Livre I
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ils s’amincissent ensuiteo et finissent avant d’atteindre le centre de la cavité.o O dans la figure 8. Ils sont en forme de croissant de lune, sur le côté interne de la cavité médiale comme sur le côté externe de la cavité latérale. En outre, ils ne sont nulle part plus épais qu’en leur milieu, mais làpp P, P dans la figure 8. où ils sont proches de la face antérieure et de la face postérieure de la tubérosité séparant les cavités du tibia, ils deviennent extrêmement minces et se terminent en sommets acérés. Les sommets joints à la face antérieure de cette tubérosité sont très proches l’un de l’autre, et le cartilage droit rejoint le gauche à cet endroit. Mais les sommets qui approchent de la face postérieure de la tubérosité sont plus distants l’un de l’autre et ne sont pas joints l’un à l’autre, comme le sont les sommets des cartilages sur la face antérieure. De fait, un ligament très épais [ligament croisé postérieur] se détache de cette tubérosité et s’insère sur le fémur, séparant les sommets des cartilages à l’arrière. Les choses étant ainsi[511], on comprend aisément combien talentueusement la profondeur de la cavité est augmentée à l’aide de ces cartilages, non seulement chez les hommes, mais chez tous les quadrupèdes et oiseaux que j’aie vus jusqu’ici. Et puisque des cartilages de ce genre sont placés à l’articulation de leurs genoux, n’importe qui peut très facilement les examiner à table, à condition d’avoir soigneusement examiné le genou, et de ne pas penser comme Aristote et Galien, dans le troisième livre de l’Utilité des parties, que le genou des quadrupèdes se trouve là où la partie inférieure du tibia s’articule avec le talus.De la marche des animaux[512].
Articulation de la fibula avec le tibia.
Voilà donc comment le tibia est articulé avec le fémur. Si la fibula ne monte pas suffisamment haut pour atteindre le fémur, son appendice supérieur [tête] présente sur sa face antérieure une ample cavitéqq Q dans la figure 5. modérément concave et superficielle avec laquelle s’articule une tubérositérr R dans la figure 4. du tibia très peu saillante [facette articulaire fibulaire] située vers l’extérieur, sur la face postérieure du tibia, et encroûtée d’un cartilage semblable à celui de la dépression dans la fibula. En outre, la fibula et le tibia s’articulent en basss X dans la figure 2.
t V dans la figure 2.
d’une façon différente d’en hautt. En effet la face externe du tibia présente une dépression oblongue [incisure fibulaire]u,u S dans les figures 4, 10.
x T dans les figures 5, 6, 11.
dans laquelle entre le côtéx interne protubérant de la fibula, qui est assez rugueux, tout comme est rugueuse également la dépression du tibia que nous n’avons jamais vue encroûtée de cartilage. Car cette dépression et la fabula ne se touchent pas par des surfaces lisses, mais un robuste ligament intervient entre elles, qui les attache ensemble, en les entourant non seulement sur leur pourtour, mais aussi à leur point de contact[513].Endroit où la fibula s’écarte du tibia. Par ailleurs sur le reste de la longueur de la jambe, la fibula s’écarte considérablement du tibiay;y Y entre V et X dans la figure 2. ce n’est pas parce que la fibula a un axe incurvé comme celui du radiuszz De k à k dans la figure 1 du chapitre 24. ni parce qu’elle se situe en arrière du tibia, mais parce que le tibia est si épais en haut et en bas, alors qu’il est fin sur le reste de son corps, que la fibula qui est articulée avec les parties les plus épaisses du tibia, est donc très distante de toute la partie plus fine du tibia. Tourfois l’écart entre la fibula et le tibia est proportionnel au degré de courbure de la fibula. En effet, peu après le milieuaa Z dans les figures 1, 2. du tibia, la fibula s’incurve légèrement vers l’intérieur et vers le tibia, ce qui rend son côté externe camard ou concave. Mais je décrirai de manière plus appropriée l’axe du tibia et de la fibula, les lignes et les parties déprimées sur toute leur longueur, quand j’aurai traité de leurs extrémités supérieures et inférieures par lesquelles ces os s’articulent l’un avec l’autre. Donc l’appendice supérieur du tibia s’articule avec le fémur et avec la fibula comme je l’ai dit ; on voit que la face antérieurebb A, B dans la figure 1 ; et a, b dans les figures 1, 3, 7. de cet appendice est entièrement concave et rugueuse, tout comme la face antérieure du tibia qui est proximale de cet appendice, et qui est appelée antiknémion par un grand nombre de Grecs[514] : cette surface rugueuse reçoit les tendons très robustescc Chiffres 5 et 6 dans la 6e[5e] planche des muscles, et Ω, g, h, i, etc dans la 8eplanche. des muscles moteurs de la jambe ; aussi en vue de ces tendons, l’appendice supérieur [apophyse styloïde] de la fibula est remarquablement saillant à l’apex du côté externed,d c dans les figures 5, 6.
e Ψ dans la 10eplanche des muscles, αdans la 2eplanche.
f χ dans la 2eplanche des muscles et Φ dans la 6e.
pour recevoir le tendon particulièrement robustee du quatrième muscle moteur de la jambe [muscle biceps fémoral]. Ensuite cette partie de la fibula produit le début du septième muscle moteur du pied [muscle long fibulaire]f. Cavités et tubérosités du tibia avec lesquelles le talus s’articule. Les appendices inférieurs du tibia et de la fibula forment ensemblegg d, e, f, g, h dans le fig. 9. une cavité ou une surface [trochlée ou poulie du talus] avec laquellehh Toutes les figures 3, 4, 5, 6 du chap. 33. le talus s’articule par une espèce d’entrée réciproque. Si vous examinez soigneusement les cavités et les tubérosités du tibia et de la fibula, vous imputerez avec raison l’articulation du talus avec le tibia au ginglyme[515]. Nous expliquerons la description du talus quand le moment sera venu : mais maintenant nous devons examiner la cavité du tibia, une très grande cavité à l’extrémité inférieure de l’appendice du tibia, et dans une certaine mesure doublei.i e, f dans les figures 9, 10. En effet, elle est séparée en deux par une tubérosité volumineuse mais peu proéminentek,k d dans les figures 9, 10. avec une dépression manifeste sur chacun des côtés de cette tubérosité. Sur le côté interne [médial] de cette cavité, l’appendice inférieur du tibia se prolonge vers le bas par un grand et robuste processus, dont la face externem,m g dans la fig. 9. en regard de la cavité, est concave et lisse et encroûtée de cartilage comme cette cavité ; mais sur sa face internen,n i dans les figures 2, 3, 9, 10. en regard de l’autre jambe, ce processus est convexe. Et comme il n’est recouvert ni de chairoo κ dans la 2eplanche des muscles.
p k dans les figures 4, 10.
ni de portions de muscles, nous pouvons facilement le tâter : c’est la malléole interne [médiale].La malléole interne [médiale]. À l’extrémité inférieure [distale] de ce processus, vers l’arrièrep, il y a une dépression [gouttière ou sulcus malléolaire] d’oùqq f dans la figure du 1er chapitre du livre II. procède un ligament reliant le cartilage du tibia au talus. Et pour produire un tel ligament, la face antérieurerr l dans les figures 1, 3, 9. de l’appendice inférieur du tibia, à son extrémité inférieure, a également une dépression transversale oblongue, rugueuse et irrégulière, d’où procède un ligament qui attache le tibiass N dans la fig. 3 du chap. 33. au col du talus. La face postérieure de cet appendice, à la base de la malléole interne, est concavett m dans les figures 2, 4, 10 ; et chiffres 1, 2, 3 dans la 15eplanche des muscles. et présente des dépressions permettant aux tendons des muscles qui gagnent le pied de passer par là en toute sécurité, sans dévier de leur chemin, parce que des ligaments transverses les recouvrent. Ces muscles sont au nombre de trois, le cinquième muscleuu Le premier muscle est marqué D, E dans la même planche, le deuxième O, le troisième P.

×Formule de synthèse récurrente.
×Vésale donne ici le titre latin de l’ouvrage d’Aristote (plus souvent cité avec le titre De incessu animalium) dans la traduction publiée par Petrus Alcyonius (1487-1527) à Venise en 1521 et plusieurs fois rééditée, notamment à Paris, chez S. De Colines en 1524. Cf. R. Beyers, J. Brams, D. Sacré, K. Verrycken, Tradition et traduction. Les textes philosophiques et scientifiques grecs au moyen-âge latin. Hommage à F. Bossier, Louvain, 1999.
×Vésale ne semble pas s’attacher à la description des ligaments dont la fonction est cependant essentielle dans les articulations du membre inférieur, qu’il s’agisse de l’articulation tibiofibulaire proximale ou distale (syndesmose), ou de la membrane interosseuse, et s’intéresse essentiellement aux muscles, qu’il considère comme les instruments du mouvement.
×Cf. Hippocrate, De fracturis 18.1.
×Cf. Fabrica I, 4, p. 37.