Livre I
135

trochanters, ils sous-entendent toujours trochanter externe, qu’ils ont aussi appelé gloutos (fesse) à cause de sa grandeur et d’une certaine ressemblance avec une fesse[500]. La fonction de ces processus est celle de tous les autres processus des os : ils sont disposés comme une colline pour que les muscles puissent bien s’y fixer et que d’autres puissent y avoir un commencement commode. En effet le processus interne [petit trochanter], qui est modérément allongé et peu irrégulier, forme une saillie à cet endroit pour permettre l’insertion des tendons du sixième muscle [muscle grand psoas] et du septième muscle [muscle iliaque] moteurs de la cuissenn L’un est noté Θ, l’autre Λ dans la 8eplanche des muscles ; et aussi c, d dans la 14eplanche.
o c, c dans la fig. 1.
. À la base de ce processus sur la face postérieure du fémur, il y a une ligneo âpre [ligne ou crête pectinéale] qui se dirige obliquement vers le bas et vers l’arrière sur une certaine distance et qui convient à l’insertion du huitième musclepp α dans la 7eplanche des muscles. moteur de la cuisse [muscle pectiné]. Le processus externe [grand trochanter] du fémur est convexe sur sa surface externe, mais sur la surface interne en regard de la tête fémorale, il est concave. Il présente en effet à cet endroit une dépressionqq R dans la fig. 1.
r Voyez x, x, y, z, α dans la 13eplanche des muscles.
rugueuse et irrégulière, dans laqueller le neuvième muscle [muscle obturateur externe] et le dixième muscle [muscle obturateur interne] moteurs de la cuisse s’insèrent. Chez les hommes osseux et avancés en âge, la surface externe qui est convexe présente quatre surfaces déprimées préparées pour recevoir l’insertion de quatre muscless.s Π dans la 9eplanche des muscles (première dépression) ; Σ dans la 10eplanche (2edépression) ; Σ dans la 11eplanche (3edépression) ; Φ dans la 11eplanche.
t s dans la fig. 1.
u T, T dans la fig. 1.
La première surfacet est large et apparaît convexe sur la face postérieure du processus, et le premier des muscles moteurs de la cuisse [muscle grand fessier] s’y implante par une large insertion. De la base de cette surface déprimée une ligne âpreu se dirige vers le bas un peu en oblique à travers l’arrière du fémur. La deuxième surface dépriméexx V dans la fig. 2 se trouve à l’avant du grand trochanter, elle est plus irrégulière et plus rugueuse que la première, et est très concave ; elle sert seulement à l’insertion du deuxième muscle responsable des mouvements de la cuisse [muscle moyen fessier]. La troisème surfaceyy X dans la fig. 2. déprimée est visible près de la face supérieure de ce processus, entre le haut de la première dépression et celui de la deuxième, elle est convexe et reçoit l’insertion du troisième muscle moteur de la cuisse [muscle petit fessier]. La quatrièmezz Y dans les figures 1, 2. se présente à l’apex du processus, elle est beaucoup plus étroite que les trois autres, et admet le tendon du quatrième muscle moteur de la cuisse [muscle piriforme]. Le processus externe reçoit donc l’insertion de ces muscles ; mais sur sa face antéro-externea,a Λ dans la 4eplanche des muscles ; μ dans la 10e. sa base fournit le commencement du muscle qui sera compté comme le septième musclebb De f à G dans la figure 2, et de C à G dans la fig. 3. moteur de la jambe [muscle vaste latéral].La forme du fémur sur toute sa longueur [corps]. Pour ce qui regarde la forme du reste du fémur [c’est-à-dire son corps], l’os est tout entier arrondi [cylindrique] et lisse sur la face antérieure et sur les côtés, et il est entièrement entouré par le huitième musclecc γ dans la 7eplanche des muscles, δ δ dans la 13e. moteur de la jambe [muscle pectiné] ; aussi la face antérieure du fémur près de la base de son col est quelque peu large et rugueuse [ligne intertrochantérienne]dd f dans la fig. 2. pour que ce muscle ait un commencement plus solide et plus large. Mais sur la face postérieure le fémur est plus ou moins angulaire, montrant une ligne remarquablement saillante, rugueuse et irrégulière [ligne âpre] qui se dirige depuis la base des processus du fémur jusqu’au delà du milieu de son corps. Le cinquième muscleff Σ Ξdans la 12eplanche des muscles. moteur de la cuisse[501] s’insère fermement sur cette ligne, quigg ε ε dans la 12eplanche des muscles; est la seule partie de tout le corps du fémur à ne pas être recouverte par le huitième muscle moteur de la jambe. En outre, sur la surfacehh e dans la fig. 1. sous cette ligne, près de la base des têtes inférieures du fémur, le corps du fémur apparaît large, concave, pas du tout cylindrique, ceci afin de procurer un passage plus sûr à la très grande veine qui gagne la jambe avec une artère [veine et artère poplitées] et un nerf [nerf tibial]. Et même si le fémur était convexe à cet endroit, la très grande veine ne pourrait pas dévier de sa route ni s’en éloigner ; car en fait le fémur doit s’élargir et s’épaissir à cet endroit également en vue de produire ses propres têtes inférieures [distales]. Par ailleurs l’axeii De A à I via D, c, c, d, d dans la fig. 1, ou f à H via d dans la fig. 2 ; ou examinez Λ dans les figures intégrales. du fémur n’est pas en droite ligne vers le bas à partir de l’acetabulum de l’os coxal. Mais depuis la tête du fémur le col se porte obliquement très en-dehors et presque transversalement [horizontalement]; et à partir de là le corps du fémur revient à nouveau obliquement vers l’intérieur en progressant vers le genou. La Nature n’a pas imaginé cette figure à la légère, elle mérite tous les éloges et Hippocrate recommande dans son livre des Fractures de la préserver avec grand soin en cas de fracture du fémur[502]. Car toutes les personnes dont le fémur n’a plus cette configuration originelle et qui est donc devenu plus droit qu’il ne convient à l’homme, ont les genoux cagneux et boitent. Nous apprenons cela en voyant tous les jours quelle gêne cela occasionne non seulement pour la course, mais aussi pour la marche et pour la station debout. Et si le col de chacun des fémurs ne se portait pas immédiatement au-dehors à partir de l’articulation avec l’os de la hanche, comme nous l’avons dit, quelle surface resterait-il pour les muscles internes qui entourent le fémur ? Ou pour les nerfs, les veines et les artères qui sont distribués dans toute la jambe ? Ou pour les glandes[503] préposées à la propagation de ces vaisseaux ? Ces derniers ne pouvaient pas descendre par les régions externes de la jambe, car ils auraient été exposés ainsi à être blessés par n’importe quel coup provenant de l’extérieur, à la plus légère occasion. S’il était donc nécesaire de préparer à cet endroit une région pour des veines, des artères, des glandes et un très grand nombre de muscles, le fémur devait nécessairement se projeter au-dehors ou vers l’extérieur, dès l’acétabule. En outre, les personnes dont le col de la tête du fémur est moins porté vers le dehors, ont les surfaces des aines étroites et assez resserrées l’une contre l’autre, et leur cuisse est vilainement inclinée vers l’extérieur en même temps que le genou[504]. Aussi c’est avec raison que toute la forme du fémur est courbe et convexe à l’extérieur, et légèrement concave vers l’intérieur. Et plus encore, la face postérieure du fémur a un aspect camard et concave, et la face antérieure convexe, parce que cet axe du fémur convient à la position assise comme aussi aux nombreuses tâches que nous faisons en étant assis et en posant une cuisse sur l’autre. Pour ne rien dire de la manière exquise dont le fémur laisse ainsi de la place aux muscles qui occupent la région postérieure.

×Galien, De ossibus (éd. Balamius, Paris, 1535, p. 41 : glouton, hoc est natem, appellant ; éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 80).
×Il semble que Vésale réunisse les muscles grand, court et long adducteurs dans le cinquième muscle, cf. J. Vons et S. Velut, A. Vésale. Résumé de ses livres sur la Fabrique du corps humain, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 50 et 124, note 70.
×Les allusions aux livres de chirurgie d’Hippocrate sont moins fréquentes dans l’édition de 1555. Une hypothèse serait que le public visé en 1555 n’est plus le même qu’en 1543, peut-être plus érudit mais moins intéressé par les applications pratiques, qui concernaient au premier chef une partie du public qui assistait aux leçons de Vésale en 1543. Des observations sur le style et le lexique de 1555 seraient un argument dans le sens de cette interprétation.
×Allusion probable aux glandes lymphatiques inguinales.
×Vésale décrit ici deux attitudes vicieuses du fémur, congénitales, accidentelles ou successives à un traitement chirurgical inadapté, entrainant un handicap sur le plan de la motricité, soit un phénomène de coxa valga, quand la tête fémorale est tournée en-dedans avec une déviation de l’axe de la jambe vers l’intérieur au niveau des genoux (genoux cagneux), soit une pathologie, coxa vara, qui fut longtemps confondue avec la luxation congénitale de la hanche, dans laquelle le fémur apparaît plus horizontal, et les jambes arquéees (genu varum de l’épiphysiolyse fémorale spérieure).