Livre VII
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repose dans la partie du crâne sur laquelle j'ai inscrit un R. Un C signale la partie médiane du cervelet, en forme de ver, et formant avec ses terminaisons le processus que les Anciens ont comparé à un ver [vermis cérébelleux].
ETerminaison postérieure[108] de la partie médiane du cervelet, que je compterai comme la terminaison postérieure du processus en forme de vers [vermis cérébelleux].
F,G[109],HPartie de la moelle spinale se trouvant encore dans le crâne ; F et G indiquent les surfaces de cette partie, c'est à dire de la moelle spinale, qui la joignent au cervelet. Mais H indique la surface de la moelle spinale[110] qui s’avance hors de la cavité crânienne.
ISinus[111] de la moelle spinale tout à fait semblable à la pointe d'un calame avec lequel nous écrivons, et formant la cavité[112] au milieu du ventricule commun à la moelle spinale et au cervelet, que les maîtres en anatomie ont appelé quatrième ventricule du cerveau.
KVaisseaux[113] ou conduits tout à fait semblables à des veines, s’étendant ici dans le cervelet à partir des vaisseaux qui se terminent dans le premier et le deuxième sinus de la dure-membrane ; comme ces conduits sont très nombreux, ils ne se propagent pas toujours dans un ordre régulier[114].
LC’est par là aussi qu'un conduit semblable à une veine[115] s’étend dans la fine membrane du cervelet, provenant des vaisseaux qui sont entrelacés à cet endroit dans la dure-membrane du cerveau.
MCinquième paire de nerfs du cerveau [nerfs crâniens][116].
NSixième paire de nerfs du cerveau [nerfs crâniens][117].
OSeptième paire de nerfs du cerveau [nerfs crâniens][118]. Et on peut voir ici qu'au moyen d'un grand nombre de rameaux les deux dernières paires de nerfs crâniens sont originaires de la moelle spinale, mais absolument pas du cervelet.
P,Q,RDépression de l’os occipital, à laquelle correspond la figure du cervelet. En effet le P correspond au B inscrit sur le cervelet, le Q au C, le R au D.
S,S,SSinus [latéral] droit ou premier sinus de la dure-membrane, ici ouvert avec la pointe d’un couteau.
T,T,TSinus [latéral] gauche ou deuxième sinus de la dure-membrane : sur aucun autre dessin du cerveau, les conduits de ces sinus ne sont aussi visibles et bien offerts au regard que sur celui-ci.
Dixième figure du septième livre.

[Illustration]

Index des caractères typographiques de la dixième figure.

Par cette figure nous avons représenté la portion du cerveau d'où la moelle spinale est originaire ; ensuite le cervelet a été enlevé de la partie de la moelle spinale[119] que l'on voit ici ; les testicules et les fesses du cerveau [colliculi supérieurs et inférieurs], la glande pinéale [corps pinéal] et enfin la cavité de la moelle spinale qui forme avec celle du cervelet le quatrième ventricule du cerveau, sont également représentés ici[120].

A,APartie du cerveau d'où émerge[121] la moelle spinale.
BCanal [aqueduc du mésencéphale] s’étendant du troisième ventricule du cerveau dans le quatrième, en passant sous les fesses du cerveau ;
Cj’ai marqué d'un C l’endroit où il se termine dans le quatrième ventricule.
DGlande du cerveau, comparée par les professeurs d’anatomie à une pomme de pin [corps pinéal[122]]
E,F,G,HCes lettres indiquent les testicules et les fesses du cerveau [colliculi supérieurs et inférieurs] ; en effet, en effet, d'après la ligne visible entre E et F et entre G et H, il semble que les maîtres en anatomie aient distingué[123] les tubérosités supérieures marquées E et G, des tubérosités inférieures notées F et G ; et qu'ils aient appelé les tubérosités supérieures des testicules, parce que la glande [corps pinéal] repose sur elles comme un pénis. Mais ils ont appelé les tubérosités inférieures des fesses, parce que la fin du canal [aqueduc du mésencéphale] qui s’étend du troisième ventricule dans le quatrième,
×Actuellement nommé « uvula du vermis ».
×F et G correspondent en fait aux surfaces dorsales des pédoncules cérébelleux moyens et inférieurs, intimement liés.
×Il s'agit bien ici de la moelle spinale comme nous le comprenons aujourd'hui.
×Sillon médian du plancher du quatrième ventricule d'ailleurs anciennement nommé « tige du calamus scriptorius ».
×Vésale signifie ici que cette cavité est interposée entre ce qu'il nomme « la moelle spinale » en avant et le cervelet en arrière.
×La position de ces deux vaisseaux rend leur identification difficile. A première vue il pourrait s'agir des deux artères vertébrales qui donnent chacune naissance à une artère cérébelleuse postérieure et inférieure (vues ici en dedans des précédentes). Toutefois les artères vertébrales se situent en réalité en avant des nerfs et non comme montrées sur la figure. Si l'on retient ce qu'écrit Vésale concernant la continuité de ces vaisseaux avec les sinus latéraux, il faudrait alors admettre qu'il s'agit de veines mais dans ce cas on ne comprend pas qu'au moins celui de gauche rejoint le foramen magnum. Il y a donc là une erreur graphique qu'on ne sait à qui imputer de Vésale ou de l'artiste.
×Allusion aux variations que montre la circulation superficielle du cervelet.
×De par sa situation proche de bord postéro-supérieur du rocher, il peut tout à fait s’agir de la veine pétreuse supérieure issue de veines du pont et se jetant dans le sinus pétreux supérieur à proximité du nerf trijumeau (V).
×Il s'agit, d'après la figure, du paquet nerveux cochléo-vestibulo-facial, soit VII+VIIIc+VIIIv. (sup et inf.) dans la nomenclature actuelle.
×Probablement le nerf vague (X), d'où naît le nerf laryngé inférieur (autrefois dit « nerf récurrent »). Ce nerf vague est en réalité accompagné du nerf glosso-pharyngien (IX) que Vésale mêle probablement au X (ce qui n'est pas étonnant sur le plan morphologique dans leur trajet intra-crânien) et du nerf accessoire (X1, qui lui a des racines spinales très distinctes et que Vésale numérote selon toute vraisemblance septième nerf dans l'Epitome, op. cit., éd. J. Vons et S. Velut, note 118).
×Probablement le nerf accessoire (XI), dont le rameau dit « interne » rejoint le X, comme Vésale le note également dans l'Epitome, op. cit., éd. J. Vons et S. Velut, p. 96. Cette union du X et du XI explique qu'il attribue à ces deux nerfs des racines d'origine issues de la moelle spinale alors qu'il n'en est ainsi que du XI.
×Cf. p. 612 note 85 et 614 note 104.
×Il s'agit ici d'une remarquable figure de la face dorsale du tronc cérébral faite après ablation du cervelet. On notera l'aspect très soigné de la coupe des pédoncules cérébelleux supérieurs et moyens (légendes I et K), et la précision apportée aux reliefs du plancher du quatrième ventricule. Là encore par contre, on s'étonnera que la même pièce n'ait pas été simplement retournée pour montrer la vue ventrale de ce tronc cérébral et la naissance de plusieurs nerfs crâniens. Enfin, les nerfs crâniens naissant des cordons latéraux du myélencéphale (IX, X et XI) sont absents de la figure.
×Vésale mêle ici en réalité les pédoncules cérébraux (qui appartiennent au mésencéphale, cf. p. 614 note 104) et les pulvinars du thalamus. Les pédoncules cérébraux auraient été mieux vus ventralement, seul leur bord latéral étant aperçu en vue dorsale. Sur une telle vue dorsale, ce sont donc essentiellement les pulvinars du thalamus qui sont dessinés par ces volumineux reliefs situés de part et d'autre de la ligne médiane au dessus et latéralement aux colliculi supérieurs [E, G]. En tout cas, le terme de producere (mener en avant, produire) montre bien que ces pédoncules cérébraux émergent du cerveau (si l'on admet un sens rostro-caudal) et se prolongent par ce qui sera plus bas le métencéphale puis le myélencéphale, puis la moelle spinale.
×On notera cette structure en V dessinée au dessus du corps pinéal mais que Vésale n'indexe pas et qui correspond très certainement à l'habenula (en latin : « petite courroie ») paire, attachant le corps pinéal à la face médiale de chaque thalamus.
×Cette formulation de Vésale laisserait entendre que sa figure se rapprocherait plus des assertions de ces maîtres que de ses propres constatations. Quoi qu'il en soit, si la taille de ces colliculli est un peu exagérée sur la figure, il n'en sont pas moins bien représentés. Notons aussi ce trait blanc, mieux visible à droite, longeant en bas le colliculus inférieur que Vésale n'a pas indexé mais qui peut répondre au nerf trochléaire (IV), seul nerf issu de la face dorsale du tronc encéphalique.