entre les hommes et les quadrupèdes par rapport à cette partie de l’humérus et de son articulation avec l’avant-bras. Par exemple, lorsque Aristote et tous ceux qui le suivent décrivent des mouvements de flexion dans des directions différentes chez nous et chez les quadrupèdes, ils enseignent que la flexion chez nous se fait en avant, et en arrière chez les quadrupèdes. Cela est non seulement faux, mais en plus Aristote prive les quadrupèdes d’un os, de l’humérus en fait, ayant décidé que chez ces animaux l’articulation de l’avant-bras avec le bras se fait à la jointure avec le carpe. En fait, ces animaux ont l’articulation de l’avant-bras avec l’humérus en commun avec nous et ils fléchissent également comme nous. Mais Aristote n’a pas remarqué l’humérus ni le fémur de ces animaux et des oiseaux, peut-être parce que ces organes sont cachés dans le tronc de leur corps autrement que chez nous[407].Description des parties centrales [corps] de l’humérus. Mais nous poursuivrons cela plus en détail plus loin, revenons maintenant aux parties de l’humérus qui restent à décrire, elles sont pour ainsi cylindriques sur toute la longueur, mais un peu plus larges et plus concaves sur la face postérieure que sur la face antérieure. Le milieuxx b dans la figure 1. de la face antérieure est plus ou moins saillant sur une certaine longueur, avec une légère dépression de chaque côté, mais les bords de l’humérus apparaissent plus saillants que déprimés, tout comme le milieu de la face antérieure. Tout cela est fait en vue des muscles qui recouvrent cette partie ; lorsque vous aurez examiné leur nature, vous verrez qu’ils ont élégamment comprimé l’os comme cela était souhaitable pour eux. En outre, sur la face postérieure de l’humérus, près du milieu de sa longueur, on voit une dépression [gouttière radiale]zz Y dans la figure 2. dans laquelle chemine le quatrième nerf atteignant la main [nerf radial]a,a φ dans les figures 2, 3 du chapitre 11 du livre IV. depuis le bord interne du bras, en passant à l’arrière, et se dirigeant obliquement vers le bas, vers le bord externe. Comment les faces externe et antérieure de l’humérus ont pu sembler convexes à Galien, et les faces interne et postérieure concaves dans le livre sur Des os[408], voila ce que je ne comprends pas, ni pourquoi dans le deuxième livre de l’Utilité des parties il a déclaré que l’humérus était convexe sur la partie externe et concave sur la partie interne. À moins d’établir que l’humérus est un os droit, il sera considéré comme convexe sur la partie antérieure et supérieureb,b d dans la figure 1.
c X dans la figure 2.
et concave sur la partie postérieure et supérieurec, puis concave sur la partie inférieure et antérieured,d b dans la figure 1. et convexe sur la partie supérieure et postérieuree.e Z dans la figure 2. Donc, si je ne me trompe, il est convexe à l’avant, surtout en bas, mais concave à l’arrière. Cette forme est due surtout aux muscles qui sont les artisans de la flexion et de l’extension de l’avant-bras, bien que la courbure de l’humérus soit si petite qu’elle ne doive même pas être un sujet de discussion[409]. La surface rugueuseff e dans les figures 1, 2. qui se trouve sur la face antérieure de l’humérus, vers l’arrière et au-dessus du milieu de sa longueur, est disposée pour une insertion plus solide des muscles moteurs du bras, et convient à l’origine du muscle fléchisseur postérieurgg Γ et L dans la 8eplanche des muscles. de l’avant-bras. Et cette surface rugueuse est si prononcée que chez les vieillards, un grand processus semble se former à cet endroit, disposé pour l’insertion du muscle [muscle deltoïde]hh Δ dans la 10eplanche des muscles et P dans la 11e. se portant dans le bras. En plus de cette surface rugueuse, il y en a une autreii f dans la figure 1. près de la dépression, par laquelle passe la tête externe du muscle fléchisseur antérieur de l’avant-bras : nous enseignerons que la partie charnue de la tête internekk o dans la 6eplanche des muscles, où le muscle est noté Θ. est attachée à cette surface rugueuse. Il n’y a aucun foramen digne d’être noté dans l’humérus, sinon un petit nombre près des sourcils des dépressions et des têtes, percés de manière que des ligaments puissent s’y insérer ou s’y implanter solidement. On peut encore voir quelques foramina, mais en petit nombre, sur la longueur de l’humérus, et surtout sur son côté interne (où la majorité des vaisseaux passe), pour admettre des veines qui s’étendent dans la grande cavité médullairell Figure dans la marge du chapitre 1. disposée en vue de la légèreté de l’os[410].

×Il faut noter ici le rôle accru de la vue et du toucher. Le recours à l’animal ne se conçoit que pour pallier l’insuffisance ou l’impossibilité d’un examen direct chez l’homme, soit en raison de la destruction possible des structures soit de la difficulté à y accéder.
×Pline, Histoire naturelle livre XI, 10, décrit ici un éléphant.
×Érasme cite Aristote et Pline dans le dialogue Ἀστραγαλισμός sive talorum lusus, entre Carolus et Quirinus (respectivement le Gantois Charles Utenhove et Quirinus Talesius, le secrétaire d’Érasme), Opus familiarum colloquiorum, Basileæ, J. Froben et J. Hervagius, 1529. Vésale revient plusieurs fois sur ce petit texte (livre I, chapitre 31 et index des squelettes complets), jeu de mots sur talus / Talesius et prétexte à des jeux d’étymologie et d’osselets.
×La conclusion implicite est évidente : aucun de ces auteurs n’a examiné l’articulation in vivo ni post mortem.
×Cf. Galien, De ossibus (éd. Balamius, Paris, 1535, p. 36-37 ; éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 74).
×Vésale montre ici l’aspect légèrement tordu du corps de l’humérus sur son axe.
×Peu polémique dans l’ensemble, ce chapitre constitue une des premières descriptions très complètes de la morphologie et de l’architecture du squelette du bras. On peut toutefois remarquer que le dessin est ici moins détaillé que le texte et est proportionnellement assez pauvrement indexé. La description d’articulations reliant des os décrits individuellement est nécessairement répartie sur plusieurs chapitres. Leur grande variété explique sans doute pourquoi Vésale n’a pas prévu de chapitre récapitulatif des articulations du membre supérieur, comme il l’a fait pour d’autres structures (par exemple les foramina du crâne). Des redites vont donc être faites dans les chapitres suivants.