Livre VII
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Cependant chez l'agneau, ou chez un mouton adulte, elle est non seulement fixée au cerveau[454], mais elle apparaît même plus ou moins continue avec la substance du cerveau. En outre cette glande est plus petite chez l'homme que chez l'agneau. Aussi si vous voulez voir cette glande comme les organes qui seront décrits dans le chapitre suivant, vous commencerez par examiner un cerveau d'agneau : car tous ces organes y sont plus grands et mieux formés, de sorte que vous pourrez les comparer plus aisément dans n'importe quel cas.Fonction de cette glande. Galien dénie absolument que cette glande [corps pinéal], qui est plus dure[455] que la substance du cerveau et plus proche de la nature d'une glande que de celle du cerveau, contrôle le canal [aqueduc] qui va du troisième ventricule cérébral au quatrième, et qu'elle puisse le fermer comme d'autres professeurs d'anatomie l'avaient cru : il n'a pas attribué à cette glande la même fonction qu'au corps glanduleuxgg i,i, fig. 12, livre V ; S, fig. 15. [pancréas] qui est attaché au duodénum sous l'orifice [orifice pylorique] du côté droit de l'estomac, et qui, selon lui, contrôle l'ouverture et la fermeture de cet orifice. Nous avons montré[456] en son lieu que ce corps glanduleux [pancréas] n'a pas été fait pour cet office, et ici de même, nous attestons avec Galien que cette glande du cerveau [corps pinéal] n'obture nullement le canal [aqueduc], pour la raison principale qu'elle n'est pas suffisamment en contact avec lui pour être une barrière devant son orifice[457]. Mais je suis d'avis qu'elle a été faite, comme beaucoup d'autres petites glandes du corps, pour affermir le vaisseauhh H, fig. 6. [grande veine cérébrale dite de Galien] qui va vers le troisième ventricule du cerveau et qui se distribue, dès son origine, en nombreuses branches entrelacées[458] avec la fine membrane, et pour servir de support à ce vaisseau, afin qu'il ne recouvre pas l'entrée de l'aqueduc en l'obstruant et en empêchant l'esprit vital d'être transporté du troisième ventricule cérébral dans le quatrième[459].

Chapitre IX. Des testicules et des fesses du cerveau

Ils sont représentés d'abord sur la septième figure à M, N, puis sur la huitième figure à N, O et P, Q, enfin sur la dixième figure à E, G et F, H.

Nous comptons également ces parties du cerveau dans la catégorie de cellesaa A,A, fig. 3. qui prouvent la continuité de la partie droite du cerveau avec labb B,B, fig. 3 gauche[460]. Mais ces testicules [colliculi supérieurs] et ces fesses [colliculi inférieurs] ne sont rien d'autre qu'une petite partie du cerveau fabriquée dans le but de sécuriser le trajet du canal [aqueduc du mésencéphale]cc K dans les fig. 7 et 8 ; B,C dans la fig. 10. descendant du troisième ventricule du cerveau vers le quatrième, sans subir de pression de la part des parties du cerveau qui sont placées au-dessus[461].Le nombre de testicules et de fesses du cerveau. Et, bien que cette petite partie ait un nom au pluriel, elle n'est pas pour autant divisée en plusieurs parties distinctes : c'est un corps simple, mais s'appropriant non sans élégance ces noms qui révèlent leur ressemblance.Position. Cette partiedd M,N entre H,K et XX, fig. 7. du cerveau se trouve entre la région antérieure du cervelet et l'arrière du troisième ventricule ; sa face inférieure regarde le début de la moelle spinaleee D, fig. 1, chap. 2, livre IV ; ou, dans ce livre-ci, ce qui placé sous A,A,F,H dans la fig. 10. et sa face supérieure l'aire où le cerveau commence à s'appuyer sur le cervelet[462]. Elle est continue avec le cerveau ou (plus exactement) elle émerge entièrement du cerveau à l'avant et en bas, mais sur les côtés[463], en haut et à l'arrière[464], elle n'est continue avec aucune autre partie, elle est seulement recouverte par la fine membrane comme le reste de la surface du cerveau.Substance. Puisqu'elle est recouverte par la fine membrane, sa substance est jaunâtre et est semblable à la substance cérébraleff D,D, fig. 7. partout où elle est adjacente à la fine membrane. Une petite glandegg L, fig. 7 ; D, fig. 10. [corps pinéal ou épiphyse] repose sur sa partie supérieure à l'avant : nous avons montré tout à l'heure qu'elle avait été préposée au passage des vaisseaux.Forme. L'aspect de cette partie ressemble tout à fait à deux fesses serrées l'une contre l'autre. Mais puisque sa partiehh E,G près desquels se trouve D dans la fig. 10. supérieure[465] ressemble davantage à des testicules, à cause de la glande qui a la forme d'un pénis [corps pinéal ou épiphyse], les anciens qui entraînaient leurs enfants à disséquer selon un droit héréditaire[466], l'ont appelée didymoi [testicules]. Et nous les avons imités, en les appelant « testicules » et « jumeaux »[467]. Mais, puisque c'est sur la partie postérieure et inférieure de ce corpsii F,G, fig. 10.
k C, fig. 10.
l K [L], fig. 8
que se situe l'orificek du canal [aqueduc du mésencéphale]l qui descend du troisième ventricule dans le quatrième, que cet orifice a une similitude avec un anus et qu'à cet endroit une impression faite comme une lignemm entre E,G et E,H, dans la fig. 10. s'étend transversalement, séparant pour ainsi les parties supérieures des inférieures, c'est la raison pour laquelle, à mon avis, les anciens ont imposé les noms de gloution [fesse] à la partie postérieure et inférieure, mais nous pourrions dire aussi « les petites fesses » ou « les fesses ». Mais au cours des temps les Grecs semblent avoir confondu les noms et appelé tantôt didumos, tantôt gloution l'aire qui, par le très grand talent du Créateur, contient le canal qui va du troisième ventricule au quatrième [aqueduc du mésencéphale].

Chapitre X. Les processus vermiformes du cervelet et les tendons qui les maintiennent

On voit très bien la nature de ces processus à partir de C et D, c, d, puis H, I, O sur la onzième figure. Mais la huitième figure convient également, du R central vers L ; et aussi la neuvième figure à C, E.

×Chez les ovidés, comme chez les cervidés, le corps pinéal en effet volumineux proportionnellement au reste de l'encéphale, joue un rôle important dans le cycle des périodes de reproduction liées aux nycthémères saisonniers.
×Le corps pinéal doit sa fermeté au fait qu'elle est très souvent le siège de microcalcifications.
×Cf. Fabrica V, 3, p. 390-391. Vésale reprend l'argumentation de Galien, De usu partium VIII, 14. Comme Galien, il considère que la fonction des glandes est de supporter, de consolider en quelque sorte les vaisseaux.
×Observation judicieuse de Vésale, bien que le paragraphe donnant quand même à ce corps pinéal un rôle mécanique soit fantaisiste.
×Il s'agit certainement de tous les affluents veineux de la grande veine cérébrale, outre les deux veines cérébrales internes : veines basales, tectales, cérébelleuses supérieures, pinéales.
×Descartes fera de l'épiphyse ou corps pinéal le siège de l'âme raisonnable (De l'homme, Paris, Ch. Angot, 1664).
×Cf. p. 629 note 302.
×Même conception mécaniste que dans le paragraphe précédent (cf. note 457).
×En réalité ces colliculi ne sont pas dorsaux au troisième ventricule mais à l'aqueduc du mésencéphale. Cette observation de Vésale tend à prouver qu'il n'a pas pas fait de coupe sagittale médiane (cf. p. 609 n. 47 ; p. 610 n. 52 et 59 ; p. 611 n. 70 ; p. 612 n. 83 ; p. 632 n. 360 et 366 ; p. 635 n. 409). D'autre part, l'aire où « le cerveau commence à s'appuyer sur le cervelet » désigne certainement la région du corps pinéal et du splenium du corps calleux, situés au-dessus du culmen cérebelleux et limitant en haut cette région.
×En fait chaque colliculus inférieur est relié par le bras du colliculus inférieur au corps géniculé médial (petit, appartenant au thalamus, intégré aux voies auditives) et chaque colliculus supérieur est relié par le bras du colliculus supérieur au corps géniculé latéral (plus volumineux, appartenant au thalamus, intégré aux voies optiques).
×Ici la description est confuse.
×Cf. Galien, De usu partium VIII, 14. Les colliculi supérieurs et inférieurs réalisent quatre reliefs sphériques constituant le toit tectum) de l'aqueduc du mésencéphale. Ambroise Paré les comparera encore à deux petites fesses d'enfant ou de mouton (Anatomie universelle, Paris, J. Le Royer, 1561, t. III, p. 130).
×Thème récurrent chez Vésale.
×Les termes de « tubercules quadrijumeaux supérieurs et inférieurs» pour désigner ces colliculi ont longtemps été utilisés par les modernes mais ont disparu dans la nomenclature anatomique actuelle.