Livre VII
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et d'examiner l'oeil. Un œil humain suffit pour cette dissection si le cadavre est encore assez frais, sinon un œil de bœuf aussi frais que possible pourra être utilisé en même temps pour le travail.Procédure pour disséquer l'oeil. Donc commencez par rechercher les muscles des paupièresoo fig. du chap. 10, livre II.
p fig. du chap. 11, livre II.
et ensuite ceux de l'œilp, comme nous l'avons enseigné dans le deuxième livre[655] ; au cours de ce travail il est nécessaire de prendre également en compte les nerfs, les veines et les artères qui passent par les orbites oculaires, je veux parler de la deuxième paire de nerfsqq K, fig. 2, chap.2, livre IV.
r L dans la même fig.
et de la plus petite racine de la troisième pairer dont vous trouverez facilement les petites branches, si vous les cherchez dans la graisse qui recouvre les muscles de l'oeil et si vous faites avec une scie une incision triangulaire dans l'os frontal[656] constituant la partie supérieure de la cavité orbitaire, pour rechercher d'abord les petits nerfs susdits, puis les muscles de l'oeil quand il aura été dégagé, à moins que vous ne désiriez conserver les os intacts. Dans ce cas, il aurait fallu enlever l'oeil avec ses muscles sans endommager l'os, en faisant des incisions avec un scalpel tranchant tout autour de l'oeil et très près de l'os jusqu'à l'endroit où le nerf optique sort de la cavité crânienne contenant le cerveau[657]. Quelle que soit la façon de procéder pour enlever l'oeil, on aurait intérêt à toujours enlever la membrane adhérentess η, η, fig. 18, chap. 14. [péri-orbite] de l'os le plus près possible de l'os, mais en conservant la portion de la membrane [conjonctive] qui forme la surface interne des paupières, et qui est attachée à l'oeil. Toutefois, tant que les muscles de l'oeil sont encore intacts, vous pourrez détacher cette membrane jusqu'à l'iristt θ dans les fig. 18 et 19, chap. 14. en utilisant un scalpel pointu, comme si vous peliez la peau d'un corps, et ensuite vous pourrez considérer d'où elle provient. Mais parfois vous ne pourrez examiner cette membrane qu'après avoir ôté les muscles de l'oeil, en étant toujours attentif au fait qu'elle recouvre tout l'avant de l'oeil, excepté la partie dure comme la corne [cornée], c'est-à-dire la portion transparente de la dure tunique [sclérotique], mais que les muscles entourent toute la partie postérieure de l'oeil[658], sauf la portion occupée par l'entréeuu ∫, fig. 16, chap. 14. du nerf optique. Ensuite, après avoir libéré l'oeil des muscles et de la membrane adhérentexx comme dans les fig. 14 et 16, chap. 14., vous pourrez examiner le nerf optique ; faites d'abord une longue incision à travers les veinesyy δ, fig. 17, chap. 14. et les artères qui longent le nerf optique depuis le cerveau jusque dans la dure tunique [sclérotique], puis à travers une portion du nerf optique ; avec la pointe du scalpel inspectez les portions de la dure-membrane cérébrale et de la fine membrane qui revêtent le nerf, et enfin la substance du nerfzz α, β, γ, fig. 17, chap. 14. lui-même, de telle sorte que vous puissiez ainsi montrer[659] les débuts des trois tuniques principales de l'oeil, et terminez en sectionnant le nerf optique loin de l'oeilaa comme dans la fig. 16, chap. 14., de telle sorte que seule la dure tunique soit visible, comme une sphère parfaite. Prenez cette sphère du bout des doigts de la main gauche, le pouce étant sur la pupille et les autres doigts enserrant la surface d'implantation du nerf optique ; ensuite prenez un rasoir très affuté de la main droite, et faites une incision transversale aussi longue que possible dans la dure tunique de l'oeil, de manière à faire tomber les humeurs de l'oeil sans devoir le comprimer. Après cette incision, prenez l'oeil dans la main droite, et faites couler ces humeurs dans la paume de la main gauche[660], de telle sorte que l'humeur cristalline [cristallin] soit au-dessus de l'humeur vitrée [corps vitré] car vous embrouilleriez les choses si l'humeur vitrée roulait par-dessus le cristallin. Pour éviter cela, ne tenez pas l'oeil trop éloigné de la paume quand vous y laisserez couler les humeurs, et tournez vers la paume l'arrière de l'oeil où s'insère le nerf optique. Après avoir ainsi recueilli les humeurs, remettez en place la partie de l'oeil d'où les humeurs se sont écoulées, puis tournez la main lentement et doucement, de telle sorte que l'humeur aqueuse s'écoule de la paume de la main gauche, et que seule l'humeur vitrée [corps vitré] reste en place avec l'humeur cristalline [cristallin]bb comme dans la fig. 12, chap. 14.
c de h,h à i, fig. 12, chap. 14
. Ensuite, examinez la tuniquec, ou toute la fig. 11. absolument semblable aux cils ou aux poils des paupières [corps ciliaire] qui est attachée à l'humeur cristalline [cristallin] en l'encerclant, et qui enveloppe et revêt l'avant de l'humeur vitrée [corps vitré]. Commencez par détacher cette petite tunique [corps ciliaire] de l'humeur cristalline avec la pointe d'un scalpel, puis vous la soulèverez de l'humeur vitrée et vous la poserez sur un papier. Séparez l'humeur cristalline [cristallin] du corps vitré en la pressant le moins possible avec les doigts ; après avoir remis en place l'humeur vitrée [corps vitré] sur le papier, commencez par appliquer un signe quelconque sur l'humeur cristalline intacte, et en mettant la pointe du scalpel un peu sur le côté, ajustez-la sur ce signe tantôt un peu vers le haut, tantôt un peu vers le bas, afin d'examiner comment l'humeur cristalline rend toutes choses plus grandes qu'elles ne sont, à la manière d'une lentille[661]. Ensuite, avec la pointe d'un petit couteau, il sera utile de peler, en commençant par les côtés, la tuniquedd d, fig. 10, chap. 14 ou toute la fig. 9.que nous avons décrite comme étant aussi fine et transparente qu'une très fine pelure d'oignon, mais plus dure [capsule du cristallin], puis détachez-la de l'humeur elle-même avec vos ongles et déposez-la à son emplacement sur le papier. Mais si vous voulez connaître la dureté de l'humeur cristalline, vous pourrez la presser entre vos doigts jusqu'à ce qu'elle casse, avant de la déposer sur le papier. Ensuite, pour examiner les trois tuniques restantes, prenez la partie de l'oeil d'où les humeurs sont tombées et tournez-la vers l'intérieur sur votre pouce gauche, et immédiatement apparaîtra la tuniqueee fig. 15, chap. 14. formée par la dissolution de la substance du nerf optique : elle sera ou bien encore étalée, ou bien, plus fréquemment, agglomérée comme du mucus. Dans ce cas, vous l'étalerez à nouveau à l'aide d'un stylet, pour observer sa couleur et sa substance sur toute son étendue. Ensuite vous la rassemblerez de nouveau en une boule, et après l'avoir détachée de son origineff l, fig. 14, chap. 14., son seul point d'attache ferme, vous la déposerez sur le papier. Maintenant la surface interne de l'uvéegg fig. 14, chap. 14 dans son ensemble. est entièrement visible : examinez d'abord ses couleurs, puis avec un crochet séparez-la de la dure tunique, en regardant attentivement les veineshh p,p, fig. 15, chap. 14 et u,u, fig. 16. qui passent de la dure tunique dans l'uvée et sa couleur tirant sur le noir. Lorsqu'en la pelant, vous atteindrez l'irisii q,q, fig. 15, chap. 14 et θ, fig. 18., regardez attentivement sa connexion très solide avec la cornée à cet endroit ; examinez aussi la pupillekk r, fig. 15, chap. 14.
l de q à q, fig. 15, chap. 14.
, la couleur[662] de l'uvée, l'endroit où elle se sépare de la cornéel et sa position éloignée de la région de la cornée. Reposez sur le papier l'uvée ainsi détachée et coupée de son origine où elle est très fermement unie à la cornée ou dure tunique,

×Cf. Fabrica II, chap. 12.
×Il est intéressant de noter que cette vue supérieure de l'orbite par ouverture de son toit osseux n'est pas montrée alors qu'elle serait très riche d'enseignement quant au trajet des nerfs oculomoteurs (III, IV et VI) et du nerf ophtalmique (V1).
×Cette technique d'exentération orbitaire ne permet pas de conserver les insertions musculaires et rend très difficile, quand le contenu orbitaire est sur la paillasse, l'étude du trajet et des rameaux des nerfs oculomoteurs.
×En fait une partie de la face postérieure du bulbe oculaire est dénuée d'insertion musculaire (cf. aussi p. 649 note 590).
×Le verbe ostendere renvoie à une situation du maître enseignant aux étudiants.
×On comprend que toutes ces manipulations, comme les suivantes, faites « dans la paume de la main » aient été plus faciles sur un œil de bœuf en raison de son volume.
×La manipulation montre bien que le cristallin agit comme une lentille bi-convexe.
×Erreur typographique dans le texte latin. Calor (chaleur) au lieu de color (couleur).