Livre VII
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et n'empêchent pas qu'on la voie arrondie, puisqu'elles ne sont pas plus apparentes que des veines. En plus des sinus nécessairement dus aux protubérances mentionnées à la base de la tête, la Nature n'a pas pourvu la cavité crânienne de sinus autres que ceux nécessaires aux vaisseaux de la dure-membrane ; ainsi ces vaisseaux ont plus de place et plus d'espace sans être comprimés[233], et ne constituent pas un obstacle qui empêcherait la dure-membrane d'adhérer à l'os. Parmi ces sinus, on compte les cavitéspp h,h,i,i,k dans la fig. 3, chap. 12, livre I ; et aussi l,l, fig. 4 du même chapitre.
q S,S, fig.9.
r T,T, fig. 9.
s C,C,C, fig. 1.
t T,T, fig. 3 et 4, chap. 12, livre I.
qui admettent le bord saillant du premierq, du deuxièmer et du troisièmes sinus de la dure-membrane, et aussi les sinust creusés en grand nombre sur les côtés du crâne pour des branches des vaisseaux[234] ; un autre sinus du même genre est visible dans la partie antérieure de la surface des organes olfactifs. Nous avons soigneusement expliqué dans le troisième livre la nature et l'origine de ces vaisseaux de la dure-membrane. Mais, par Hercule[235], puisque la connaissance de la surface externe de cette membrane est absolument nécessaire dans [le traitement] des blessures de la tête[236], nous devons en donner maintenant une description complète et fidèle, en commençant par ses fibres et sa connexion avec le crâne.La connexion de la dure-membrane avec le crâne. D'abord, la dure-membrane est partout en contact avec l'os sans corps intermédiaire, sauf sur une petite surface qui se trouve au-dessus du milieu de l'os sphénoïdeu,u M, fig.3, chap. 12, livre I ; ou autour du F, fig. 15 de ce livre, sous laquelle se trouve toute la fig. 16 de ce livre. là où elle est peu distante de l'os en ayant sous elle la petite glande qui reçoit la pituite du cerveau [hypophyse][237] et les très grandes branches des artères soporales [carotides internes][238] que d'autres professeurs d'anatomie considèrent à tort former le plexus réticulaire. Partout où cette membrane est en contact avec le crâne, elle est jointe à lui comme deux muscles contigus sont joints l'un à l'autre par contact. Cependant, dans ce genre de connexion, la membrane est plus fermement jointe [au crâne] à la base de la tête que sur les côtés, le front ou l'occiput[239]. Ensuite, elle est très solidement fixée à tous les processus osseux pointus, comme si elle en était originaire. Les processus de ce genre sont le septum osseux [crista galli]xx η , fig. 3, chap. 12, livre I. séparant les surfaces des organes olfactifs, les processus[240] sur les côtésyy γ , à côté du E sur la même fig.
z N,O, fig. 13.
a M, fig. 3, chap. 12, livre I.
b a dans la même fig.
c M dans les fig. 9 et 14.
des foramina par où passent les nerfs optiquesz, le sinus forméa pour la glande qui reçoit la pituite [hypophyse][241], ceux visibles à côté du foramenb qui transmet la plus épaisse racinec de la cinquième paire de nerfs crâniens[242], et généralement tous les processus et foramina en regard de la cavité crânienne. Cette membrane est attachée de la même façon aux sutures de la tête, bien que ces connexions ne soient pas aussi solides que celles que nous avons décrites avec les processus osseux, car elles consistent en de simples lignes, et n'occupent pas une grande surface. La dure-membrane est non seulement attachée aux sutures, mais elle transmet à travers elles de fines et membraneuses fibres vers la surface externe de la tête[243] ; au cours de la dissection, quand le vertex du crâne a été enlevé, ces fibres apparaissent en relief sur la surface de la dure-membrane comme de simples lignes rugueuses, reproduisant dans la membrane même l'emplacement et l'aspect des suturesd.d Comparez G,G,G et H,H,H et I,I dans la fig. 1 avec la fig. 1 de la partie du crâne annotée Γ , Γ et Θ , Θ et Δ , Δ [fig. 7, chap. 6, livre I].
e K, fig. 1, et de chaque côté à H, près de G.
f Ω , Ω dans la fig. placée sous la fig. 1 [fig. 7, chap. 6, livre I].
La surface externe de la dure-membrane présente des aspérités, non seulement à cause de ces fibres, mais aussi à cause de petitese saillies[244] que l'on trouve souvent sur le vertex à la jonction de la suture sagittale et de la coronale. Quand elles sont présentes, elles sont saillantes de manière irrégulière dans des sinusf qui leur sont proportionnés dans le crâne et auxquels elles sont très solidement attachées. Il s'ensuit qu'il ne faut pas regarder ce genre de protubérance à la légère ni « à travers un grillage »[245], si on ne veut pas percer imprudemment le crâne dans l'administration d'un cautère ou dans le traitement des blessures de la tête. En effet, en négligeant ces protubérances (car ici comme dans les sutures la membrane se sépare difficilement de l'os), nous pourrions dangereusement perforer la dure-membrane en même temps que l'os[246]. En plus de cette connexion de la dure-membrane avec le crâne, sa surface externe à l'aspect irrégulier est parcourue de petites veinesgg F,F, fig. 1. qui passent à travers les pores du crâne ; les unes vont de la dure-membrane en direction des enveloppes du crâne, les autres de ces enveloppes en direction de la dure-membrane[247]. Telle est donc la manière[248] dont la dure-membrane tapisse l'intérieur de la cavité crânienne et enclôt tous les organes qui y sont contenus.Les processus de la dure-membrane. Mais en outre, la dure-membrane insinue une grande portionhh O,O,O,O, fig.7 et V,V, fig. 8. d'elle-même entre le cerveau et le cervelet, recouvrant toute la partie supérieure du cervelet [tente du cervelet] et la séparant de la partie du cerveau qui se trouve au-dessus. De la partie moyenne de cette portion de la dure-membrane, là où l'hémisphère cérébral droit fait face à l'hémisphère gauche, et le long du troisième sinus [sinus sagittal supérieur]ii C,C,C, fig. 1 ; B,B, fig. 2.
k D,D,D, fig. 3.
de la dure-membrane, une autre portionk, ou processus,[249]de cette membrane est saillante, séparant les hémisphères droit et gauche sur toute la longueur de la tête. Ce processus [faux du cerveau] ressemble plus ou moins à une faux de moissonneur ; en effet, la partie contiguë avec la portion de dure-membrane recouvrant le cervelet [tente du cervelet] correspond à la poignée de la faux, et la partie unie au septum entre les organes olfactifs [processus crista galli]ll L,H, fig. 12. peut être comparée au sommet de la faux : en effet, comme une faux, ce processus de la dure membrane s'arque progressivement de l'arrière vers l'avant de la tête. La partie arrière de ce processus qui est continue avec le troisième sinus de la dure-membrane [sinus sagittal supérieur] n'apparaît pas différente du dos de la faux aux yeux de ceux qui dissèquent, car elle est convexe en-dehors et plus épaisse, à cause du troisième sinus [sinus sagittal supérieur] de la dure-membrane, alors que la partie du processus en regard du corps calleuxmm L,L, fig. 3. est incurvée en-dedans, comme la lame de la faux. Les portions ou processus de cette membrane varient peu en épaisseur et en dureté par rapport au reste de la dure-membrane, sauf à un endroit : ceux qui dissèquent observent que cette membrane n'est nulle part plus épaisse que dans la partie qui recouvre le cervelet [tente du cervelet]. En effet, à l'endroit où elle est adjacente aux fesses du cerveaunn M,N, fig. 7. [colliculi inférieurs][250], elle est presque trois fois plus épaisse et plus dure que partout ailleurs, au point qu'à cet endroit, les chiens possèdent un os[251] recouvrant la région supérieure du cervelet

×La paroi durale de ces sinus veineux empêche en effet leur compression lors des phases d'élévation physiologique de la pression intracrânienne (effort, toux, position déclive...).
×Il s'agit de gouttières pour des vaisseaux méningés, cf. Fabrica I, chap 12, p. 52 (légendes T, T).
×Interjection fréquente chez Vésale.
×Occasion de rappeler que Vésale s'adresse à un public de chirurgiens dans ses leçons.
×Vésale décrit ici la tente de l'hypophyse ouverte par le diaphragme laissant passer la tige pituitaire.
×Il s'agit de la portion intra caverneuse des artères carotides internes.
×La dure-mère est en effet plus facilement décollable de la voûte du crâne que de la base.
×Processus clinoïdes antérieurs.
×Vésale parle peut-être des processus clinoïdes postérieurs et du dos de la selle turcique qui limitent en arrière la loge sellaire (hypophysaire).
×La légende M de la figure 14 de ce livre VII renvoie au paquet nerveux cochléo-vestibulo-facial (VII et VIII dans la nomenclature actuelle).
×Ceci est particulièrement vrai au niveau sagittal médian, au vertex.
×Il s'agit très probablement des granulations arachnoïdiennes para sagittales, d'aspect granuleux, qui interviennent dans la résorption du liquide cérébro-spinal vers le système veineux dural.
×Cf. Erasme, Adage 2049 (per transennam inspicere). L'expression est probablement empruntée à Cicéron, De oratore, I, 35 [162] : un des interlocuteurs se plaint de ne pas connaître suffisamment bien l'esprit de Crassus et se présente comme un homme qui aperçoit des objets de valeur dans une maison « comme à travers un grillage », sans y avoir accès. La comparaison chez Vésale semble s'être banalisée, et se borne à mettre en avant les dangers d'une connaissance imparfaite de l'anatomie du lieu à soigner.
×Observation toujours vraie pour le neurochirurgien contemporain.
×Il s'agit des veines dites « émissaires », mais on ne comprend pas comment Vésale peut y distinguer des veines centrifuges d'autres centripètes.
×Formule récurrente pour introduire une conclusion.
×Faux du cerveau.
×Il s'agit de la portion antérieure du sinus droit, recevant la grande veine cérébrale au niveau de la région tectale (colliculi supérieurs et inférieurs et corps pinéal), où la dure-mère est en effet épaisse.
×La tente du cerebellum peut en effet s'ossifier chez le chien âgé.