Livre I
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Espaces entre les os du pied [métatarsiens]. Là où les os du métatarse sont joints au tarse, ils sont épais et ils se touchent sur leurs côtés, ils s’articulent les uns avec les autres en partie par arthrodie, par des surfaces planes et lisses. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne du tarse en direction des orteils, ces os deviennent plus fins, et ont entre eux un espacex,x v, v dans les figures 1, 2.
y L dans la 15eplanche des muscles.
dans lequel se trouve la substance[558] musculairey qui sert à fléchir la première phalange des orteils. Pour fournir un espace plus approprié à cette substance, les os ne sont pas aussi fins ni ténus sur la partie supérieure que sur celle qui regarde le sol.Articulation avec les doigts [orteils]. Là où les os du métatarse s’articulent avec les orteils, ils sont en tout point semblables à ceux du métacarpezz C et D dans la figure 1 du chapitre 27. Recherchez à partir de là les autres articulations des doigts [orteils].
a ξ ξ dans les figures 1 et 2.
, ils ont un appendice qui se termine par une tête arrondiea entrant dans la cavité de la première phalange des orteils. À l’endroit où il s’articule avec le tarse, l’os du métatarse placé devant l’hallux a un processus sur la partie inférieurebb ϖ dans la figure 2. en contact avec le sol, sur lequel s’insère le septième muscle moteur [muscle long fibulaire]cc V, X et Y dans la 15eplanche des muscles. du pied. Et de la même façon, l’os du métatarse soutenant le petit doigt [V] montre, à l’endroit où il s’articule avec le tarse, un processusdd ρ dans la figure 2. de grande taille excédant le côté latéral du pied, sur lequel un tendon du huitième muscle moteur du pied [muscle court fibulaire]ee a et b dans la 15eplanche des muscles. tente une insertion.LES DOIGTS DU PIED [ORTEILS]. Après les os du métatarse viennent les os des doigts [phalanges des orteils]ff Λ, Ξ dans les figures 1, 2. De i, i à h, h dans les figures intégrales.
g ς, τ, υ dans les figures 1, 2.
h φ, χ dans les figures 1, 2.
; tous sont formés de trois phalangesg comme les doigts de la main, excepté le pouce [hallux] qui est formé autrement et qui n’a que deux phalangesh, de telle sorte que la partie antérieure de la surface concave du pied puisse s’appuyer sur le sol avec plus de fermeté ; y contribuent grandement aussi les osseletsii ψ, ω dans la figure 2. , que, dans ma description des sésamoïdes, j’ai placés près de la première articulation de l’hallux. En effet dans ce chapitre[559] nous avons traité les osselets de la main en même temps que ceux du pied (car ils s’expliquent de la même façon).Le pied a un os de moins que la main, contrairement à l’opinion de Galien. Que le pied ait un os de moins que la main est manifeste. Il y a vingt-sept os dans la main, sans les sésamoïdes : huit du carpe, quatre du métacarpe, quinze des doigts. Le pied n’a que vingt-six os : le calcaneum, le talus et l’os naviculaire, quatre os du tarse, cinq du métatarse et quatorze des doigts. J’ai considéré que je devais ajouter ceci, à cause de Galien, qui dans le second livre des Commentaires sur le livre des Fractures d’Hippocrate (dans le passage où il dit que le pied de l’homme est formé de nombreux petits os comme la main), il écrit que le pied compte vingt-sept os comme la main ; mais sans réfléchir, par Hercule[560], au fait qu’il compte deux fois l’os cuboïde, ou bien qu’il compte quatre os dans le tarse en plus de celui-là. Il fait encore la même erreur dans le même livre en disant que les quatre os du tarse s’articulent avec l’os cuboïde et avec l’os naviculaire. Mais cela suffit bien pour tous les os de la fabrique humaine[561]. Et nous devons maintenant considérer les ongles et le petit nombre de cartilages restants si nous voulons mener à bien notre projet, c’est-à-dire la description de tout ce qui affermit, supporte et soutient le corps.

Chapitre XXXIV. Les ongles.

[Illustrations]

Sur ces deux figures[562], nous avons dessiné un ongle[563], tel qu’on le voit d’habitude, quand il a été enlevé d’une main ou d’un pied bouillis en vue de la préparation du squelette. La figure de droite[564] qui porte des caractères, montre la surface interne de l’ongle c’est-à-dire la surface concave, l’autre montrant sa surface convexe. A indique ici la partie de l’ongle visible sans disséquer. B indique la partie qui est molle, qui n’est jamais exposée [au regard] et qui doit être considérée comme la racine de l’ongle.

Pourquoi les doigts ont des ongles. Les doigts des mains et des pieds ont été ornés d’ongles par le suprême Artisan des choses, afin de les rendre plus fermes. En effet les parties charnues à l’extrémité des doigts ne peuvent prendre que des corps mous. Mais les corps qui sont durs et qui, à cause de cela, résistent et repoussent avec force cette partie charnue ne pourraient jamais être saisis par les doigts si ceux-ci n’avaient pas d’ongles. Car cette partie charnue, qui consiste en une forme de graisse assez dure sous la peau, comme nous l’enseignerons plus tard[565], manque de fermeté puisqu’elle est repoussée en arrière et cède. L’homme tire beaucoup d’avantages des ongles, s’ils ne sont ni plus longs ni plus courts que l’extrémité des doigts : par exemple il peut gratter, racler, déchirer, écorcher, arracher.La nature des ongles est appropriée [à leurs fonctions]. Le suprême Artisan des choses a donné aux ongles (qui sont considérés comme des protections contre les blessures et les brûlures) le meilleur degré de dureté : s’ils avaient été plus durs, ils auraient été faits à la ressemblance des os, ils auraient été plus appropriés pour saisir un objet, en ce sens qu’ils n’auraient pas pu se retourner ni fléchir en arrière, mais ils se seraient cassés avec une très grande facilité, comme toute chose dont la nature est dure et fragile. Aussi, l’Artisan des choses veillant en même temps à la sécurité et à la force, a fait les ongles moyennement durs, de telle sorte qu’ils soient aptes à toutes les fonctions pour lesquelles ils ont été créés, mais qu’en raison de leur mollesse ils

×Cf. Fabrica II, chapitre 60.
×Cf. Fabrica I, chap. 28.
×Vésale utilise volontiers cette interjection latine, réservée aux hommes dans l’antiquité romaine, comme synonyme de sane (assurément).
×Ici s’achève le texte Des os de Galien. Les chapitres suivants sont consacrés à plusieurs composants entrant aujourd’hui dans la définition de l’appareil épithélial. Leur rattachement aux os est certes inexact, mais en les regroupant in fine, Vésale montre qu’il a pressenti leur spécificité (voir en particulier les dernières lignes du chapitre 34).
×Il s’agit des deux schémas juxtaposés.
×L’ongle, comme les autres phanères (poil, plume, bec ou corne) résulte d’une kératinisation de l’épiderme.
×Il s’agit de la figure gauche. Cette inversion due à l’impression de la gravure a déjà été souvent mentionnée dans le livre I de la Fabrica.
×Cf. Fabrica II, chapitre 5.