Livre VII
613
Huitième figure du septième livre.

[Illustration]

Index des caractères typographiques de la huitième figure.

Cette figure diffère de la septième par le fait que nous avons réséqué encore plus de cerveau, et que nous avons divisé les testicules [colliculi supérieurs] par une incision longitudinale, de façon que le canal [aqueduc du mésencéphale] qui s’étend du troisième ventricule au quatrième se présente à la vue. En outre, on voit ici la portion disséquée et réclinée en arrière de la dure-mère qui recouvre le cervelet.

De A à HComme cette figure contient beaucoup d’éléments communs avec la septième, nous les désignerons par les mêmes lettres AA, BB, CC, DD[91], EE, FG et H que sur la septième figure ; cependant, les artères marquées F et G[92], sont plus inclinées en avant que sur la septième figure, parce qu'on a réséqué le cerveau du côté de sa base dans la même proportion qu'on en a réséqué sur la septième figure par rapport à la sixième.
ICanal [récessus infundibulaire] correspondant à celui également noté I sur la sixième figure ; il descend verticalement et transporte la pituite du cerveau au bassin[93].
KCanal préparé pour transporter la pituite, qui dérive parfois[94] du canal qui s’étend entre les testicules du troisième ventricule jusque dans le quatrième [aqueduc du mésencéphale].
LPour éviter que le L ne soit dissimulé dans l’ombre, ou qu'on ne dût supprimer cette ombre pour le rendre visible, s’il avait été posé à sa place, ce qui aurait complètement abîmé le dessin, j’ai déplacé ce L[95] près de la partie antérieure du cervelet, pour annoter le foramen ainsi que le canal [aqueduc du mésencéphale] qui se dirige à partir du troisième ventricule du cerveau dans le quatrième. Si le L avait été placé à cet endroit, on n’aurait jamais pu représenter ce foramen[96].
MNous avons encore laissé en place la petite glande en forme de pomme de pin [corps pinéal ou épiphyse] qui constitue le support[97] des vaisseaux s’étendant du quatrième sinus de la dure-membrane dans les ventricules du cerveau.
N,O,P,QCes quatre lettres indiquent le corps qui est d’une seule pièce[98] avant d'être disséqué, et qui est marqué M et N sur la septième figure ; mais ici, il est divisé en deux dans l’ordre de la dissection ; N et O indiquent les parties de ce corps, qui justifient leur nom de testicules [colliculi supérieurs] ; tandis que P et Q désignent les parties que nous appelons fesses [colliculi inférieurs][99].
×On notera ici la relative approximation apportée à la représentation des noyaux gris centraux sur cette coupe, hormis le thalamus (C et D). Il faut dire que le niveau de cette coupe correspond à la jonction diencéphale-mésencéphale, de compréhension difficile.
×Par « artères », Vésale désigne celles qui vascularisent les plexus choroïdes - d'ailleurs dessinés - au niveau de la corne temporale de chaque ventricule latéral. On voit ici la difficulté qu'a rencontrée Vésale à montrer ces cornes temporales, en réalité plates, incurvées et que l'inclinaison en bas et en avant ne permet pas de voir en entier par une coupe horizontale du cerveau comme celle-ci. Cette difficulté s'exprime bien dans les hachures qui prolongent les plexus choroïdes de l'hémisphère droit (entre les lettres F, A et E), sorte d'approximation de l'artiste face à une cavité dont il cerne mal les contours. Il est vrai que la corne temporale du ventricule latéral est de compréhension difficile et mérite, pour bien en étudier les parois, des coupes obliques, voire incurvées, que seul un cerveau déshydraté et rendu plus ferme (par le formol par exemple) autorise.
×Cf. p. 640 note 487.
×Il est possible que Vésale ait identifié sur certaines pièces (d'où le terme de « parfois ») le récessus pinéal du troisième ventricule, petit prolongement de cette cavité situé en avant de cette glande, au dessus de l'origine de l'aqueduc du mésencéphale. C'est du moins ce que laisse penser la situation de la légende K. Toutefois, le fait qu'il écrive que ce canal est « préparé pour transporter la pituite » fait supposer qu'il pourrait s'agir du recessus optique du troisième ventricule, mais dans ce cas le K serait mal placé. Cette dernière hypothèse est confortée par le texte (cf. p. 634-635, Les canaux qui sortent du troisième ventricule, et note 403).
×Cette longue justification de Vésale concernant la position de cette légende, outre qu'elle souligne son souci esthétique, laisse penser que Vésale intervenait sur les figures une fois celles-ci achevées.
×Communément nommé de nos jours « anus » de l'aqueduc du mésencéphale, qui est donc son orifice d'entrée.
×Cf. p. 612 note 85 et notes explicatives du huitième chapitre, p. 638.
×Lame tectale située dorsalement à l'aqueduc du mésencéphale et constituée des quatre colliculi.
×Finalement, la séparation sur la ligne médiane des colliculi supérieurs et inférieurs (tandis que le corps pinéal, médian, est arbitrairement refoulé vers la gauche), expose complètement l'aqueduc du mésencéphale, soulignant là encore le souci de Vésale de montrer la circulation de la pituite. On ne peut qu'être frappé par le fait que cette figure est justement centrée par ces formations ventriculaires (troisième ventricule et aqueduc du mésencéphale), qui sont ainsi montrées comme le « cœur fonctionnel » du cerveau, enfoui et peu accessible au regard.