Livre VII
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ne sont séparés l'un de l'autre que par un très petit interstice. Mais dans la partie du cerveau où se trouve la scissure, comme dans celle qui repose sur le cervelet ou dans la partie frontale, les côtés [médiaux] des ventricules sont beaucoup plus distants l'un de l'autre[377] : en effet, outre les membranes du cerveau qui entrent dans cette fissure, une plus grande quantité de substance cérébrale[378] s'interpose entre les ventricules. À cause de cela, le côté droit ou externe du ventricule [latéral] droit est plus recourbé[379] : à l'avant et à l'arrière il s'incurve plus vers la droite[380] qu'en sa partie moyenne, alors qu'à gauche [face médiale] il s'étire plus vers la gauche[381]dans sa partie moyenne qu'à ses extrémités[382]. La partie antérieure du ventricule forme un angle obtus et arrondi [corne antérieure (frontale)] mais, contrairement à ce que tous me semblent écrire, il ne se termine pas en un angle aigu en direction des organes olfactifsgg L,L, fig. 13.
h N,O, fig. 13.
ou des nerfs optiquesh. Et aucun passage n'est issu de ce ventricule dans cette aire, sauf celui [foramen interventriculaire] sur le côté interne [médial], qui s'incline vers le troisième ventriculei,i Sous S,T,V, dans la fig. 5 ; là où se trouvent H,I dans la fig. 6 et H dans la fig. 7. comme je le dirai bientôt plus en détail. Bien qu'elle forme également un angle obtus et arrondi[383], la partie postérieure[384] du ventricule en regard de l'occiput descend progressivement dans la substance cérébrale vers l'avantkk Comparez F,G dans les fig. 6,7,8. en se rétrécissant progressivement[385], jusqu'à ce qu'elle se termine là où commencent les organes olfactifs et les nerfs optiques, et où les plus grandes branches des artères soporales [carotides internes]ll P dans la fig. 13. passent pour entrer dans le cerveau [sens propre]. Si vous examinez la longueur de ce conduitm,m Regardez la figure insérée dans le chapitre 3, livre IV. [vous constaterez] qu'elle est supérieure à la moitié de la longueur du ventricule lui-même, de l'occiput au front, comme nous l'avons dit ; environ à la moitié de sa longueur, ce conduit entre dans la substance cérébrale [cortex], s'amincissant en pointe comme une corne ; il ne se termine pas au début[386] des nerfs optiques et des organes olfactifs, et il ne continue pas pour les traverser en quelque sorte, mais il se termine dans une des circonvolutions du cerveau à la base du cerveau[387], à l'endroit même où il admet la très grande artèrenn Q dans la fig. 13 ; F dans les fig. 6, 7, 8. gagnant le cerveau en compagnie du processus de la fine membrane[388] qui la soutient.Un grand nombre d'opinions fausses de Galien ne sont pas reportées ici. En disant cela, je sais que je vais à l'encontre d'un très grand nombre d'opinions de Galien qui enseigne que les organes olfactifs sont les ventricules antérieurs du cerveau et que ceux-ci, s'amincissant progressivement, se terminent en pointe dans les nerfs optiques et, de manière plus étrange encore, que ces ventricules cérébraux antérieurs rejettent la pituite en direction des narines, et encore beaucoup d'autres choses de ce genre que je conseillerais d'apprendre par la dissection plutôt que par une discussion prolixe. Car ces choses sont si évidentes qu'il suffit d'en être averti, à condition de ne pas vous fier seulement aux livres, mais de disséquer un cerveau [encéphale] de vos mains ou d'assister un anatomiste dans une dissection soignée[389]. Donc toute la surface du ventricule est lisse et couverte d'une humeur aqueuse [liquide cérébro-spinal] que l'on voit souvent se répandre pendant la dissection. La partie supérieureoo N,N, fig. 4. du ventricule ne présente pas de proéminence, pas plus que les deux côtés, sauf celle due au trajet légèrement convexe du ventricule. La partie inférieure[390] du ventricule est proéminente[391] à cause du sinuspp R ou S, fig. 6 ; bien qu'il ne soit pas indiqué par une lettre, il est bien visible dans la fig. 4. qui progresse depuis le côté externe de l'arrière du ventricule vers l'avant et en oblique vers le troisième ventricule qui a été disposé là pour faciliter la descente de la pituite. Une autre proéminence[392] est produite par la partie du ventricule qui descend vers l'avant depuis l'arrière du ventricule. C'est à cause de cette partie courbe du ventricule et du sinus mentionné plus haut qui la longe qu'une sorte de monticule est saillant à l'avant et à l'arrière de la partie inférieure du ventricule : il est orienté vers le bas et vers la gauche, en direction de la cavité commune aux deux ventricules [troisième ventricule]. En effet les parties inférieures du ventricule [latéral] droit et du ventricule [latéral] gauche, continues sur toute la longueur du corps calleux, sont inclinées vers le bas en direction de cette cavité qui leur est commune [troisième ventricule] [393]: elles ne sont donc plus sphériques et séparées l'une de l'autre par un septum, comme elles le sont à leur sommet et sur les côtés.Description de la cavité commune aux ventricules [latéraux] droit et gauche ou troisième ventricule. La cavité communeqq Sous H,I, fig. 6 ; H, fig. 7 et 8. aux deux ventricules n'est autre que la jonction des parties inférieures du ventricule [latéral] droit et du ventricule [latéral] gauche, sous le corpsrr S,T,V, fig. 5 ; A,A,A, fig. 6. que les professeurs d'anatomie comparent à une tortue [fornix] ; à sa partie inférieure cette jonction est faite à l'image d'une vallée allongée entre deux monticules[394] et forme un angle aigu sur toute sa longueur. Mais à sa partie supérieure, sous la partie concave du corps comparé à une tortue, cette cavité a une forme sphérique ou ronde. La nature de ce corps [fornix] sera expliquée prochainement[395], pour le moment mon exposé concerne seulement les ventricules ; nous en avons déjà décrit deux [latéraux], un à droite et un à gauche, et quasiment le troisième, qui est la cavité commune aux deux premiers.Les canaux qui sortent du troisième ventricule. De ce ventricule sortent deux canaux ; l'un d'euxss I, fig. 7 et 8. [récessus infundibulaire] se trouve à sa partie inférieure, là où le ventricule forme un angle sur toute sa longueur ressemblant à une vallée, et descend verticalement vers la glandett A, fig. 16 et 18. [hypophyse] qui reçoit la pituite du cerveau. L'autreu,u K, fig. 7 et 8 ; L, fig. 8 ; B,C, fig. 10. plus en arrière [aqueduc du mésencéphale], doit être considéré comme une partie importante du troisième ventricule : il descend entre les testicules et les fesses du cerveauxx M,N, fig. 7 ; N,O,P,Q, fig. 8 ; E,G,F,H, fig. 10. [colliculi supérieurs et inférieurs][396] au-dessus du début de la moelle spinale[397], puis se dirige vers l'arrière en direction du quatrième ventricule. Le début de ce canal n'est pas parfaitement circulaire, mais il est plus ou moins triangulaire[398]. En effet à sa partie inférieure, il garde l'angle aigu de la cavité d'où il est issu[399] ; à sa partie supérieure, très près de la glande [corps pinéal]yy L, fig. 7 ; D, fig. 10. qui préside à la division des vaisseaux en direction du troisième ventricule cérébral[400], une ligne transversale réunit les côtés de cet angle et forme avec eux deux autres angles[401]. C'est l'orificezz C, fig. 10. de ce canal [aqueduc du mésencéphale], sous les fesses [colliculi inférieurs] du cerveau, face au quatrième ventricule. Depuis l'angle[402] inférieur de ce canal,

×En effet, les cornes antérieures (frontales), les atriums (carrefours) et les cornes occipitales droites et gauches sont éloignées les unes des l'autres (par les radiations du corps calleux qu'il ne décrit pas), tandis que les corps de ces ventricules ne sont séparés que par le septum.
×Il s'agit donc des radiations calleuses.
×C'est en fait le corps du noyau caudé qui y fait saillie latéralement.
×C'est à dire latéralement.
×C'est à dire médialement.
×Le texte est très difficile à cause des très nombreuses répétitions et sans indications précises de positions de références. Vésale semble avoir du mal à expliquer la morphologie de ces ventricules dont les parois incurvées dans les trois dimensions de l'espace sont difficiles à décrire littéralement. En cela, les figures sont plus explicites. À cela s'ajoutent les difficultés qu'il a dû rencontrer pour observer ces cavités sur un cerveau mou, et seulement à la lumière du jour ou à l'aide d'une bougie. Ch. Singer, Vesalius on the human brain, London, New York, Toronto, Oxford University Press, 1952, p. 33-34, résume fortement ce passage et donne en traduction des passages extraits de l'édition de 1555 insérés dans le texte de 1543 (seule une note en fin de volume indique qu'il y a eu manipulations de textes sans préciser les limites,).
×Dans cet « angle obtus et arrondi », il faut comprendre la région de l'atrium ventriculaire (carrefour entre corps, corne postérieure, occipitale, et partie de la corne inférieure, temporale). Cette région est incurvée à la manière d'un C à concavité antérieure.
×Cette description laisse supposer que Vésale n'a pas identifié la corne postérieure (occipitale), du moins sa partie la plus postérieure très effilée (cf. aussi p. 612 note 81).
×Il s'agit ici de la corne inférieure (temporale) du ventricule latéral. Celle-ci ne se termine pas tout à fait au niveau des nerfs optiques mais sa portion la plus antérieure répond en effet au point choroïdien, zone de pénétration ventriculaire de l'artère choroïdienne antérieur, artère à laquelle Vésale accorde beaucoup d'importance (cf. p. 610 note 60). Cette corne inférieure est très mince en effet, difficile à décrire sur un cerveau mou, et imposant en tout cas d'en ouvrir le toit en faisant l'ablation d'une grande partie du lobe temporal. Or, nous avons déjà fait remarquer (p. 612 note 81) que jamais cette corne n'est visible sur les figures (seul les atriums sont un peu vus sur les septième et huitième figures). Il reste donc mystérieux que Vésale ait décrit la corne inférieure jusqu'à sa partie la plus antérieure, proche de la région carotidienne, sans l'avoir livrée au lecteur par une gravure.
×Ce chapitre développe le précédent. Par le terme de « début » du nerf optique Vésale veut sans doute préciser que cette corne temporale ne va pas jusqu'au niveau du point de pénétration du nerf optique dans son canal. Il est plus difficile par contre de savoir ce qu'il entend par « début […] des organes olfactifs ». En tout état de cause cette description de l'extrémité antérieure de la corne inférieure permet d'affirmer qu'il a soulevé le lobe frontal ou en a fait l'ablation en même temps qu'une grande partie du lobe temporal, sans quoi il n'aurait pu décrire tous ces rapports. Mais il n'en montre rien. Une telle description aurait pu aussi être faite après extraction du cerveau, en vue inférieure, mais ceci est moins certain car, dès lors, il est plus difficile de suivre cette corne inférieure à partir de l'atrium.
×Il s'agit là du cinquième gyrus temporal et de la région amygdalo-hippocampique. Vésale aurait pu noter l'aspect très particulier de l'hippocampe très lisse et blanc (et constituant le plancher de la corne inférieure) mais il ne le fait pas.
×Passage de la pie-mère à travers la fissure choroïdienne pour proliférer et devenir le plexus choroïde de la corne inférieure, et l'artère choroïdienne antérieure (cf. note 385).
×Vésale préfère ne pas entamer de controverse avec Galien sur ce point précis qu'il cite d'ailleurs de manière inexacte (Galien ayant précisé que les organes olfactifs sont dans les ventricules antérieurs, De usu partium VIII, 6) et entame la description anatomique du ventricule. La première constatation doit être confrontée au fait que Vésale estime aussi que les ventricules « attirent » l'air (cf. p. 636, Fonctions des ventricules).
×Vésale veut sans doute parler du plancher du corps du ventricule latéral.
×Il s'agit peut-être du thalamus formant en partie le plancher du corps du ventricule latéral.
×Il s'agit peut-être du corps du noyau caudé, latéralement au thalamus et enroulé autour de lui. On ne saurait être affirmatif car ce passage un peu alambiqué est très difficile à lier à la réalité anatomique.
×Via les foramina inter-ventriculaires.
×Ces deux monticules ne sont autres que les deux thalami et, au dessous d'eux, les deux lames de l'hypothalamus. Vésale n'utilise pas le terme de thalamus mais en montre la morphologie par une analogie. Tout ce passage reste toutefois de compréhension difficile en raison de la confusion des termes utilisés pour caractériser des structures différentes, voire même de l'incapacité à les distinguer : souvent confondues en raison de leur très petite taille ou parce que liées entre elles par de fausses théories physiologiques (cf. chapitre VII). Il est possible aussi que Vésale n'ait pas osé - ou voulu - tout décrire, n'ayant pas de certitude à ce sujet (cf. notes 398, 399, 401).
×Cf. notes du chapitre VII du livre VII concernant l'explication de la comparaison introduite par Vésale.
×Ces colliculi sont en fait en arrière de l'aqueduc du mésencéphale.
×Vésale n'intègre donc pas le mésencéphale au tronc cérébral.
×Cette description exacte impose de faire une coupe perpendiculaire à l'axe du mésencéphale, or aucune des figures ne le montre.
×Est souligné ici le fait que la portion inférieure de cet aqueduc ressemble, à la coupe, en plus petit, à celle du quatrième ventricule. Vésale a donc fait au moins une autre coupe de cette portion (cf. note précédente).
×Façon d'exprimer le fait que les deux veines cérébrales internes courant sous le corps du fornix dans la toile choroïdienne supérieure (toit du troisième ventricule) se réunissent pour constituer la grande veine cérébrale (de Galien) en général au-dessus ou immédiatement en arrière du corps pinéal (avant de se jeter dans le sinus droit). Rappelons ici que Vésale y inverse le sens du flux sanguin.
×Cette description un peu confuse veut sans doute dire qu'à ce niveau l'aqueduc du mésencéphale est losangique à la coupe, ce qui est exact et laisse encore penser que Vésale a bien réalisé des coupes successives. Il serait en effet très difficile de faire une telle constatation en ne regardant cet aqueduc qu'en fuite, de haut en bas, comme il est montré d'ailleurs assez mal sur les septième et huitième figures. Il est donc étrange que Vésale n'ait pas montré de telles coupes, quitte à les placer en petit format comme sur les dixième et onzième figures. Les septième et huitième figures (comme les précédentes à partir de la troisième) conservent donc le même point de vue, tête orientée de telle façon que l’aqueduc du mésencéphale soit justement vu en fuite. Ce n'est pas la meilleure façon de le montrer. Il semble donc que, pour Vesale, il faille avant tout exposer le système ventriculaire in toto, et illustrer ces cavités recueillant la pituite, étant donné l’importance qu’il donne à ce système (cf. p. 636 : Fonctions des ventricules).
×Ce terme d'angle est mystérieux car aqueduc du mésencéphale et plancher du quatrième ventricule sont continus, ce qu'il souligne plus loin (Cf. p. 635 : Description du quatrième ventricule).