Dans les cancers digestifs, la carcinose péritonéale (CP) est encore considérée par bon nombre d'oncologues comme une maladie avancée au pronostic extrêmement sombre et pour laquelle seule une approche palliative est envisagée. Dans le cancer colorectal, la médiane de survie de ces patients est de 6 mois. Actuellement, bien que la chimiothérapie systémique reste le traitement standard de la CP avec un taux de réponse d'environ 30%, elle doit être considérée comme un traitement palliatif dans la mesure ou la CP récidive chez tous les patients. En 1988, Sugarbaker a développé un nouveau concept original dans l'approche thérapeutique de la CP. Il propose d'associer une chirurgie de cytoréduction (résection complète de la maladie péritonéale macroscopique) à une chimiothérapie intra-péritonéale (CIP) administrée dès la fin de l'intervention. Cette approche a permis d'obtenir des résultats encourageants, notamment dans le pseudomyxome péritonéal avec des survies à 5 ans de 50 à 84% selon le type histologique. Quelques années plus tard, inspirés de travaux expérimentaux japonais, Sugarbaker et d'autres ont ajouté l'hyperthermie à la CIP afin d'accroître son effet cytotoxique. La chimio-hyperthermie intra-péritonéale (CHIP) était née. Depuis, plusieurs séries cliniques ont rapporté l'intérêt de la CHIP dans le traitement de la CP d'origine digestive, avec des survies prolongées et des "guérisons" chez des patients sélectionnés.