Livre VII
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Septième livre de la Fabrique du corps humain d’André Vésale de Bruxelles consacré au cerveau, siège de la faculté animale, et aux organes des sens ; comme les deux livres précédents, il commence par la présentation de presque toutes les figures qui le concernent.
Première figure du septième livre.

[Illustration]

Index des caractères typographiques[1] de la première figure.

La première figure du septième livre représente une tête humaine, telle que les anatomistes l’ont séparée du cou et de la mandibule pour montrer le cerveau[2]. En outre, nous avons enlevé en la sciant sur sa circonférence la partie du crâne qu’on enlève habituellement pour voir tout ce qui est contenu dans la cavité du crâne. Vous jugerez facilement de la taille de cette partie, en examinant la septième figure du sixième chapitre du premier livre, qui montre la surface interne de la partie du crâne enlevée ici[3]. Donc, comme cette figure précède toutes les suivantes dans l’ordre de la dissection[4], nous l’appelons avec raison la première figure du septième livre : elle montre la dure-membrane [dure-mère] du cerveau encore intacte, sans aucun trou ni lésion[5] ; nous avons toutefois déchiré les liens de la membrane même, qui s’étendent à travers les sutures de la tête pour former une membrane qui est nommée perikranion[6] parce qu’elle enveloppe le crâne. Avec ces fibres, nous avons également rompu les petits vaisseaux, qui passent par les petits foramina et les sutures du crâne, et que l’on pense communs à la dure-membrane et à celle qui enveloppe le crâne[7]. Par ailleurs, deux cercles entourant la figure sont visibles : le cercle inférieur est formé par la peau et les membranes placées par-dessous, le cercle supérieur par le crâne même[8]. Toute la partie ceinte est la dure-membrane du cerveau, sur laquelle ont été indiqués tous les caractères visibles sur la figure. Chaque caractère est expliqué individuellement ci-dessous.

A,ACôté droit de la dure-membrane [dure-mère] du cerveau, ou partie de cette membrane enveloppant le côté droit du cerveau [hémisphère cérébral droit].
B,BCôté gauche de la dure-membrane du cerveau.
C,C,CTroisième sinus de la dure-membrane [sinus sagittal supérieur], s’étendant sur toute la longueur[9] de la tête ; sur cette figure,
×Littéralement : index de la figure et de ses caractères typographiques.
×Cette technique permet de présenter le cerveau maintenu dans son « réceptacle », une boîte crânienne stable sur la table de dissection, et dont la base sera pratiquement horizontale.
×Vésale prend soin de réaliser cette craniectomie suffisamment basse, en sorte que celle-ci se situe juste au-dessus des sinus latéraux (bien vus et indexés « P » sur la septième figure). Ceci lui permet de réaliser une coupe horizontale basse des hémisphères cérébraux et d'exposer ainsi le corps pinéal (indexé « L » sur cette même figure). Une telle craniectomie aurait aussi autorisé une extraction aisée des hémisphères cérébraux après section du mésencéphale, en vue d'observer la base du cerveau par une vue inférieure, manipulation qu'il ne fera pas, en tout cas ne montrera pas.
×Le caractère pédagogique de cette succession de figures, ordonnée étape par étape de la dissection, est ici évident, encourageant ses lecteurs avertis à l'imiter.
×Vésale suggère implicitement que la craniectomie ainsi réalisée doit être en mesure de conserver la dure-mère intacte. Ceci est plus facile à obtenir chez un sujet âgé de moins de 50-60 ans, sachant qu'avec l'âge la dure-mère adhère de plus en plus à la corticale interne de la voûte. Pourtant, le sujet ici représenté n'est pas jeune. Ainsi cette manipulation peut se révéler difficile mais elle n'est pas détaillée par Vésale (instrumentale ou manuelle ?).
×Ceci correspond au périoste de la voûte du crâne.
×Il existe en effet des foramina, le plus souvent proches des sutures, traversés par des veines de taille variable dites « veines émissaires » reliant le système veineux intra-dural et les veines du scalp. Hormis quelques-unes quasiment constantes et de bon calibre (telle la veine émissaire mastoïdienne), ces veines sont de situations et de tailles variables – la plupart de petit calibre – mais un peu plus nombreuses de part et d'autre du sinus sagittal supérieur. Quoi qu'il en soit, Vésale note bien le fait que décalotter ainsi la boîte crânienne impose la rupture de fibres périostées (cf. p. 606 note 15) et de veines, ce qui est tout à fait juste.
×Artifice de dissection et de présentation graphique de la pièce permettant de bien montrer les plans superficiel et profond.
×On notera ici que le terme de « longueur » ne répond pas à une nomenclature spatiale correcte (tel qu'aurait été le terme de « plan sagittal médian » ou « plan antéro-postérieur ») mais relève plus du langage littéraire.