Livre I
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Posez les pieds sur ce cercle, et avec l’aide d’un assistant, faites en sorte d’assembler le reste des jambes sur les pieds, et introduisez les têtes des fémurs dans les acétabules des os coxaux, de telle sorte que vous puissiez mesurer correctement, avec un fil ou avec une baguette, la distance séparant la surface du cercle du bas du foramen creusé dans le sacrum pour le passage de la moelle spinale. Cette distance vous apprendra de quelle longueur doit être la barre de fer qui sera fixée sur le cercle et insérée dans le canal médullaire passant par le sacrum et par toutes les autres vertèbres, pour soutenir élégamment l’ensemble du squelette. Cette barre de fer doit pouvoir être solidement fixée au milieu du cercle avec des clous, et de là jusqu’à la partie inférieure du foramen susdit, elle peut être ronde ou carrée ; mais ensuite, plus haut, elle doit être plus large qu’épaisse, de telle sorte qu’elle puisse être pliée en suivant la courbe du rachis et que les vertèbres puissent s’y fixer sans se déplacer ou se tourner. La barre de fer sera donc d’abord plus fine à l’endroit où elle soutient le sacrum et l’empêche de s’affaisser. En effet, si cet os n’était ni affermi ni soutenu, les autres vertèbres descendraient lentement en même temps que lui, et au fil du temps, les jambes du squelette se tordraient vilainement. Voilà pourquoi la distance depuis le cercle jusqu’au bas du foramen du sacrum doit être soigneusement mesurée. Il faut moins se préoccuper du reste de la longueur de la barre de fer ; et si par hasard elle trop longue, on pourra facilement la couper quand les os seront assemblés. Si vous avez envisagé de placer le squelette dans une boîte, il sera très utile que la barre de fer soit plus longue que le squelette, d’environ deux mains ; ainsi, la portion de la barre de fer dépassant du sommet de la tête pourra être fichée dans un trou percé au sommet de la boîte et y tourner. Quand la barre en fer sera fixée perpendiculairement au socle, creusez avec un couteau pointu le foramen du sacrum façonné pour le passage de la moelle spinale, de façon à y introduire facilement la barre. En effet, comme ce foramen est par nature assez étroit et très oblique, on ne pourrait pas y enfoncer la barre, si on ne l’élargissait pas, comme nous l’avons dit, pour enfoncer dans le sacrum la pointe du fer jusqu’à l’endroit où nous avons dit qu’elle ne peut plus être ronde ou carrée ; et si par hasard cette partie vous semble peu convenir pour soutenir le sacrum, il sera utile de limer la surface du fer et ensuite de l’entourer d’un fil de cuivre, pour soutenir le sacrum de manière efficace. Ce dernier ainsi affermi, attachez les têtes des fémurs aux acétabules des os coxaux avec un fil épais, en examinant avec soin le degré de torsion en dehors et en dedans, pour éviter de vilainement tordre les jambes en les attachant, ou de fixer les patellas plus en regard de l’intérieur des cuisses que sur leur face antérieure, ce qui arrivera inévitablement si vous ne joignez pas avec exactitude les têtes et les cavités. Quand vous aurez fait cela, il ne faut pas tordre le fil sur lui-même à cet endroit, avant d’avoir fixé les pieds au disque et aux tibias de la manière que vous jugerez la plus élégante. Vous obtiendrez ce résultat surtout d’après la forme du bâton sur lequel les mains vont prendre appui : une faux de moissonneur exige une position, un javelot une autre, une lance, un trident de Neptune ou tout autre outil qu’il vous plaira encore une autre.
   Ensuite, toutes les vertèbres doivent être ajustées en rang ; ce sera facile en observant leur emplacement et leur ordre, ce que la forme des vertèbres et leur façon de s’articuler montrent sans peine. Donc, dès que vous les aurez toutes disposées dans l’ordre sur une table, joignez les cinq vertèbres lombales ensemble par les deux articulations qui sont faites sur les côtés de leurs corps avec le ligament cartilagineux qui les maintient [disque intervertébral] et qui est placé entre les corps vertébraux, comme il a été dit précédemment ; prenez sur la feuille où vous les avez placés dans l’ordre uniquement les ligaments de ce genre, en laissant toujours en place celui qui se trouve entre les vertèbres que vous n’assemblez pas maintenant, par exemple le ligament ou le cartilage intermédiaire entre le sacrum et la vertèbre lombale inférieure, et celui placé entre la vertèbre lombale supérieure et la vertèbre thoracique inférieure. Lorsque vous aurez assemblé les vertèbres lombales, les six vertèbres thoraciques inférieures seront assemblées, et enfin les six vertèbres thoraciques supérieures avec la vertèbre cervicale inférieure. Il n’est pas nécessaire d’assembler les autres vertèbres cervicales, parce qu’elles sont collées par un cartilage intermédiaire au corps de la vertèbre inférieure et parce que, même sans être assemblées, mais en étant seulement traversées par la barre en fer, elles restent en place, sans être immobiles comme les vertèbres thoraciques qui doivent soutenir les côtes. Dès que vous aurez assemblé ces vertèbres, selon la méthode que j’ai prescrite, et avant d’y introduire la barre en fer, arrangez les vertèbres lombales ainsi assemblées sur la barre en fer, en respectant soigneusement leur position et l’inclinaison, puis assemblez la vertèbre lombale inférieure au sacrum de la même façon que vous avez attaché auparavant les vertèbres lombales entre elles. Ensuite, ajoutez les vertèbres thoraciques inférieures, en pliant toujours la barre le plus soigneusement possible, comme ce sera nécessaire, en joignant la vertèbre thoracique inférieure à la lombale supérieure. Les vertèbres thoraciques supérieures seront ajoutées aux précédentes de la même façon, et quand la dernière de ces vertèbres aura été attachée à la vertèbre supérieure de la série déjà disposée sur la barre, ajustez un bâton assez épais, long et teint en noir, fixé au dos de la barre en fer, que vous introduirez en l’enfonçant le plus possible entre cette barre et les vertèbres, de telle sorte qu’il maintienne plus fermement les vertèbres contre la barre et qu’il les empêche absolument de se déplacer et donc d’entraîner tout le thorax dans un mouvement de torsion, d’un côté ou de l’autre, ce qui serait laid.
   Pour fixer le crâne sur la barre, il est nécessaire de creuser au sommet du crâne un trou correspondant exactement au calibre et à l’épaisseur de la barre de fer, de telle sorte qu’une fois transpercé par elle, le crâne ne puisse pas tourner d’un côté ou de l’autre à la moindre occasion. Selon que vous aurez décidé d’avoir une position exactement frontale ou latérale,