Livre I
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qui reçoit de manière très sûre les processus du premier cartilage. La partie inférieurett L dans les figures 6, 7, 8. du deuxième cartilage, là où il constitue l’arrière du larynx, apparaît plus fine et descendant plus bas que le reste de la partie inférieure. Et cela, de telle sorte que les musclesuu P dans la figure 6 du chapitre 21 du livre II. qui s’étendent le long du deuxième cartilage et s’insèrent sur le troisième cartilage puissent ainsi avoir une origine d’un lieu plus étendu. Ce cartilage n’a reçu aucun nom et nous l’appellerons donc le cartilage sans nom. Toutefois si on veut le nommer, après avoir attentivement examiné sa forme, et si on veut le comparer avec quelque chose d’autre afin de lui attribuer un nom par analogie, aucune comparaison ne conviendra mieux que celle avec l’anneau que les archers Turcs enfilent sur leur pouce droit afin de tendre leur arc avec plus de force[592]. La face de cet anneau en regard de la partie interne [latérale] du pouce ressemble à la face antérieure du deuxième cartilage, mais celle qui protège le pouce sur la face externe [médiale] correspond exactement à la région postérieure du deuxième cartilage : comme on peut le voir d’après le dessin de l’anneau [dans la marge].TROISIÉME cartilage du larynx [aryténoïde]. Les Grecs ont appelé le troisième cartilage du larynxxx L’ensemble des figures 9, 10, 11, et 1 dans les figures du chapitre 21 du livre II. : le cartilage arytenoïde et l’arytena, parce que, quand il est encore intact [en place] et recouvert par la membrane ou la tunique tapissant l’intérieur de la trachée, il ressemble beaucoup à la partie [bec] d’une aiguière par où nous versons de l’eau pour ceux qui veulent se laver les mains. La comparaison avec le bec des aiguières convient mieux à cette partie que celle avec des baquets de bois avec lesquels nous voyons les marins vider la sentine ou les jardiniers arroser les jardins ; mais même si les Grecs semblent avoir comparé ce cartilage à des seaux ou à des récipients de ce genre, la comparaison n’était pas avec l’ensemble du récipient, mais avec son bec. Quoi qu’il en soit, tous les professeurs de dissection ont décrit ce troisième cartilage du larynx comme un cartilage unique et simple [d’une seule pièce], alors qu’en fait il devient double, quand on le libère de ses membranes : il consiste en deux cartilagesyy R, S dans les figures 9, 10, 11. joints l’un à l’autre de façon assez lâche, au moyen seulement de ligaments et de la membrane tapissant le larynx. L’un d’eux est attaché au côté droit du deuxième cartilage, l’autre au côté gauchez,z Q, P dans les figures 6, 7, 8.
a V, X dans les figures 10, 11.
ayant une surface concavea, lisse et assez profondément creusée, qui reçoit le tubercule du deuxième cartilage. Il est ainsi articulé de telle sorte qu’il puisse bouger vers la cavité interne du larynx puis revenir à sa place, c’est donc le plus mobile de tous les cartilages du larynx. Chacun de ces deux cartilages a une large base et se termine en un processus allongébb Y dans les figures 9, 10., s’étendant dans l’intérieur du larynx. Les parties supérieurescc Z dans les figures 9, 10, 11.
d T dans les figures 10, 11.
de ces cartilages s’écartent progressivementd l’une de l’autre depuis la base et deviennent plus molles, plus fines et grasses et enfin se rejoignent ; là où la partie supérieure du cartilage droit rejoint la partie supérieure du cartilage gauche, cela forme la surface du larynxee l dans les figures 3, 9, 10, 11 du chapitre 21 du livre II. qui est comparable au bec des vases par lequel nous versons de l’eau sur les mains, comme nous l’avons rappelé précédemment. Et cette partie du larynx est suffisamment molle et flexible pour s’incliner en avant dans la cavité interne du larynx lorsqu’il y a vomissement, et recouvrir ainsi la trachée si parfaitement qu’aucune particule de vomi ne puisse se glisser en elle. Par ailleurs, même si ce troisième cartilage est double, s’il est formé de deux cartilages, nous ne le compterons cependant pas comme deux cartilages, mais en suivant les autres Anatomistes, nous le tiendrons pour un seul, et nous l’appellerons troisième cartilage pour éviter de perturber plus qu’il ne faut les opinions de ceux qui ont compté les cartilages plutôt qu’ils ne les ont décrits.L’OPERCULE DU LARYNX. Donc, en plus de ces trois cartilages, il y en a encore un autreff L’ensemble des figures 12 et 13, et L dans les figures 3, 4, 5, 6 et 11 du chapitre 21 du livre II., qui est mou, dont la substance est tout à fait semblable à celle de la partie supérieure du troisième cartilage. Il forme avec art l’opercule du larynx, empêchant soigneuseusement toute arrivée de nourriture ou de boisson dans le larynx. Cet opercule provient d’une large basegg a dans les figures 12 et 13. arquée vers l’avant, de la région interne du cartilage thyroïde jusqu’à la partie plus élevée ; à partir de là l’opercule s’avance vers l’intérieurhh b dans la même figure. en formant l’image d’un triangle : sa base est formée par l’origine de l’opercule à partir du cartilage thyroïde ou par son articulation avec ce cartilage. Le sommet du triange est la partie qui s’étend vers l’intérieur, pour ainsi dire en direction de la région de l’œsophage. Le corps du cartilage en regard du palais est convexe et assez mou ; quand il est attaché au larynx, il est concave et creux et beaucoup plus dur que dans sa partie supérieure. À l’extrémité inférieure en regard de l’œsophage, ce corps est beaucoup plus mou et est recouvert d’une membrane grasse dont la nature rappelle celle du ligament. Mais là où il se joint au cartilage thyroïde, il est aussi très gras et n’est visiblement pas aussi dur qu’en son milieu.La languette ou fente [glotte] du larynx est le principal organe de la voix. Plusieurs ont pensé que ce corps est le principal organe de la voix, en l’appelant indistinctement glottis et epiglottis ; alors qu’en fait les anciens professeurs d’Anatomie ont signifié par ces noms des parties distinctes et complètement différentes. En effet le terme de glottis indique la fenteii c dans la figure 11 du chapitre 21 du livre II ; et d dans les figures 12 et 13.
k Y, Y dans les figures 9, 10.
du larynx au milieu de la cavité du larynx formée par deux processusk du troisième cartilage recouverts d’une membrane grasse : nous démontrerons dans le cinquième livre[593] qu’elle est l’organe principal de la voix. On a appelé cette fente glotte ou lingula [petite langue ou languette], par similitude avec les lingulæ [anches] que nous voyons formées par deux fines lames de roseau pressées ensemble dans les flûtes[594]. Par ailleurs on appelle epiglottisll Comparez L avec c dans les figures 11 du chapitre 21 du livre II. l’opercule du larynx, placé au-dessus de la lingula susdite du larynx, pour empêcher toute nourriture d’y pénétrer. Quant au fait que les médecins de notre siècle ignorent cela, ils en sont non seulement responsables, puisqu’ils ne font que suivre les jugements des autorités, sans avoir recours à la dissection, mais Celse lui-même a mal compris ces termes (comme beaucoup d’autres qui concernent l’Anatomie)[595]: il appelle l’opercule du larynx une petite langue [exigua lingua]

×Vésale actualise ici une comparaison avec l’anneau des archers thraces, déjà présente chez Galien (De usu partium VII, 3) et reprise telle quelle dans l’Epitome, ibid., p. 16.
×Erreur pour sixième livre (chap 4).
×Dans ce chapitre riche en découvertes, on remarquera l’importance des analogies de forme qui permettent au lecteur de «  voir » des structures anatomiques qui lui sont encore inconnues.
×Celse, De medicina IV, 3 (exigua in arteria sub ipsis faucibus lingua), in J. Henderson, Celse, De medicina VIII, The Loeb Classical Library, t. I, Londres, 2002 (réed.), p. 354-355.