Livre VII
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Douzième figure du septième livre.

[Illustration]

Index des caractères typographiques de la douzième figure.

Cette figure[135] représente le côté gauche d'une tête légèrement surélevée du côté droit. Nous avons enlevé le cervelet de la cavité crânienne ici, en ne laissant qu'une portion de cerveau semblable à celle conservée sur la huitième et la neuvième figures. Mais cette portion du cerveau n’est pas dans son emplacement, elle a été soulevée, et réclinée légèrement en arrière sur la base du crâne, pour que les processus qui ressemblent à des nerfs[136] et qui servent à l’organe de l’odorat apparaissent enfin à la vue : le processus gauche a été soulevé hors de son emplacement en même temps que le cerveau, le droit est encore attaché à la dure-membrane du cerveau là où elle recouvre le huitième os [ethmoïde] de la tête.

A,AMoitié [hémisphère] droite du cerveau.
B,BMoitié [hémisphère] gauche du cerveau, encore recouverte par la fine membrane, tout comme la moitié droite.
COrgane de l’odorat du côté droit encore à son emplacement.
DOrgane de l’odorat du côté gauche récliné en arrière avec le cerveau.
ESinus[137], sur lequel l’organe de l’odorat gauche repose. La région de la dure-membrane dont on voit la surface [lame criblée de l'ethmoïde] perçée de nombreux mais étroits foramina en vue de l’odorat[138], est indiquée ici.
FLa sixième des veines[139] gagnant le crâne, qui court ici dans la dure-membrane du cerveau au moyen de quelques ramifications.
GSeptum [processus crista galli de l'ethmoïde] séparant les sinus incisés en vue des organes de l’odorat.
HPortion d’une partie de la dure-membrane [faux][140] du cerveau qui sépare l'hémisphère cérébral droit du gauche.
I,ILe cerveau [dont la forme] correspond en tous points à la cavité creusée pour lui dans le crâne, est aussi congruent ici aux cavernes creusées pour lui[141] dans la région de l’os frontal, et il est légèrement saillant grâce à des tubérosités que d’aucuns ont appelées les processus mamillaires[142]du cerveau.
KLa cinquième des veines[143] gagnant le crâne, qui passe par le foramen creusé pour la deuxième paire de nerfs[144].
LLe L, comme les lettres suivantes, se dissimule dans l’ombre dans la cavité occipitale, et a peu d'importance ; ce L indique le sinus du crâne auquel correspond la partie droite du cervelet,
Mle M la surface[145] qui regarde la partie médiane du cervelet,
Nle N le sinus dans lequel la partie gauche du cervelet est située.
OIndique le sinus [latéral] droit ou le premier sinus de la dure-membrane,
P,QP indique le troisième sinus [sinus sagittal supérieur], Q le deuxième sinus ou le sinus [latéral] gauche.
×On comprend à la vue de ces figures que Vésale, a donné, en même temps qu'une description des structures anatomiques, un plan de dissection à celui qui voudrait reproduire son travail. Toutefois et à ce titre, l'ordre de ces figures est étrange comme nous l'avons déjà signalé, car placer les figures XII et XIII entre les figures VI et VII lui aurait permis de décrire l'ensemble de l'espace supra-tentoriel (cerveau) avant de s'attaquer à l'espace infratentoriel (tronc encéphalique et cervelet) et de montrer, interposée entre ces deux espaces, l'incisure tentorielle. La seule explication à ce choix réside dans une sorte de justification notée en début de légende de la figure VII et au sein des légendes A à H de la figure VIII : il veut montrer la continuité du système ventriculaire, particulièrement entre le 3ème et le 4ème ventricule. Dès lors que ce système ventriculaire est entièrement montré, il revient aux lobes frontaux. Cf. S. Velut, « L'encéphale et ses enveloppes », in La Fabrique de Vésale. La mémoire d'un livre, actes des journées d'étude des 21 et 22 novembre 2014, (éd. J. Vons), Paris, BIU Santé, 2016, p. 83-103.
×Encore intégrés à tort de nos jours aux nerfs crâniens, les tractus olfactifs, sont des prolongements télencéphaliques, Vésale a donc raison en disant qu'ils ressemblent à des nerfs.
×Dans la nomenclature de Vésale, le terme de sinus s'applique à toute espèce de creux, dépression, surface concave. Il s'agit ici de la gouttière olfactive.
×Il est difficile de savoir comment Vésale a déduit de l'anatomie morphologique la fonction de ces formations olfactives : est-ce la seule proximité de ces gouttières olfactives avec les fosses nasales, ou bien a-t-il aussi identifié les minuscules filets nerveux perforant la lame criblée de l'ethmoïde ?
×En fait il pourrait s'agir de plusieurs artères méningées, issues des artères ethmoïdales courant dans cette région et issues des gouttières du même nom, mais il n'est pas impossible que Vésale considère l'origine du sinus sagittal supérieur, située contre la voûte frontale en avant du processus crista galli, comme une veine à part entière qu'il nomme « sixième veine » et qui selon lui « gagnerait » la base du crâne, ce qui n'est pas exact.
×Insertion de la faux sur le processus crista galli.
×Interprétation un peu erronée de Vésale qui fait du crâne un os modelé pour et non par le cerveau, ce qui rappelle la vision finaliste galénique.
×À ne pas confondre avec les corps mamillaires du diencéphale. Vésale décrit ici très succinctement les reliefs que font les gyri cérébraux et les empreintes qu'ils laissent sur la voûte. Cette légende I répond en fait à la partie antérieure du gyrus rectus au pôle frontal.
×Vésale semble montrer ici une artère méningée mais ni artère ni veine ne sont macroscopiquement visibles se jetant dans le foramen dural du III.
×Probablement le nerf oculomoteur (III). Chacune de ces structures sera examinée dans le protocole de dissection (chapitre XVIII du livre VII de la Fabrica).
×On identifie ici une petite faux durale comme il peut en exister entre les deux hémisphères cérébelleux.