Livre I
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Et de même ces tendons ronds n’auraient pas pu s’attacher à ces os ; il était donc utile qu’un ligamentcc Voyez les mains dans la 4e planche des muscles. s’insère sur cette surface osseuse, joignant les tendons à ces os sur toute leur longueur, et les entourant pour leur éviter de s’écarter ou de s’éloigner de l’os. Nous examinerons en détail dans le deuxième livre quels tendons de ce genre se déploient le long des os et quels ligaments les entourent. Pour le moment, il suffit de les avoir mentionnés dans la mesure où cela concerne l’explication de l’assemblage des os. Donc, vous apprendrez dans ce livre [livre II] que sur toute la longueur de la deuxième phalange du pouce, sur sa face interne, naît un ligament de ce genre, guidant le tendon du muscle qui s’insère très solidement sur la troisième phalange du pouce[458], et qui est responsable de la flexion de son articulationd.d η θ dans la 6e planche des muscles. Mais puisque la Nature n’a installé aucun ligament de ce genre dans la première phalange du pouce, et que le tendon s’étendant ici vers la troisième phalange ne risque pas de s’écarter (puisqu’il est maintenu en place de toute part par les muscles propres à la première phalangee),e t dans la 4e planche des muscles ; également κ et λ dans a 6e planche des muscles, et chiffres 1, 2, 3 dans la 7e planche. il n’était absolument pas nécessaire que la face interne de la première phalange du pouce soit aplatie et légèrement concave comme les autres phalanges, surtout que cela n’aurait pas convenu aux muscles qui s’y étendent et s’y insèrent[459]. Le long des premières phalanges des quatre doigts deux tendonsff γ et δ dans la 6e planche des muscles. s'étendent, l’un au-dessus de l’autre : le premier s’insère sur la deuxième phalange, l’autre, celui qui passe par-dessous, s’implante sur la troisième phalange ; des tendons de cette espèce sont portés aux trois phalanges de ces doigts, qui sont également dotées de ligaments de ce genre qui font passer les tendons comme dans des anneaux. Cela concerne essentiellement la première et la deuxième phalanges des quatre doigts et la deuxième[460] du pouce. Car les tendons ne s’étendent pas sur toute la longueur des troisièmes phalanges, ce qui explique que ces dernières ne soient pas aussi déprimées et aplaties que les phalanges placées en-dessous[461]. Il était donc juste que les phalanges aient une forme faite comme une moitié de corps cylindrique, tandis que les tendons parcourent l'autre moitié, de sorte que les phalanges et les tendons construisent ensemble une figure de doigt cylindrique. En effet sur la face externe [dorsale]gg Voyez la main dans la 9e planche des muscles et dans les suivantes; des doigts, aucun tendon de ce genre ne se déploie, mais il y a des tendons attachés à cet endroit comme une membrane sur toute la longueur des phalanges. Les faces latérales des phalanges ne sont ni comprimées ni aplaties comme celles des doigts, et il n'y a aucune différence à cet égard entre les phalanges du pouce, du petit doigt et de l'index d'une part et les phalanges des autres doigts. Les faces latérales des phalanges ressemblent en effet à la face bombée d'un demi-cylindre ; cependant, la première phalange du pouce diffère de ce schéma, dans la mesure où on voit que sa face interne est moins déprimée et moins large que celle des autres doigts[462]. Telle est la forme des phalanges, très différente de celle que Galien leur a attribuée, lorsqu'il l’a décrite à l’image des doigts.Explication de l’articulation de tous les doigts. Premier livre de l’Utilité des parties . Mais il est temps maintenant de contempler la prévoyance de la Nature dans les jointures des doigts, et de ne plus accepter sans discussion le discours de Galien, lorsqu'il se contente d'énoncer que la tête de l’os supérieur entre dans la cavité de l’os inférieur[463] et que les sourcils extérieurs des cavités [tubercules latéraux] saillent davantage et sont plus proéminents que ceux placés à l’intérieur, et lorsqu’il assigne la même forme d’articulation pour toutes les jointures des doigts.Premier livre des Procédures anatomiques . Pour ne rien dire des tendonshh p, r dans la 1e[3e] planche des muscles ; ζ ζ dans la 3e[6e], f, g dans la 7e ; Ξ Π etc. dans la 10e. des muscles, qui donnent un mouvement latéral aux doigts, et que Galien recense aussi bien pour les deuxième et troisième phalanges que pour la première, alors que nous pourrons facilement montrer maintenant que ni la troisième phalange du pouce, ni les deuxième et troisième phalanges des autres doigts ne sont mus latéralement par un mouvement primaire. Articulation de la première phalange du pouce avec le carpe[464]. Donc la première phalange du pouce est unie au cinquième os du carpe [trapèze] par une forme d’articulationii G, a, b, c, d dans la figure 6 du chapitre 25. rare et qui lui est propre, car elle peut avoir un mouvement de flexion, d’extension et se mouvoir latéralement ; elle a été agencée de cette manière pour être davantage utile au mouvement latéral qu’à la flexion et à l’extension. En effet, le cinquième os du carpe a une grande cavité, présentant sur les bords un tubercule élevé, elle est plus profonde en avant et en arrière que sur les côtés. L’extrémité supérieure [base] de la première phalange du pouce est concave transversalement, c’est à dire d’avant en arrière, avec un tubercule de chaque côté, qui s’adapte parfaitement à la cavité du cinquième os du carpe, en s’articulant avec lui pour ainsi dire par une entrée mutuelle, mais qui n’est cependant pas assez profonde pour que le pouce n’ait qu’un seul mouvement, comme c’est le cas pour les autres articulations par entrée mutuelle. Mais puisque le côté interne de la surface [articulaire] de la première phalange du pouce est plus saillant que le côté externe, et qu’il s’enfonce davantage dans la cavité du cinquième os carpien qui est à cet endroit plus profonde, cette première phalange du pouce peut davantage fléchir que s’étendre.Forme de l’articulation de la deuxième phalange du pouce avec la première, et ses mouvements. La deuxième[465] phalangekk Voyez ici dans la figure 1 C inséré dans D. du pouce est articulée avec la première selon la forme de jointure que les Grecs appellent synarthrose. De fait, la partie inférieure [tête distale] de la première phalange du pouce se termine en une petite tête quasi sphérique, entrant dans la cavité sphérique de la deuxième phalange. Mais comme cette tête est plus proéminente transversalement, c’est-à-dire du côté interne au côté externe, qu’elle est plus ou moins oblongue transversalement, et à peine plus déprimée sur les côtés qu’au centre, et qu’enfin la cavité de la deuxième phalange s’adapte parfaitement à cette tête, la deuxième phalange du pouce fléchit et s'étend plus qu’elle ne s’incline latéralement. Cependant, elle pourrait tout aussi bien avoir un mouvement latéral si la petite tête de la première phalange était parfaitement sphérique, et si elle était également comprimée sur les côtés et à l’avant. En raison de la forme de cette articulation (dans laquelle la tête est très déprimée sur le côté interne), la seconde phalange aurait pu fléchir au maximum et former un angle très aigu, mais pour éviter cela, deux osselets que les Grecs ont comparé à un grain de sésamell T dans la figure 1 du chapitre 25. se trouvent à cet endroit. Quant au fait que la deuxième phalange du pouce peut à peine s’étendre au-delà d’une ligne droite, la cause en est la tête de la première phalange,

×Cf. Galien, De usu partium I, 14.
×Vésale ne suit qu’approximativement la description de Galien qui compte huit os du carpe (trois sur la rangée proximale et cinq sur la rangée distale), quatre métacarpiens et trois phalanges pour chacun des doigts ; cf. Galien, De ossibus (éd. Balamius, Paris, 1535, p. 38-40 ; éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 76-78). Mais toute l’explication anatomique de la phalange supposée être la première des trois phalanges du pouce et de son articulation avec le carpe montre à l’évidence que l’os n’a pas la structure d’une phalange, mais qu’il doit être rattaché aux métacarpiens.
×Aujourd’hui, première phalange du pouce ou phalange proximale.
×Il s’agit probablement d’une erreur de vocabulaire. Il s’agit ici des phalanges supérieures dans la terminologie de Vésale, donc ici des phalanges intermédiaires, entre proximales et distales.
×Vésale donne une description détaillée qui correspond au but annoncé (différencier la forme de l’os de celle du doigt) mais garde la vision finaliste de Galien en l’adaptant à cette différence. Le passage sera réécrit en 1555.
×Cf. Galien, De ossibus (éd. Balamius, Paris, 1535, p. 39 ; éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 77).
×On remarquera la variété lexicale de ce passage pour désigner les modes d’articulation.
×Aujourd’hui, première phalange ou phalange proximale du pouce.