Livre VII
626

et supportant le cerveau, afin de ne pas comprimer le cervelet.Livre 9 des Procédures anatomiques. Aucun de ces processus ou portions n'est double (contrairement à ce que Galien a enseigné en examinant trop superficiellement la chose), mais ils sont tous simples, comme la membrane elle-même qui recouvre les côtés du cerveau [encéphale] ou du crâne. Si on incise avec un couteau le troisième sinus de la dure-membrane [sinus sagittal supérieur] sur toute sa longueuro,o comme B,B dans la fig. 2. à première vue le processus [faux du cerveau] de la membranepp D,D, fig. 3. qui passe entre les deux hémisphères cérébraux paraît double ou formé à partir d'une membrane double, mais cela n'apparaît ainsi qu'à cause du sinus même. Car même si vous essayez de détacher la membrane à l'angle inférieur de ce troisième sinus, vous ne pourrez jamais la partager en deux membranes en-dehors de la cavité du sinus. Et on pourra donner une explication identique pour la partie de la dure-membraneqq O,O,O, fig. 7. qui recouvre la surface supérieure du cervelet [tente du cervelet]. En outre, si l'angle inférieur du sinus de la dure-membrane était une preuve que la membrane est double, cela devrait être vrai aussi pour les deux autres angles du sinus, et vous devriez dire que la dure-membrane est double partout où elle est en contact avec le crâne[252].La nature de la surface interne de la dure-membrane. L'aspect de la surface de ces processus de la dure-membrane est semblable au reste de la surface interne de la membrane. On trouverait difficilement dans tout le corps une surface plus brillante, plus lisse et (ceci n'est pas à négliger) plus dépourvue de graisse que tout ce qui se trouve dans la cavité crânienne. Bien plus, la surface interne [de la dure-membrane] est couverte d'une humeur beaucoup plus aqueuse[253] que la surface externe, ce qui lui donne un aspect blanc brillant, et parce qu'elle dépourvue de fibres qui l'attacheraient à une autre partie, elle apparaît beaucoup plus lisse et lubrifiée que la surface externe. En outre, de même que la surface externe fait partout face à l'os du crâne, de même la surface interne fait face à la fine membrane cérébrale, à laquelle elle n'adhère[254] ou n'est jointe par aucun corps intermédiaire autre que les vaisseauxrr D,D,G,G, fig. 2 ; X,X, fig. 8. ressemblant à des veines qui s'avancent de la dure-membrane dans la fine membrane[255]. la dure-membrane était attachée à la fine-membrane, et donc au cerveau [encéphale], de la même manière qu'elle est attachée au crâne, elle empêcherait les vaisseaux de la fine membrane et donc le cerveau [encéphale] lui-même de se dilater et de se contracter[256]. C'est pourquoi la Nature, dans sa prévoyance, a fait la cavité de la dure-membrane[257] plus grande que le volume du cerveau [encéphale], tout comme l'enveloppe du cœur [péricarde]ss B,B, fig. 4, livre VI. apparaît plus ample que le cœur lui-même. Pourtant elle n'a pas séparé la dure-membrane et la fine membrane de la même manière que l'enveloppe du coeur et le cœur, car aucune fibre ne réunit ces derniers, alors que la dure-membrane envoie à la fine membrane d'innombrables vaisseaux ressemblant à des veines, reliant les deux membranes par leur intermédiaire, ceci avec une admirable ingéniosité.La connexion de la dure-membrane et de la fine membrane. Car ces vaisseaux qui ont en même temps le rôle de veines et d'artères[258], sont aussi des chaînes qui maintiennent commodément le cerveau suspendu et qui l'empêchent de tomber[259] ; ils ne peuvent cependant pas empêcher les mouvements des vaisseaux de la fine membrane ni ceux du cerveau lui-même. Vous comprendrez sans peine ce singulier mystère de la Nature, si le nombre de vaisseaux cérébraux que j'ai enseignés dans le troisième livre n'est pas sorti de votre mémoire, je veux parler ici des nombreuses branchestt C,C,C, et D,D,D, fig. 2. qui sortent du troisième sinus de la dure-membrane [sinus sagittal supérieur] de chaque côté sur toute la longueur du cerveau et qui entrent dans la fine membrane de l'hémisphère droit et de l'hémisphère gauche du cerveau[260]. Ces vaisseaux suspendent solidement la partie supérieure du cerveau à la dure-membrane, et puisque cette dernière est attachée au crâne et qu'elle ne peut pas s'en éloigner à cause des fibresuu G,G,G,H,H,I,I, fig. 1. qu'elle envoie à travers les sutures[261], elle maintient le cerveau suspendu, l'empêchant de glisser sur lui-même. Et puisque la dure-membrane n'est nulle part attachée à la fine membrane, sinon peut-être ici et là par desxx G,G, fig. 2 et X,X, fig. 8. canaux[262] très peu nombreux et peu denses, elle ne fait pas obstacle à la liberté de mouvement du cerveau et des vaisseaux de la fine membrane.Les vaisseaux de la dure-membrane cérébrale. Par ailleurs à ce stade de l'exposé, je devrais maintenant expliquer le nombre, la position et la nature des sinus et des vaisseaux de la dure-membrane, mais comme cela a été fait du mieux que j'ai pu dans le troisième livre, j'épargnerai utilement du papier ici[263].Les foramina de la dure-membrane. Pour la même raison, je n'ai pas jugé qu'une description des foramina de la dure-membrane fût nécessaire ici, parce que l'exposé en serait très long et ne contiendrait quasiment rien d'autre qu'un cataloguey des foramina dans la cavité crânienne qui contient le cerveau, et que j'ai déjà énumérés bien avant dans le premieryy fig. du chap. 12, livre I. livre[264]. En effet partout où l'on voit des foramina dans la cavité du crâne déjà mentionnée correspondent des foramina de la dure-membrane d'où sortent des processus recouvrant comme une enveloppe les nerfs originaires du cerveau [nerfs crâniens] et la moelle spinale même[265]. Donc la dure-membrane a le même nombre de foramina qu'il y a de paires de nerfs crâniens. S'il n'y a qu'un seulzz là où sortent K et I sur la fig. 14. foramen pour la quatrième paire[266] et pour la racine la plus épaisse de la troisième paire[267], la racine plus fineaa H, fig. 14. de la troisième paire[268] perce individuellement la dure-membrane avant de s'unir avec le nerfbb G, fig. 14. de la deuxième paire [probablement nerf oculomoteur (III)]. Aux sept foramina situés sur chaque côté, il s'en ajoute un, également pair, qui transmet le petit nerfdd L non loin de M, fig. 14. dont j'ai personnellement observé l'origine non loin de la racine de la cinquième paire[269]. La dure-membrane est en outre percée d'un foramen unique, impair et parfaitement sphériqueee fig. 15, offrant un chemin à E. [orifice du diaphragme de la selle turcique], qui laisse le passage pour l'infundibulum recevant la pituite du cerveau. En outre, sur chacun des côtés de ce foramen, on en voit unff fig. 15. Ces formamina transmettent C et D. autre[270], transmettant une très grande branche des artères [artères carotides droite et gauche] qui vont au cerveau. Enfin, la dure-membrane a de très nombreux petits foraminagg vers E, fig. 12 et D,D, fig. 13. près de la surface des organes olfactifs[271].Les fonctions de la dure-membrane et l'explication de sa structure. Mais nous ne considérons pas comme des foramina les sinushh C,C,D,D, fig. 1 ; P,Q,R,S,Y, fig. 7. de cette dure-membrane[272] où se terminent les veines et les artères entrant dans le crâne ni les canaux ressemblant à des veines qui sortent de ces sinus et qui se distribuent dans la fine membrane. Parmi les fonctions essentielles de la dure-membrane, celle qui est comptée comme la plus importante

×Vésale se trompe en fait car la faux du cerveau et la tente du cervelet sont faits de deux feuillets de dure-mère encéphalique entre lesquels des lacs veineux sont parfois présents. Cela signifie que Vésale n'a pas identifié de tel lacs falcoriel ou tentoriel. Quant à la dure mère de la voûte, elle est constituée d'un feuillet ostéo-périosté et d'un feuillet encéphalique qui, au niveau des sinus (sagittal et latéraux notamment) sont séparés, laissant un espace veineux (cf. p. 627 note détaillée 280).
×Preuve qu'il s'agit d'observations sur cadavres frais.
×Cette adhésion entre dure-mère et arachnoïde est toute relative et se lève facilement. Il faut plutôt entendre qu'il y a « contact intime » ; Vésale note d'ailleurs plus loin que la dure-mère n'est pas « attachée » à la fine membrane [arachnoïde].
×Vésale décrit ici les veines corticales qui quittent les espaces sous-arachnoïdiens, traversent l'arachnoïde et rejoignent les sinus veineux, mais il en inverse le sens du flux sanguin. Les artères, elles, restent en effet dans les espaces sous-arachnoïdiens.
×Réflexion juste. Pour une analyse de la conception d'une « respiration cérébrale » héritée de Galien, cf. A. Debru, Le corps respirant : la pensée physiologique chez Galien, Leiden, Brill, 1996.
×Il s'agit de l'espace enclos par la dure-membrane.
×Il ne s'agit en fait que de veines.
×Fragiles, ces veines n'ont en fait aucun rôle d'attaches cérébrales, bien au contraire leur rupture est favorisée par les traumatismes, la déshydratation cérébrale.
×Cf. légendes D, D, D de la deuxième figure de ce livre, qui indiquent les veines corticales cérébrales se drainant dans le sinus sagittal supérieur.
×Vésale semble évoquer ici la présence d'un « feuillet ostéopériosté », cf. à ce sujet les notes 11 et 12 concernant la légende G, G de la première figure du livre VII. La continuité entre dure-mère et périoste n'est visible au niveau des sutures que chez le petit enfant, dont les sutures ne sont pas encore soudées. Cela laisse supposer que Vésale a examiné le cadavre d'enfants de moins d'un an. Mais cette continuité est visible chez l'adulte au niveau des foramina de la base du crâne. À la fin du chapitre, Vésale revient sur cette question à propos du périoste.
×Il peut s'agir des granulations arachnoïdiennes para sagittales, évaginations arachnoïdiennes se jetant dans le sinus sagittal supérieur.
×Le souci fréquemment exprimé d'épargner du papier ou de ne pas laisser de page vide (par exemple dans l'Epitome) n'est probablement pas à prendre au pied de la lettre, mais peut être une coquetterie d'auteur.
×Fabrica I, 12.
×Cette constatation est erronée car tous les foramina osseux de l'étage moyen de la base du crâne sont invisibles dure-mère en place. S'il y a en effet un foramen dural par nerf crânien, ceux-ci ne sont donc pas tous en regard de leur foramen osseux. Fissure orbitaire supérieure, foramen rond, foramen ovale sont ainsi recouverts de dure-mère. Par ailleurs certains nerfs (III, IV, VI, V1) ont un foramen dural propre mais rejoignent finalement un seul foramen osseux (fissure orbitaire supérieure). Il est donc très étonnant que Vésale qui a étudié des crânes secs n'ait pas fait ce constat en les comparant à des crânes à la dure-mère intacte.
×Cf. p. 620 note 167.
×Tronc du nerf trijumeau.
×La description de ce nerf dans l'Epitome laisse entendre qu'il s'agit du nerf frontal issu de la première branche du nerf trijumeau (V1), mais sur la figure 14 du livre VII, ce nerf est dessiné longeant l'incisure tentorielle et évoque plutôt le nerf trochléaire (IV). Cf. J. Vons et S. Velut, A. Vésale. Résumé de ses livres sur la Fabrique du corps humain, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 96 et note 202. Finalement, la description imparfaite de ces nerfs rend leur identification très difficile.
×Le trajet de ce petit nerf, ou de cette plus petite racine issue de la cinquième paire, que Vésale dit avoir découvert, correspondrait à celui du nerf abducens (VI) qui innerve le muscle droit latéral de l'oeil.
×Orifice dural de sortie de la carotide interne à travers le toit du sinus caverneux et devenant alors intra crânienne.
×Minuscules orifices duraux de la lame criblée de l'ethmoïde laissant passer les filets olfactifs.
×Il s'agit des quatre sinus veineux de la dure-mère : sinus sagittal supérieur situé le long de la convexité de la faux du cerveau, sinus latéral droit et sinus latéral gauche, situés à la convexit de la tente du cervelet, sinus droit situé sur la ligne médiane de la tente du cervelet (jonction falco-tentorielle). Le confluent postérieur de ces sinus était autrefois nommé torcular Herophili ou pressoir d'Hérophile. Voir les légendes P, Q, R, S, T de la septième figure du livre VII.