Livre III
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Pourquoi et à quel endroit des glandes sont disposées aux divisions de vaisseaux La Nature a entouré les veines et les artères non seulement de tuniques individuelles, mais également d'une membrane au moyen de laquelle le vaisseau est bien attaché aux parties adjacentes et chemine en toute sécurité. De même, comme elle n'ignorait pas que n'importe quel vaisseau est plus exposé à être endommagé à l'endroit où il se scinde en branches, elle a disposé, en plus des membranes ci-dessus, une substance un peu molle et modérément souple afin de protéger cette scission : elle a ainsi rempli les bifurcations des vaisseaux avec des groupes de cette substance [ganglions lymphoïdes][18]et les a disposés aux divisions des branches et autour d'elles, de sorte qu'aucune de ces branches ne puisse se rompre ou être fragilisée. Mais puisque ce sont des mouvements violents qui risquent le plus d'endommager les endroits où les vaisseaux se divisent, et que les vaisseaux gagnent à reposer sur une substance molle et modérément souple, qui les protège ainsi de tout choc et les laisse indemnes, en dépit de la violence des mouvements, la Nature n'a pas disposé au hasard cette substance aux endroits où les vaisseaux se séparent, mais elle l'a fait de la manière suivante. Elle en a introduit très peu, ou pas du tout, aux endroits où les vaisseaux se séparent sans être suspendus ou sans être appuyés sur des articulations qui donnent un mouvement de flexion ou d'extension en angle aigu, parce qu'elle avait prévu que ce type de division de vaisseaux ne serait pas endommagé à la suite d'un mouvement violent. Mais lorsque les vaisseaux se séparent dans des endroits où ils sont suspendus à une membrane ou bien s'ils se présentent à une certaine distance au-dessus des articulations qui ont un mouvement en angle aigu -et il y a beaucoup d'endroits de ce genre -, la Nature les a entourés d'une grande quantité de la substance dont nous parlons, comme on peut le voir sur l'ensemble de la veine porteaVoyez ceci dans la fig. 3 du livre V, fig. 4 à η,η, et fig. 10 à L,L,M,M qui est supportée uniquement par des membranes tout au long de son chemin vers l'estomac, la rate et les intestins. De même vous apprendrez en disséquant que pour une raison identique cette substance a été produite dans les membranesbb Fig. 1, livre VI, à K,O,N,M et Fig. 2, à F,G,G,I,I séparant la cavité thoracique et aussi au-dessus des testicules [colliculi supérieurs]cc H dans la fig. 6, livre VII ; V,L etc. dans la fig. 7 du cerveau (parce qu'il y a des veines suspendues à cet endroit). Je montrerai dans la suite de l'exposé que ce genre de substance se trouve aussi aux endroits où les vaisseaux se séparent sous l'extrémité supérieure de l'os de la poitrine [manubrium], sous les oreilles,dd A dans la planche I des muscles
e M dans les fig. 2 et 3, chap. 21, livre II.
au sommet de la trachéee,edans les aisselles, dans le pli du coude, dans les aines,ff l dans la planche I des muscles dans le poplité et dans beaucoup d'autres endroits, à cause du mouvement des parties adjacentes et du grand nombre de divisions de vaisseaux à ces endroits.Le nom de la substance des glandes. Cette substance est molle Pour les Grecs, le nom général de cette substance est aden et onkos, pour les Latins, « glande, petite glande, ganglion »[19]. C'est la plus molle de toutes les parties du corps et la plus exposée aux fluxions. Il n'aurait pas été juste que les parties du corps accomplissant une fonction moins importante que les autres fussent plus vigoureuses que ces autres, elles devaient donc avoir moins de forces et être formées de manière plus appropriée à recevoir les excréments[20].Différenciation des glandes par le nom, la couleur et l'aspect Par ailleurs la substance de leur corps varie par la couleur, l'aspect, le nom, la dureté. Certaines substances sont assez molles, rouges et n'ont pas du tout l'aspect d'un gland [de chêne], par exemple cellegg i dans la fig. 12, livre V qui est placée au début de l'intestin grêle, non loin de l'orifice inférieur de l'estomac ou cellehh η, η dans les fig. 3 et 4, livre V qui se trouve dans la région supérieure de la membrane inférieure de l'omentum, sous l'estomac. Cette dernière [pancréas] est rouge, surtout chez les chiens, molle et de chair uniforme en toutes ses parties, aussi les Grecs la nomment-ils pancreas et kallikreon. La glande qui se trouve dans la gorge à l'arrière de l'os de la poitrine [sternum]ii F dans la fig. 2, livre VI ressemble à celle susdite par l'aspect et est appelée thumos [thymus] par les Grecs, tandis que les Latins la nomment « glande », comme toutes les autres. Par ailleurs, on rencontre encore dans tout le corps, ici et là, une autre espèce de glandekL dans la fig. 7, livre VII plus dure que la glande précédente, elle ressemble à un gland de chêne et reçoit un nom particulier en fonction des parties du corps [où elle se trouve]. À cette catégorie appartient la glande en forme de pomme de pin [corps pinéal] dans le cerveau, et peut-être peut-on recenser comme telles les glandes blanchâtres [glandes lymphatiques] qui sont distribuées dans le mésentère[21].Différenciation par la fonction Mais la structure de l'homme possède également d'autres glandes, qui ont d'autres fonctions que d'être préposées là où les vaisseaux se séparent. Parmi elles, on compte la glande [hypophyse]mm A dans les fig. 16 et 17, livre VII recevant la pituite du cerveau et la conduisant vers le palais, les amygdales,nn F dans la planche VI des muscles celles qui sont des glandes attachées à la base du larynx [thyroïde],oo L dans la même planche
p ξ dans les fig. 22 et 23, livre V
le corps glanduleux [prostate]pattaché au col de la vessie chez l'homme, sur lequel s'insèrent les vaisseaux déférents transportant la semence, comme nous l'enseignerons, et qui n'est d'aucun secours dans la séparation des vaisseaux. Je détaillerai en lieu approprié la fonction particulière à laquelle les glandes mentionnées plus haut ont été préposées ; pour le moment, il suffit de rappeler que les glandes se trouvent aux endroits où les vaisseaux se séparent, et qu’elles ne sont pas toutes utiles seulement pour les vaisseaux : certaines peuvent humidifier les canaux, par exemple les glandes placées dans le mésentère et celles qui longent le duodénum afin d'humecter les intestins d'une humeur visqueuse, selon l'opinion de ceux qui enseignent l'anatomie.Galien à la fin du livre II de la Semence D'autres encore sont destinées à remplir les sinus et les cavités, comme celles qui se trouvent tout au fond de la gorge sous la base des oreillesqq A dans la planche I des muscles et celles qui remplissent les creux des aisselles et des ainesrr l dans la planche I des muscles Outre le fait qu'elles servent à générer le lait, les glandessC,D,D dans la fig. 25, livre V situées dans les seins affermissent également les divisions des vaisseaux et leur donnent de la vigueur. Mais de tout cela, comme je l'ai affirmé tout à l'heure, nous discuterons suffisamment en lieu propre ; avançons maintenant dans notre exposé sur la disposition des veines.

×Geniculatim est un adverbe formé sur geniculum (petit genou), avec le sens de « nœud, grappe ». Il caractérise la présentation groupée des ganglions de la chaîne sympathique. Cf. Epitome (trad. J. Vons et S. Velut), p. 129 note 133.
×Vésale utilise un seul nom glandula pour toutes les glandes : les ganglions lymphatiques, le thymus, l'hypophyse, le pancréas....
×Résultant de la digestion.
×La couleur des glandes est probablement due à celle de la lymphe. Vésale la compare à la couleur du lait. L'édition 1555 de la Fabrique contient un nouveau développement sur les glandes lymphatiques (p. 441-443).