Livre I
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En effet la patella a pour elle cette caractéristique de n’être articulée avec aucun autre os par des ligaments, mais d’être attachée par les tendons qui passent par l’articulation du genou, ce qui la lie très solidement au fémur.Substance de la patella. Chez les personnes âgées, la substance de la patella est très dure et compacte, même si Galien[526] prétend qu’elle est cartilagineuse sur sa surface externe ; Marinus[527], avec d’autres éminents anatomistes, a également mis la patella à part comme un os cartilagineux, et il intitule le chapitre consacré à la patella Des os cartilagineux. Ces auteurs avaient peut-être en esprit la substance des tendons auxquels la patella est attachée ; une fois bouillie, cette substance prend l’aspect d’un cartilage assez mou, ressemblant aux surfaces d’origine ou d’insertion des ligaments et des têtes nerveuses des muscles. Mais quand la patella est correctement nettoyée de ces tendons, on voit que loin d’être cartilagineuse, elle est au contraire très compacte et solide, non seulement chez les hommes, mais aussi chez les bovins, les ovins et tous les autres quadrupèdes : l’Artisan des choses a placé devant l’articulation de leur genou une patella beaucoup plus allongée et plus étroite que chez les hommes, tout comme il a prévu une patella plus large et plus courte pour la plupart des oiseaux.Fonctions de la patella. La patella est donnée aux hommes et aux animaux susdits pour que l’articulation du genou ne puisse pas avoir d’extension angulaire en avant mais qu’elle puisse se redresser sur une ligne droite à partir d’une flexion angulaire. En outre, elle sert principalement à prévenir une luxation du fémur en avant, hors des dépressions du tibia, lors de la flexion de la jambe. Nous connaissons[528] surtout cela par les personnes chez qui la patella a été déplacée ou brisée accidentellement en deux : dans ce cas, elle monte beaucoup plus haut que les têtes fémorales inférieureshh E, F dans la fig; 2 du chap. 30.. Ces personnes fléchissent la jambe avec grande difficulté, et descendent les escaliers et les lieux en pente en courant de très grands riques, car leur fémur glisse continuellement en avant lorsque l’articulation du genou a perdu de sa fermeté.

Chapitre XXXIII. Les os du pied.
Première figure du trente-troisième chapitre. Seconde.

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Troisième, quatrième, cinquième, sixième figures et, en dessous, rangées dans l’ordre, les septième, huitième et neuvième figures.

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×Galien, De ossibus (éd. Balamius, Paris, 1535, p. 43 ; éd. I. Garofalo et A. Debru, Paris, 2005, p. 81).
×L’anatomiste alexandrin Marinus est une des autorités antiques citées par Vésale, probablement à travers le proemium du traité De propriis libris de Galien. Cf. Fabrica I, 6, p. 32, note 96.
×Remarque intéressante sur le rôle de l’expérience dans le savoir médical ; l’exemple a déjà été cité dans le chapitre 30 à propos de chirurgie orthopédique.