Livre VII
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S,T,VSurface supérieure du corps construit en forme de tortue ou d'arche [fornix][51], et son contour pour ainsi dire triangulaire, que nous mesurons de S à T, de T à V, et de V à T [erreur pour S].
X,XPartie inférieure du septum [septum pellucidum] interposé entre les ventricules [latéraux] droit et gauche, continue avec le corps en forme d'arche [fornix].
Y,YPartie supérieure du septum [septum pellucidum] déjà mentionné, continue avec le corps calleux. Ce septum a pu être dessiné juste après avoir été rompu[52]. Une autre figure avait également été préparée, sur laquelle deux mains soulevaient légèrement le corps calleux qui n’était pas encore détaché sur sa partie antérieure, afin de présenter au regard le speculum ou le septum encore intact (comme j’ai l’habitude de le faire pendant une dissection). Mais comme cette figure était moins heureuse[53] dans le dessin que [le geste] au cours de la dissection même, je l’ai rejetée, pour éviter de perdre inutilement une page[54].
Sixième figure du septième livre

[Illustration]

En ce qui concerne la portion du cerveau laissée en place dans le crâne, cette figure rappelle également la quatrième figure, et diffère de la cinquième par le fait que nous avons détaché la partie antérieure du corps fabriqué en forme de tortue [fornix] de la substance du cerveau, que nous l’avons soulevée et réclinée en arrière, afin que sa surface inférieure vînt aux regards et que l’on distinguât aussi le vaisseau[55] qui sort du quatrième sinus [sinus droit] de la dure-membrane, se porte sous le corps construit en forme de tortue, et constitue enfin[56] la plus grande partie des plexus, que les anciens ont comparé au chorion [plexus choroïde][57].

Les caractères typographiques de cette figure se présentent dans l’ordre suivant.
A,A,ALe corps en forme de tortue [fornix][58] visible ici sur sa superficie inférieure, là où il forme la partie supérieure du troisième ventricule.
B,BPortion du corps en forme de tortue [fornix] et son origine dans le ventricule [latéral] droit, à partir de la substance du cerveau.
CPortion du corps comparable à une tortue [fornix] par sa forme et sa fonction, qui provient du ventricule [latéral] gauche du cerveau[59].
D,DVentricule [latéral] droit du cerveau.
E,EVentricule [latéral] gauche du cerveau
FArtère[60] montant ici dans le ventricule [latéral] droit, à travers la partie inférieure et postérieure du ventricule [latéral] droit, à partir d’une branche de l’artère soporale [carotide interne] droite qui passe à travers la dure-membrane du cerveau.
GArtère montant dans le ventricule [latéral] gauche du cerveau.
HVaisseau [grande veine cérébrale, dite autrefois veine de Galien] originaire du quatrième sinus de la dure-membrane du cerveau, passant sous le corps en forme d'arche, et s’avançant dans la cavité commune aux ventricules [latéraux] droit et gauche, c'est-à-dire dans le troisième ventricule[61].
IDivision en deux portions du vaisseau marqué d’un H[62].
KUne des portions résultant de la division du vaisseau marqué d’un H[63] gagne le ventricule [latéral] droit du cerveau.
LPortion du vaisseau mentionné ci-dessus, accédant au ventricule [latéral] gauche du cerveau.
MPlexus du ventricule [latéral] droit comparé au chorion [plexus choroïde], et formé de l’artère marquée par F et de la portion du vaisseau H, que nous avons annotée par K.
NPlexus [plexus choroïde] occupant le ventricule [latéral] gauche du cerveau, formé[64] par les vaisseaux G et L.
×La comparaison que fait Vésale entre fornix et « tortue » reste un peu mystérieuse car comme il le dit aussi c'est une arche triangulaire. On pourrait formuler l'hypothèse qu'il a à juste titre intégré à ce fornix ses 4 prolongements (deux colonnes antérieurement et deux jambes ou crures fornicis en arrière) mais il ne les indexe pas ici. Les noms de cette structure sont variés (fornix, testudo, camera, corpus cameratum) mais ils ont en commun la notion de corps cintré ou voûté. Les emprunts au vocabulaire architectural sont les plus nombreux. Camera est le terme utilisé par Vitruve, De architectura VII, 3. L'humaniste philologue Claude Saumaise (1588-1653) annotera en 1629 un Commentaire de Solin sur l'Histoire naturelle de Pline, en indiquant que les Anciens ne connaissaient que trois sortes de voûtes : la première, fornix, faite en forme de berceau ; la seconde, testudo, en forme de tortue, et nommée chez les Français, cul de four; et la troisième, concha, faite en forme de coquille, cf. Gilles Ménage, Dictionnaire étymologique ou Origines de la langue française, article « voûte », éd. consultée : Paris, J. Arnisson, 1694, p. 723. Cf. Fabrica VII page 636 (définitions).
×Là encore, la description exacte de Vésale concernant le septum pellucidum interposé entre fornix et corps calleux eût été plus démonstrative sur une coupe sagittale médiane.
×Littéralement : « était moins bien adaptée ».
×On ne peut s’empêcher ici de regretter de ne pas voir cette figure dont l'aspect ne convenait pas à Vésale (était-ce dû à un dessin imparfait des mains, ou une impossibilité graphique de montrer justement à la fois le geste de l’anatomiste et le septum en question ?). Le terme de « rejeter » (rejicere) n'est d'ailleurs pas sans souligner son insatisfaction.
×Il s'agit de la « grande veine cérébrale » (autrefois nommée « grande veine de Galien »), drainant les deux veines cérébrales internes (cf. p. 608 note 39).
×La description de Vésale est pertinente sans être tout à fait exacte. Les deux veines cérébrales internes se drainant dans la grande veine cérébrale sont en réalité incluses entre les deux feuillets de la pie-mère constituant la « toile choroïdienne supérieure » formant le toit du troisième ventricule (cf. note 49) et qui elle-même prolifère latéralement au corps du fornix pour constituer les plexus choroïdes des ventricules latéraux. Ces derniers ne sont donc pas constitués par un prolongement veineux mais par un méningé.
×Un point important doit être signalé ici car le soulèvement du corps du fornix impose la section des deux colonnes du fornix, chacune limitant en avant le foramen interventriculaire (de Monro) faisant communiquer chaque ventricule latéral avec le troisième ventricule. Vésale semble donc en effet avoir associé corps calleux et colonnes du fornix (cf. p. 609 note 49). Quoi qu'il en soit, l'omission de ces foramina est remarquable et assez mystérieuse sauf à considérer que la mollesse des cerveaux qu'il a disséqués a refermé ces petits orifices, ce qui n'est pas impossible. Cf. aussi légendes R et S. Ils ne sont pas non plus décrits dans le texte (cf. p. 637).
×La taille du corps de ce fornix est ici un peu exagérée, trop large, peut-être dans un souci didactique.
×Ces légendes « B » et « C » sont erronées. Placées symétriquement sur la paroi médiale de chaque ventricule latéral, elles répondant au bulbe du corps calleux. Il faut dire que la fusion à ce niveau de la partie postérieure du fornix avec le splenium du corps calleux a fait confondre ces deux structures pour Vésale. On peut ici faire l'hypothèse que Vésale n'a donc pas, même au cours de ses dissections préparatoires, réalisé de coupe sagittale médiane, sans quoi la morphologie du splénium du corps calleux bombant latéralement dans les ventricules latéraux (pour former ces « bulbes du corps calleux ») ne lui aurait sans doute pas échappé (cf. aussi p. 636).
×Vésale décrit à juste titre au moins une artère au sein du plexus choroïde. La description de celle-ci, issue de l'artère carotide interne, signifie qu'il a dû suivre, sans doute a retro, l'artère choroïdienne antérieure naissant en effet de la carotide interne et pénétrant dans la corne temporale du ventricule latéral. On peut s'étonner toutefois qu'une telle dissection artérielle, relativement complexe, ne fasse in fine l'objet que de cette constatation laconique.
×Cf. note 56.
×Telles que montrées sur cette gravure, les principales veines centrales du cerveau sont bien montrées (veines thalamo-striée en avant, confluant avec la veine choroïdienne pour se jeter dans la veine cérébrale interne homolatérale) mais là encore les deux foramina interventriculaires où se situe chacune de ces deux confluences veineuses ne sont pas indiqués.
×Il s'agit en fait des deux veines cérébrales internes qui sont accolées l'une à l'autre avant de se jeter dans la grande veine cérébrale (cf. note 56).
×Le terme conflatus (« formé par mélange ») laisse entendre que Vésale considère ce plexus choroïde comme une structure vasculaire, ce qui n'est pas totalement faux car ce site de sécrétion du liquide cérébro-spinal est en effet richement vascularisé.