Livre VII
645

La quatrième figure montre l'humeur vitrée [corps vitré] comme on la verrait sur sa face antérieure si elle gardait la forme qu'elle a dans l'oeil, quand on en aurait détaché l'humeur cristalline.

SEn effet S indique la partie concave dans laquelle la moitié de l'humeur cristalline se trouvait.

La cinquième figure représente l'humeur vitrée [corps vitré] sur la même face que la quatrième figure, mais avec l'humeur cristalline encore attachée.

Tl'humeur cristalline (indiquée par T) encore attachée.

La sixième figure est une vue latérale de l'humeur vitrée [corps vitré],

Vavec l'humeur cristalline (V) encore attachée[538].

La septième figure montre l'humeur aqueuse en vue latérale, telle qu'elle se trouve dans l'oeil, et recouvrant encore la face antérieure de l'humeur cristalline.

YEt Y indique l'aire de l'humeur aqueuse contenant la partie de la tunique de l'uvée de l'oeil qui est séparée et distante de la cornée[539] (lorsque l'oeil est intact).

La huitième figure montre en même temps

al'humeur vitrée notée a [dans la fig. 1]
bet l'humeur aqueuse notée b, placées l'une en face de l'autre, comme séparées par la tunique que nous comparons à juste titre aux poils des paupières [corps ciliaire[540]].
cEt l'aire de cette petite tunique située entre ces humeurs est indiquée par c.

La neuvième figure est une vue latérale de la tunique[cristalloïde ou capsule du cristallin] recouvrant l'avant de l'humeur cristalline ; elle est très transparente et a été ici détachée du cristallin[541].

La dixième figure montre l'humeur cristalline [cristallin] en vue latérale, encore recouverte par la tunique [cristalloïde ou capsule du cristallin] dessinée sur la neuvième figure ;

d, ed indique cette petite tunique, tandis que e indique la partie postérieure de l'humeur cristalline, qui n'est pas recouverte par cette petite tunique[542], mais qui flotte sur l'humeur vitrée [corps vitré], quand l'oeil est intact.

La onzième figure indique la partie antérieure ou postérieure de la tunique [corps ciliaire] produite par l'uvée, et comparée à des cils.

g,g, f,fElle sort de l'uvée au cercle indiqué par g, g et elle s'attache ou s'insère sur l'humeur cristalline au cercle marqué f et f.

La douzième figure contient la tunique [corps ciliaire] déjà montrée dans la onzième figure, recouvrant encore l'humeur vitrée [corps vitré] et attachée à l'humeur cristalline [cristallin].

h,h,ih et h indiquent la tunique, mais i l'humeur cristalline[543].

La treizième figure montre la tunique [rétine] que ceux qui ont l'expérience de la dissection comparent à un filet ; elle est représentée en vue latérale, avec la substance du nerf optique marquée k, et détachée des dure et fine membranes cérébrales.

kla substance du nerf optique marquée k[544].

La quatorzième figure montre la surface interne de la tunique de l'uvée. Nous l'avons dessinée ici retournée sur elle-même, comme cela se fait au cours d'une dissection[545].

l,ml annote la petite portion de tunique [rétine] dans laquelle se perd la substance du nerf optique, et m la partie dans laquelle la région antérieure de l'uvée est comprimée en-dedans ou vers l'arrière[546].

La quinzième figure contient la surface externe de la tunique de l'uvée[547], dessinée en vue latérale, avec la substance du nerf optique, recouverte par la fine membrane du cerveau [lepto-méninges engainant le nerf optique].

n,on annote la substance du nerf optique, ici détachée de la fine membrane qui l'entourait ; o annote cette fine membrane recouvrant la substance du nerf optique, qui est ici dénudée de la dure membrane qui la recouvrait avant d'être sectionnée.
p,ppetites portions de veines et d'artères s'étendant de la dure tunique de l'oeil [sclérotique] dans la tunique de l'uvée ; elles ont déjà été brisées au cours de la dissection.
q,q,rrégion où la tunique de l'uvée est comprimée sur sa partie antérieure et se sépare de la cornée ; r est le foramen constituant la pupille de l'uvée.

La seizième figure montre la dure tunique de l'oeil [sclérotique] en vue latérale, séparée en deux par une section transversale, pour faire voir la série de vaisseaux qui s'étendent de cette dure tunique dans l'uvée.

Le ∫ indique donc le nerf optique, qui a été sectionné[548]avec les deux membranes qui le recouvrent, et avec les veines et les artères qui l'accompagnent.
t,tt indique les veines et les artères courant à travers la dure tunique de l'oeil ;
u,uon voit ici la tunique de l'uvée parce que la dure tunique [sclérotique] a été sectionnée ; elle reçoit des petits branches des vaisseaux de la dure tunique.
xUn x indique l'aire où la dure tunique de l'oeil est lisse et transparente comme de la corne [cornée].
yLe foramen de la pupille correspond à l'endroit marqué y.

La dix-septième figure révèle toute la surface externe de la dure tunique [sclérotique] mise à nu, en vue latérale, avec une grande portion du nerf optique, dans lequel

α indique sa substance,
βla fine membrane dont elle est recouverte [lepto-méninges engainant le nerf optique],
γla dure membrane cérébrale [gaine durale du nerf optique],
δles veines et artères accompagnant le nerf optique[549],
x,yen outre x et y indiquent les mêmes aires que dans la seizième figure.
×Comme sur la toute première figure (cf. p. 643 note 529) le cristallin se trouve en position centrale, tel un noyau de cerise. Pourtant l'ensemble de ces figures montre à l'évidence que Vésale a bien sectionné un bulbe oculaire pour en extraire le cristallin, découvrant ainsi l'humeur aqueuse de la chambre antérieure et le corps vitré. Mais pour voir le cristallin telle que sur la figure VI, cette section ne peut passer par l'équateur du bulbe oculaire mais elle doit être faite plus en avant. Comme pour l'encéphale, on peut s'étonner que Vésale n'ait pas réalisé de coupe sagittale du bulbe oculaire, faite dans l'axe du nerf optique, coupe plus démonstrative et d'ailleurs devenue classique des ouvrages modernes. Cf. aussi p. 646 note 555.
×Il s'agit très vraisemblablement de l'iris (cf. p. 647 : La tunique issue de la fine membrane du cerveau et nommée l'uvée).
×Vue imparfaite car placée sur l'équateur du bulbe oculaire.
×L’isolement de cette capsule nécessite de fins instruments.
×En réalité le cristallin est entouré d'une cristalloïde ou capsule tant à sa face antérieure que postérieure, à moins que Vésale entende par « petite tunique » l'épithélium qui n'existe qu'en avant de l'équateur du cristallin.
×Inversion dans l'ordre des légendes dans le texte latin. On notera que Vésale présente l'œil comme un jeu de construction.
×Vésale montre là encore la rétine comme s'arrêtant au niveau de l'équateur du bulbe oculaire alors qu'elle représente plus de la moitié de la surface interne de celui-ci. Il est possible que cette coupe à l'équateur ait facilité sa dissection, lui permettant de travailler comme au sein d'un vase largement ouvert. Le décollement rétinien sépare en fait la rétine sensorielle de l'épithélium pigmentaire et peut être obtenu par injection d'eau sous pression. L'utilisation de fins instruments expose à plus de déchirures de cette structure. La façon dont il a procédé reste donc mystérieuse. Il s'agit en tout cas d'une dissection extrêmement fine et montrant parfaitement la continuité entre rétine et nerf optique, ce qui sur le plan physiologique est une grande avancée. Enfin, le fait qu'il montre cette rétine ayant conservé sa morphologie sphérique laisse à penser qu'il n'a pas posé seulement le fruit de sa dissection sur table aux yeux de l'artiste mais qu'il lui a donné des indications ou a fait un dessin préparatoire (cf. à ce sujet, p. 649 : La tunique adhérant à l'oeil ou tunique blanche, où Vésale parle des dessins qu'il réalise).
×Cette figure est la plus étrange. En effet pour obtenir une telle préparation, il faut inciser la cornée à sa périphérie et l'isoler ainsi, comme le pôle d'un œuf, de la sclérotique (ce qu'il n'a pas réalisé pour l'image précédente), puis décoller la rétine de la choroïde, puis décoller la choroïde de cette sclérotique et enfin l'éverser pour la voir « retournée sur elle-même » afin d'en montrer l'ouverture postérieure (indéxée l), zone traversée par la tête du nerf optique. Une telle figure montre donc, à l'extérieur, la face interne de cette choroïde qui en réalité sera faite de l'épithélium pigmentaire de la rétine (cf. note précédente). L'image de l'oeuf est d'ailleurs utilisée par Vésale p. 646 : Comment décrire la structure de l'oeil.
×Ceci répond en fait aux corps ciliaires, dont la morphologie est décrite par le terme « comprimée », terme que l'on comprend mieux dans sa description au début de la p. 648.
×Cette préparation suppose que la cornée ait été là encore incisée et exclue comme le pôle d'un œuf (cf. note 546), puis la sclérotique (en quartier d'orange comme Vésale le suggère d'ailleurs p. 656 : Autre méthode de dissection de l'oeil) pelée avec la gaine durale du nerf optique avec laquelle elle est continue. Elle expose finalement cette fois la face externe de la choroïde que Vésale note continue avec la gaine arachnoïdienne du nerf optique, ce qui est admissible macroscopiquement. Les nombreux micro-vaisseaux qui s'y jettent illustrent bien que cette choroïde, de texture spongieuse, est très richement vascularisée. Une fois de plus, Vésale ne dévoile pas sa technique de dissection.
×Littéralement « tronqué » (le verbe abtruncare n'est pas classique).
×Cette image juste et démonstrative des gaines du nerf optique illustre bien le choix de Vésale d'une représentation pratiquement tridimensionnelle plutôt qu'en coupes sériées. La suite de toutes ces figures montre finalement, de la profondeur à la superficie (ou inversement au gré du lecteur comme il le suggère plus loin), comment l'œil est « fabriqué », illustrant parfaitement le titre de son ouvrage et le parti pris délibéré de sa part de présenter l'anatomie.