Livre VII
654

Ainsi, chacune d'eux va vous apparaître comme un ver, ressemblant tout à fait aux vers qui au printemps tombent des saules ou aux bombyx avant qu'ils ne s'enferment dans leur cocon, et encore plus à leur état lorsqu'ils ont été enfermés pendant un certain temps mais qu'ils n'ont pas encore troué le cocon pour sortir[642]. Si vous n'avez pas enlevé toutes les circonvolutions médianes et que vous ayez coupé seulement les extrémités, vous pourrez montrer[643] les processus vermiformes du cervelet, le premier à l'avant, l'autre à l'arrière. Vous pourrez non seulement examiner l'aspect des processus vermiformes sectionnés, mais il conviendra aussi de prêter une attention particulière à leur fonction[644], quand le cervelet est séparé du début de la moelle spinale.Examen des paires de nerfs. Donc après avoir examiné les parties du cervelet, il faudra rechercher les paires de nerfs ; pour que cela soit plus facile, insérez la main entre le cerveau et l'os frontalk,k comme cela a été fait fig. 12. et tirez peu à peu le cerveau vers le haut de façon à voir en premier le processus que beaucoup appellent le processus mamillairell I,I, fig. 12 ou C,C, fig. 13.
m C,D, fig. 12 et L,L, fig. 13.
du cerveau[645], puis les processus [tractus et bulbus]m qui servent à l'organe de l'odorat[646] ; ceux-ci doivent être détachés de leurs sinus [gouttières olfactives ethmoïdales] au moyen d'un stylet ou avec le doigt, et retournés en arrière et vers le haut avec le cerveau. Au cours de ce travail, il ne sera pas inutile de récliner la tête sur l'occiputn;n comme cela a été fait fig. 13. car, dans cette position, elle présente bien le début de ces processus. Et en même temps les débuts des nerfs optiquesoo M,N,O, fig. 13. deviennent visibles[647], ainsi que leur réunion [chiasma optique] et sous eux, le bassin [infundibulum]pp S, fig. 13 ou C,C, fig. 14. disposé pour l'évacuation de la pituite du cerveau. Ensuite, se présente dans la cavité de la dure-membrane l'entréeqq B, fig. 13 ou E,F, fig. 14. des artères dont une partie se diffuse dans la fine membrane, et dont l'autre partie court dans les ventricules cérébraux [latéraux] droit et gauche. Mais pour voir en détail la distribution de ces artères, enlevez aussi la fine membrane du cerveau, [ainsi vous verrez] que les ventricules se terminent ici dans les circonvolutions, et non pas dans les organes olfactifs ou dans les nerfs optiques, et qu'il n'y a rien de moins exact que [prétendre] que la pituite provenant des ventricules est évacuée sur ces organes et amenée par eux sur le huitième osrr A,B,A, fig. 8, chap. 6, livre I.
s comme cela a été fait fig. 14.
de la tête. Maintenant, détachez du cerveau les nerfs optiquess et sectionnez soigneusement toute leur portion visible dans la cavité crânienne, en prenant soin de ne pas enlever en même temps qu'eux le bassin qui a été mentionné peu avant[648] ; en effet ce bassin est tout entier accessible et parfaitement visible pendant cette opération ; et vous verrez facilement quel est le canal [récessus infundibulaire]tt D, fig. 14. qui descend du troisième ventricule jusqu'à lui et comment il se termine dans une glande [hypophyse]uu A, fig. 16. sous la dure-membrane, si vous élargissez ici le foramen intrinsèque de la dure-membrane. Il sera cependant utile de conserver cette membrane intacte à ce stade du travail, jusqu'à ce que vous ayez examiné les autres nerfs crâniens[649]. Inclinez donc la tête sur le côtéyy comme dans la fig. 14. gauche[650], remettez en place la partie restante du cerveau, puis tournez le cerveau vers la gauche[651] et vers le bas, et vous pourrez considérer l'origine de la deuxième paire [nerfs oculo-moteurs]z, puis la plus petite racine de la troisième pairea. Enlevez cette partie et tournez encore plus le cerveau vers la gauche, et vous pourrez examiner alors l'origine de la troisième et de la quatrième pairesbet, en outre, le début de la cinquième pairecqu'il convient de détacher également pour observer un petit nerfdqui a son début près de la racine de la cinquième paire et qui se présente au muscle temporaleet à celui qui se cache dans la bouche et qui élève le maxillairef. Les sixième et septième pairesgsont également visibles si vous prêtez attention aux diverses petites racines par lesquelles ces nerfs commencent. Par ailleurs, pendant que vous recherchez ces paires, observez également les canauxhqui cheminent comme des veines[652] depuis les sinus de la dure-membrane vers la fine membrane ; et, si vous le désirez, vous pourrez découvrir de même les origines des nerfs du côté gauche. Enlevez à présent ce qui reste de la moelle spinale ou du cerveau dans la tête, afin de voir la dure-membrane encore intacte sous la base du cerveau, et vous observerez que les sinus des organes olfactifs sont percés de tout petits foramina [foramina de la lame criblée de l'ethmoïde] et que des nerfs s'en échappent de tous côtés. Après les avoir observés, examinez l'origine du premier et du deuxième sinus de la dure-membrane, et les vaisseauxi qui y entrent, en les ouvrant avec la pointe d'un scalpel tranchant.Examen de ce qui se trouve à la base de la dure-membrane, [c'est-à-dire] la glande recevant la pituite [hypophyse] et les artères à ses côtés. Les conduitskk comme cela a été fait fig. 12. qui cheminent sur les côtés de la dure-membrane sont visibles à sa base vers l'avant et sont apparents même sans disséquer davantage, mais si vous voulez voir la petite glande [hypophyse] et le plexus réticulaire qui est une invention fallacieuse des professeurs d'anatomie, prêtez attention au foramenll I,I, fig. 12 ou C,C, fig. 13. de la dure-membrane [orifice du diaphragme sellaire] qui reçoit la partie médiane du bassin ou infundibulum, et à la portion du bassin qui y est encore attachée ; ne négligez pas non plus l'artèremm C,D, fig. 12 et L,L, fig. 13. [carotide interne] qui pénètre la dure-membrane de chaque côté de ce foramen. Examinez cela rapidement, puis, avec la pointe d'un petit scalpel tranchantnn comme cela a été fait fig. 13. faites une incision de chaque côté de ce foramen jusqu'à l'endroit où passent les artères, et écartez les berges de ces incisions : la petite glande [hypophyse] se présente alors à la vue ainsi que les artères s'étendant de chaque côté. Mais vous les verrez plus facilement si, à l'aide d'un crochet et avec la pointe d'un scalpel tranchant, vous détachez ici la dure-membrane, ou si vous l'ouvrez le plus possible, et que vous poussiez un stylet en plomb depuis l'artère pénétrant la dure-membrane jusqu'à l'artère soporale qui se trouve encore ici dans le cou[653]. Et cela est facile à faire chez l'homme, pourvu que vous ne déniez pas la bonne foi de vos yeux par égard pour Galien. Car ici, vous pourrez noter quelles belles fables tous les auteurs ont inventées jusqu'à aujourd'hui au sujet du plexus réticulaire chez l'homme, surtout si vous disposez également d'un cerveau de brebis ou de bœuf à disséquer en même temps. Ensuite, en déplaçant la petite glande [hypophyse] et en la comprimant afin de tester sa dureté, vous pourrez évaluer ce qui était venu à l'esprit de Galien quand il a considéré que la pituite descend dans le palais, à travers la partie la plus épaisse de l'os sphénoïde, percé comme une éponge, écrit-il, alors qu'il aurait dû chercher plutôt des canaux propres [intrinsèques] à la pituite et à l'air inspiré par la respiration, et pas des foramina qui sont loin d'être petits[654]. Mais il convient maintenant de laisser le reste de l'intérieur du crâne,

×L'élevage des vers à soie était une activité florissante en Vénétie depuis le XIIIe siècle, et Venise était réputée pour la production de soie naturelle. La comparaison que Vésale introduit entre le vermis cérebelleux et le bombyx du mûrier à différents stades de son développement, notamment à l'état de chrysalide dans son cocon, est originale et peut-être faite de visu.
×Le verbe commonstrare renvoie à une situation d'enseignant qui montre aux étudiants.
×Vésale fait peut-être allusion à la circulation du liquide cérébro-spinal du quatrième ventricule.
×Cf. p. 617 note 142 et p. 618 note 148.
×Cf. Fabrica IV, 3, p. 322 [=422]. À propos des nerfs olfactifs, Vésale précise que ces nerfs sont inaccessibles à ceux qui ne pratiquent pas de dissection. Ces « processus mamillaires » ne doivent pas être confondus avec les corps mamillaires du diencéphale (voir figures 12 et 13, p. 617 note 142 et p. 618 note 148).
×Vésale, comme les anatomistes modernes, intègre parmi les nerfs crâniens les tractus et bulbes olfactifs et les nerfs optiques. Pourtant l'étude histologique de ces nerfs montre que le tractus olfactif (I) et le nerf optique (II) ne sont pas des nerfs (car ne possédant pas de gaine de Schwann) mais des prolongements cérébraux. Il n'y a donc théoriquement que 10 paires de nerfs crâniens (du III au XII). Mais, afin de ne pas remodifier ce qui était admis depuis deux siècles, la numérotation de ces paires crâniennes de I à XII a été conservée de nos jours (rappelons à cet égard la discordance entre cette numérotation et celle de Vésale qui en a identifié moins en fusionnant par exemple le IX et le X –cf. p. 615 note 117).
×Cette manœuvre est toujours réalisée de nos jours au cours des autopsies ou en anatomie pour extraire le cerveau de la boîte crânienne.
×Pour la série de nerfs qui suit, nous renvoyons le lecteur aux légendes de la quatorzième figure du livre VII, page 620. Notons que cette préparation n'est pas la meilleure technique pour bien voir l'émergence des nerfs crâniens du tronc cérébral, mieux vue sur une vue ventrale de ce tronc, une fois extrait de la fosse postérieure. Sans doute Vésale a-t-il adopté cette façon de faire pour montrer le trajet de ces nerfs jusqu'à leurs orifices de pénétration dans la base du crâne.
×Vésale décrit les procédures de dissection en ayant sous les yeux les planches déjà dessinées ; on constate en effet les mêmes erreurs de latéralisation dans le texte et dans les figures, ici la quatorzième figure du livre VII, page 620 (cf. p. 651, note 603).
×Cf. note précédente.
×Il s'agit effectivement de veines pontiques et cérébelleuses se jettant dans le sinus pétreux supérieur notamment.
×Il s'agit bien sûr toujours de la même artère carotide interne, celle-ci traversant son orifice dural au niveau du toit du sinus caverneux pour devenir intra-crânienne.
×Cf. Fabrica I, p. 32.