Livre VII
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et regardez attentivement cette dure tunique avec sa partie transparente comme de la corne que nous appelons cornée[663], en examinant sa partie épaisse et sa partie transparente, puis posez la à sa place sur le papier. Si vous voulez tout confier à votre mémoire, énumérez alors chacune des parties depuis le centre de l'oeil vers la surface la plus externe, et de nouveau vers le centre.Autre méthode de dissection de l'oeil. Ensuite, à votre gré, vous pourrez examiner l'oeil gauche, en commençant par couper la membranelη dans les fig. 18 et 19, chap. 14.
ζ, ζ, fig. 18, chap. 14.
adhérente et les musclesm comme dans l'oeil droit, en faisant une incision dans la dure tunique mais sans aller jusqu'à l'uvée ; au contraire, comprimez l'oeil le moins possible et avec le fil d'un rasoir, faites une légère incisionnn comme cela a été fait dans la fig. 16, chap. 14. dans la dure tunique, sans vouloir l'en détacher dès la première fois, mais en arrivant jusqu'à l'uvée par des incisions successives et nombreuses[664]. Ensuite insérez dans l'incision un stylet fin mais peu pointu, et séparez peu à peu l'uvée de la dure tunique, de manière à insérer facilement de petites pinces[665] pour saisir les berges de l'incision dans la dure tunique qui entoure l'oeil, sans endommager l'uvée, et ainsi pouvoir mieux examiner le passage des veines de la dure tunique dans l'uvée, et la position des humeurs, une fois que l'uvée aura été sectionnée.Examen de l'organe de l'audition. L'anatomie de l'oeil étant terminée, il faudra examiner l'organe de l'auditiono,o il est représenté sur la fig. du chap. 8, livre I. b sauf si vous désirez conserver les os. Et d'abord, la nature de l'oreille se manifestera clairement si on détache la peau de chaque côté de la substance cartilagineuse qui lui donne sa forme. Mais il est plus difficile de trouver le processus du nerf auditif ; aussi, à l'aide d'une très grande scie commencez par ôter la portion de l'os [rocher ou portion pétreuse de l'os temporal] qui se trouve au-dessus du conduit auditif, puis enlevez le reste de l'os jusqu'au conduit avec un scalpel assez solide[666] : la membrane dans laquelle le nerf se diffuse et les osselets de cet organe apparaîtront alors clairement. Mais si la scie a touché ce conduit, vous aurez tout abîmé[667], et le scalpel ne vous sera d'aucun secours, car dans ce conduit étroit et tortueux, le nerf, qui est mou et fin, est facilement rompu et brisé en même temps que les os. Je réussis très bien toutes ces opérations en utilisant une scie pour détacher toute la partie de l'os qui contient l'organe de l'audition du reste du crâne, et en coupant tout l'os transversalement avec force et avec un scalpel très robuste. Pour réussir cette dissection, il vaut mieux séparer la partie de l'os qui reçoit le nerf, dès que ce dernier sort du cerveau, de l'os auquel l'oreille est jointe. Et si vous ne désirez pas conserver les os, je vous conseillerais derechef de briser en plusieurs endroits l'os frontal au-dessus des sourcils, afin de pouvoir examiner en détail le sinuspp K, fig. 3 et 4, chap. 12, livre I. qu'il contient, et de faire la même chose dans l'os sphénoïde, de telle sorte que ses nombreuses cavernesqq C,D,G, fig. 8, chap. 6, livre I. [sinus sphénoïdaux] et la matière qu'elles contiennent apparaissent ouvertement à la vue, et que rien de ce qui a été décrit dans le septième livre ne demeure dans l'ombre.Examen des muscles qui n'ont pas été disséqués dans le cadavre jusqu'ici. Il reste un certain nombre de muscles à disséquer, mais un seul côté [du corps ] suffit pour les voir. Vous aborderez donc les muscles moteurs du cubitus, du radius, du carpe[668] et des phalanges puis ceux que l'on compte comme les muscles moteurs du fémur ; reséquez ensuite les muscles qui aident au mouvement du pied et des orteils ainsi que les ligaments, comme je l'ai mentionné bien avant dans le deuxième livre[669]. C'est pourquoi je jugerais inutile de mettre ici une description, même sommaire, de ces muscles et de la méthode pour les disséquer.Examen des séries de veines, d'artères et de nerfs à travers le bras. Mais je vais dire quelques mots pour ce concerne les veines, les artères et les nerfs du bras et de la jambe[670], parce que leur dissection n'a pas encore été exposée alors que pour toutes les autres parties, nous avons inclus les vaisseaux et les nerfs [dans la description][671]. Commencez par inciser superficiellement la peau du haut de l'épaule jusqu'à l'ongle du pouce, sans blesser la membrane charnue ; écartez ensuite les berges de l'incision, et avec beaucoup de patience et de soin, détachez la peau de la chair en veillant à laisser toute la graisse attachée à la chair, et en étant très attentifs à ne pas laisser de veine ou de petit nerf attaché à la peau. Si vous avez accidentellement sectionné une branche s'étendant dans la peau et que vous l'ayez un peu détachée de la membrane charnue en même temps que la peau, réséquez-la soigneusement en l'enlevant de la peau et remettez-la comme elle était sur la membrane charnue, puis continuez à enlever la peau comme vous avez commencé, en ne laissant aucun lambeau de peau sur le bras, l'avant-bras ou la main. Vous pourrez déjà observer les petites veinesrr d dans la fig. du chap. 6, livre III.
s g,h, fig. 2, chap. 11, livre IV.
et les petits nerfss qui se présentent à la dure membrane[672] qui recouvre le muscle élévateur du bras [muscle deltoïde], puis le premier nerftt π dans la même figure. du bras [nerf axillaire] qui court sur une certaine distance dans la membrane charnue dans la partie externe du bras, puis une petite brancheuu υ dans la même figure.
x Entre Ρ et Δ dans la Table III des muscles.
du troisième nerfx[nerf médian], entre le muscle élévateur du bras et celui qui mène le bras sur la poitrine [muscle grand pectoral], et qui se distribue dans la membrane charnue dans la partie antérieure du bras. À l'arrière du bras, et dans la région inférieure du côté externe du bras, regardez attentivement les petites branchesyy Ω, fig. 3, chap. 11, livre IV et chiffre 32 dérivé de Φ. des nerfs distribués dans la membrane charnue par le quatrième nerf entrant dans le bras [nerf radial], en même temps que la branchezz Chiffre 33 dans la même figure. [antérieure] qui se présente obliquement à la partie externe de l'avant-bras. Ensuite examinez attentivement toute la disposition du sixième nerf* [nerf cutané médial de l'avant-bras]* gagnant le bras, car ce nerf tout entier s'étend seulement dans la membrane charnue[673]. Examinez maintenant la sortie de la veine de l'épauleaa a inférieur, puis e,e dans la fig. du chap. 6, livre III. [terminaison de la veine céphalique][674] qui longe le côté interne du muscle élévateur du bras [muscle deltoïde], et les petites branches qu'elle dispense ici et là jusqu'à ce qu'elle atteigne l'articulation avec l'avant-bras. Observez aussi la branchebb de h à α dans la même fig. issue de la veine du bras, descendant en oblique vers cette articulation, pour former une veine commune, ainsi que la branchecc dans la même fig., de i à l, à l'endroit où x,x sont reçus. qui longe le radius [veine céphalique accessoire] dans la région postérieure de l'avant-bras et est portée au petit doigt, en s'annexant une branche de la veine axillaire. Plus rarement une branchedd g dans la même fig. est envoyée vers les régions profondes de l'articulation avec l'avant-bras ; quand elle existe, vous pourrez l'examiner sans couper profondément, en examinant soigneusement la portionee r dans la même fig. de veine axillaire qui pénètre la membrane charnue un peu en deça du milieu de la longueur du bras[675]. Vous verrez que cette branche envoie une autre brancheff de t à α dans la même fig. pour former la veine commune, et vous observerez ensuite que d'autres branchesgg u,x,y,z dans la même fig. cheminent le long de l'ulna, c'est-à-dire dans la région inférieure de l'avant-bras en direction du poignet.

×Erreur typographique en latin : carneus (charnu) pour corneus (de la substance de la corne).
×Cf. p. 645 note 547.
×Le latin forcipula est un diminutif non classique de forceps (pince, tenaille). Si les forceps sont connus en chirurgie obstétricale dès l'antiquité, Vésale utilise peu l'instrument dans la dissection de l'encéphale et des organes des sens et lui préfère le crochet. Mais l'instrument est répertorié sur la table de dissection présentée dans le livre II de la Fabrica, p. 235, à la lettre P.
×L'ouverture de l'os pétreux à l'aide d'une scie en sorte de découvrir du même coup par une coupe horizontale les éléments de l'oreille moyenne (caisse du tympan), de l'oreille interne (cochlée et vestibule) et du conduit auditif interne est particulièrement difficile et hasardeux. Enfin la nature du « scalpel assez solide» utilisé pour enlever le reste de l'os est mystérieuse car une simple lame tranchante peut couper cet os très dense.
×Reprise d'une idée déjà souvent énoncée : seule une dissection soigneuse permet de voir (cf. p. 652 note 624).
×Le passage mêle les noms des os et ceux des parties du corps. Le métacarpe a été oublié dans la série. Pour une description détaillée de ces muscles, cf. Fabrica II.
×Cf. Fabrica II, chap. 59 et 60.
×Sur la nomenclature anatomique des parties du corps, cf. Introduction au livre I de la Fabrique du corps humain, par J. Vons et S. Velut BIU Santé, 2014.
×En fait, la description anatomique des veines et des artères des membres supérieur et inférieur a bien été faite dans le livre II de la Fabrica, chapitres 8 et 10 ; celle des nerfs de ces mêmes parties dans le livre IV, chapitre 14. Il ne s'agit pas ici de repentirs ou de corrections d'oublis, mais de l'exposé systématique du protocole de dissection nécessaire pour découvrir et atteindre ces vaisseaux et ces nerfs qui ont été dessinés sur les grandes planches des livres précédents. Cela permet de conjecturer la méthode de travail de Vésale, qui devait rédiger le texte descriptif, non pas au sortir de la scène de dissection, mais à partir des planches, comme nous l'avons plusieurs fois remarqué au cours de la lecture. Le dernier livre constitue donc l'achèvement de l'enseignement et donne au disciple les outils de son autonomie.
×Le texte latin est erroné et porte dura membrana au lieu de carnea membrana. Il s'agit évidemment de l'aponévrose.
×Les nerfs sont peu décrits dans l'Epitome, en-dehors de la planche [Ma].
×Vésale désigne systématiquement la veine céphalique par l'expression vena humeraria. Cf. J. B. de C. M. Saunders and C. D. O' Malley, The bloodletting Letter of 1539. An annoted translation and Study of the Evolution of Vesalius's Scientific Development, WM Heinemann Medical Books, LTD, 2013, Introduction p. 66, note 157. Le terme cephalica, en dépit de son étymologie grecque, aurait été introduit par Armegandus Blasius de Montpellier et justifié dans la mesure où cette veine était fréquemment saignée dans les affections de la tête. Vésale privilégie ici une désignation anatomique topographique sans connotation éventuelle thérapeutique. La veine est décrite mais n'a pas de nom dans l'Epitome, mais l'adjectif humeraria y est utilisé pour désigner la veine du bras, cf. André Vésale. Résumé de ses livres sur la Fabrique du corps humain, éd. J. Vons et S. Velut, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 72-73. Sur Ermengald (Armegandus), médecin de Montpellier (mort après 1315), traducteur d'Avicenne, cf. W. F. Daems, « Ermengald Blasius' Tabellen zum Antidotarium Nicolai », Pharmaceutica Acta Helvetiae, 1979, t. 54, n°4, p. 101-105, et l'analyse proposée par J. Pierre, « Un Antidotarium en tableaux utilisé sans doute par un apothicaire montpelliérain du XIVe siècle », Revue d'histoire de la pharmacie, 67ᵉ année, 1979, n° 242, p. 226.
×L'ensemble de ce réseau veineux correspond au « M » veineux sous-cutané du pli du coude.