Livre VII
648

d'être légèrement comprimée en-dedans à l'avantr,r H, fig. ; m, fig. 14 ; q,q, fig. 15. montrant ainsi à cet endroit une surface plane au lieu d'une surface convexe et sphérique. En effet, quand elle atteint la région de cette partie antérieure de l'oeil où passe le plus grand cercless x, fig. 16 et 17 ; θ , fig. 18 et 19. de l'oeil, que nous appelons l'iris[569], et au moyen duquel le blanc de l'oeil est séparé (pour ainsi dire) du noir, et où se trouve la partie de la tunique [cornée]tt N, fig. 1. produite par la dure-membrane du cerveau, que nous comparerons également à de la corne par sa transparence et sa substance, cette tunique se sépare de celle issue de la dure-membrane, et n'étant plus en contact avec cette dernière, elle est comprimée à l'arrière là où elle aurait dû être sous ce corps que nous comparons à de la corne[cornée] formée par la dure-membrane, tout comme elle l'est dans le reste de l'oeil. La tunique [uvée] issue de la fine membrane du cerveau présente non seulement cette dépression, mais au milieuuu I, fig. 1 ; m, fig. 14 ; r, fig. 15. de cette dernière, elle est perforée par une sorte de foramen qui forme le plus petit cerclexx Fig. 16 et 17.
[sans appel de note] κ , fig. 18 et 19.
de l'oeil et que nous appelons la pupille[570].La pupille. Cette tunique ressemble beaucoup à la peau d'un grain de raisin dont on aurait arraché le pédoncule par lequel il était attaché, surtout si on imagine que le raisin s'est un peu creusé et qu'un trou s'est formé à l'endroit où on a arraché le pédoncule. Toute l'enveloppe du grain de raisin va alors ressembler à cette tunique : la partie en creux correspondra à la dépression de la partie antérieure de cette tunique et le trou, là où le pédoncule était attaché, correspondra à la pupille elle-même. C'est à partir de cette similitude que les Grecs ont appelé rhagoeides ou rhaga [« qui ressemble à un raisin »] la tunique que nous appelons uvée. Puisque cette tunique est formée par la fine membrane du cerveau, dite choroeides, les Grecs l'ont également nommée tunique choroïdienne, pas seulement parce qu'elle est formée par la fine membrane du cerveau, mais peut-être aussi parce qu'elle supporte les veines et les artères de l'oeil, comme la fine membrane supporte les vaisseaux du cerveau. Comme je le dirai bientôt, sur toute la surface où l'uvée est recouverte par la tunique issue de la dure-membrane du cerveau [sclérotique], des ramificationsyy p,p, fig. 15 et u,u, fig. 16. de veines et d'artères s'étendent à travers l'uvée et forment des aspérités qui lui donnent l'aspect de la surface interne de la peau d'un grain de raisin, contenant les fibres qui soutiennent la chair et les pépins du raisin[571]. Donc, puisqu'un grand nombre de ramifications de vaisseaux issus de la tunique formée par la dure-membrane du cerveau se répandent dans l'uvée, c'est par l'intermédiaire de ces ramifications que l'uvée est attachée à cette tunique.Les couleurs de l'uvée. À l'endroit où elle se sépare de la sclérotique le long du cercle de l'iris et où elle est comprimée en-dedans, l'uvée est fortement attachée sur toute la périphérie de ce cercle et elle change de couleur. En effet, sur la surface recouverte par la dure tunique [sclérotique], l'uvée est toujours noire, et légèrement humide, mais dans la partie antérieure de sa dépression[572], on rencontre une grande variété de coloris, mais toujours de la même couleur que celle de l'iris, c'est-à-dire du plus grand cercle de l'oeil ou du noir de l'oeil ; c'est pourquoi nous disons que les yeux sont noirs, pers ou verts.La couleur des yeux ne varie pas en fonction de la quantité d'humeurs ou d'esprits. Cette couleur n'est nullement due aux humeurs de l'oeil, et bien que cela soit très surprenant[573], je pourrais cependant démontrer cela par le fait que la couleur de l'oeil existe toujours dans l'uvée, quand l'oeil est intact, ou après que l'humeur en a été retirée ou quand l'uvée elle-même a été détachée et séparée de la dure tunique [sclérotique]. On peut voir cela non seulement dans l'oeil humain, mais dans l'oeil de n'importe quel animal. Par ailleurs, la surface interne de l'uvée est nuancée de diverses couleurs : à l'arrière de l'oeil, d'où cette tunique est originaire, l'uvée est blanchâtre, puis elle devient verte et ensuite azurée comme l'iris[574] ; la surface interne [de l'uvée] a encore ces couleurs à l'arrière de l'oeil, mais à l'avant elle est entièrement noire et n'est pas aussi lisse qu'à l'arrière : cela est dû surtout aux processus [corps ciliaire]zz K, fig. 1 ; fig. 11 et 12. qu'elle envoie dans cette partie pour constituer la tunique[575]couvrant l'avant de l'humeur vitrée, comme une sorte d'intersticeaa K entre C et O, fig. 1 ; et c entre a et b, fig. 8. entre l'humeur vitrée [corps vitré] et celle que nous allons appeler l'humeur aqueuse.La tunique[576] comparée aux cils et aux poils des paupières. Cette tunique n'est dotée que de surfaces planes, ni concaves, ni convexes. C'est en fait la tunique que vous pourriez obtenir si vous découpiez un cercle dans une toile d'araignée extrêmement fine, de la grandeur de la surface antérieure de l'humeur vitrée, et que vous découpiez ensuite dans ce cercle un autre, plus petit, faisant un trou de la taille de l'humeur cristalline, là où elle est la plus ample. Vous pourriez comparer cette tunique avec un cercle de ce genre, si vous imaginiez qu'elle émerge de l'uvée avec cette forme circulaire et qu'elle est jointe par ce foramen à la partie la plus grande de l'humeur cristalline [cristallin]. Mais cette tunique est plus fine qu'une toile d'araignée, et elle est constituée de fins processus originaires de l'uvée faits de telle façon qu'ils présentent une remarquable ressemblance avec les cils ou les poils des paupières de couleur noire. Qu'on doive l'appeler tunique ou autrement ne mérite pas que je m'y attarde, pourvu que je puisse expliquer dans quelle partie elle se trouve, à quels éléments elle est jointe, quels sont son aspect et sa substance ; le nom qui me semblerait le mieux lui convenir est tunique, ou, si vous préférez, interstice[577]entre l'humeur vitrée et celle que nous allons appeler l'humeur albugineuse ou aqueuse.La dure tunique oculaire [sclérotique] formée par la dure-membrane du cerveau. Mais il convient maintenant de présenter dans mon exposé la dure tuniquebb M provenant de L, fig. 1 ; fig. 16 et 17. [sclérotique] que nous considérons comme issue et détachée de la dure-membrane du cerveau recouvrant le nerf optique [gaine durale du nerf optique]. Dès que cette membrane s'insère à l'arrièrecc ∫, fig. 16. de l'oeil, elle s'élargit, et devient plus épaisse et plus dure que la dure-membrane cérébrale elle-même, en entourant et en encerclant l'oeil et en s'étendant aussi bien à l'avant qu'à l'arrière. Mais bien qu'elle soit de la même substance partout, elle n'a pas qu'un seul nom[578]. Là où elle forme l'arrière de l'oeil, et où elle s'étire vers l'avantd,d θ , fig. 18 et 19.

×Cette description des tuniques de l'oeil emprunte beaucoup à Galien, De usu partium X, 2, qui appelle iris ou couronne un cercle fictif où se réunissent toutes les tuniques de l'oeil, sans distinguer la division de l'oeil en deux compartiments (chambre antérieure entre cornée et iris, et chambre postérieure entre iris et cristallin). Cf. à ce sujet la traduction annotée de Ch. Daremberg, Œuvres anatomiques, physiologiques et médicales de Galien, Paris, J. B. Baillière, 1854-1856, t. 1, p. 614. Aujourd'hui, on appelle iris la membrane en forme de disque qui est la partie la plus antérieure de l'uvée (ou couche vascularisée) de l'oeil, percée en son centre d'un orifice circulaire (la pupille).
×Pas de lettre d'appel, mais bien légendée par κ dans les planches.
×Cf. Galien, De usu partium X, 4. Vésale développe abondamment la comparaison faite par Galien entre l'uvée et les deux faces (externe et interne) du grain de raisin.
×C'est-à-dire la région des corps ciliaires, transitionnelle entre la choroïde et l'iris (le terme de dépression correspond au changement de courbure de l'uvée à ce niveau, comme Vésale l'a indiqué par le verbe « comprimer » p. 647-648, La tunique issue de la fine membrane du cerveau et nommée l'uvée.
×Le terme de paradoxon devient dans la langue latine un équivalent d'admirabile, un fait surprenant qui heurte l'opinion. Cf. le titre d'un traité de Cicéron, Paradoxa.
×Il s'agit probablement ici de la pierre précieuse cristalline que Pline nomme iris (Naturalis Historia 37, 52, 2).
×Plus que de la membrane vitrée (ou hyaloïdienne) entourant le corps vitré, il s'agit sans doute du ligament suspenseur du cristallin ou zonule.
×Il est difficile ici de comprendre si ce terme de « tunique » répond au corps ciliaire ou à l'ensemble corps ciliaire et zonule.
×L'édition de 1555, p. 804, précise la fonction du corps ciliaire (interstice ou séparation).
×Le sens parait en opposition avec la suite de la description qui insiste sur les variations de la nature de cette membrane. L'édition de 1555, p. 804, corrige le texte en introduisant un non passim plus compréhensible, mais qui modifie le sens de la phrase : « puisqu'elle n'a pas la même substance partout, elle n'a pas qu'un seul nom ». Finalement la description de la sclérotique devenue cornée, revenant sur cette idée d'unité de substance de cette tunique, mais l'une transparente l'autre pas, mérite une description commune mais deux noms distincts.