De nombreux patients opérés, présentent des douleurs chroniques postopératoires qui mettent en échec un acte chirurgical considéré comme réussi. Pour beaucoup d’entre eux, l’intensité, la persistance et le retentissement de cette douleur chronique postopératoire retentissent de façon importante sur la qualité de vie. La douleur neuropathique postopératoire est fréquente et invalidante, très souvent sous-estimée, non diagnostiquée voire ignorée. La douleur neuropathique est officiellement définie par l’association internationale pour l’étude de la douleur (International Association for the Study of Pain, IASP) depuis 2011 comme une « douleur étant la conséquence directe d’une lésion ou une maladie affectant le système somato-sensoriel ». Les douleurs neuropathiques postopératoires correspondent à des douleurs engendrées par une lésion traumatique d’un nerf au cours de la chirurgie. Toutes les lésions nerveuses n’évoluent pas vers la douleur neuropathique, il existe des facteurs chirurgicaux favorisant la lésion nerveuse, mais il faut tenir compte de la grande vulnérabilité interindividuelle. Le développement de la douleur chronique postopératoire semble peut-être en rapport avec des mécanismes de sensibilisation centrale préopératoire. La douleur neuropathique peut être détectée très précocement en postopératoire. Il est important de rechercher les facteurs de risques et de la détecter précocement afin de proposer des stratégies individualisées. Une fois installée, la douleur neuropathique reste difficile à traiter.
C’est la convergence des éléments de l’interrogatoire et de l’examen clinique qui permet le diagnostic du mécanisme physiopathologique. Aucun examen complémentaire n’est nécessaire. Des outils de dépistage ont été développés pour aider à dépister une douleur neuropathique : le questionnaire DN4 composé de dix items associant les descripteurs de la douleur à un examen clinique permet d’orienter vers la douleur neuropathique.
Elle nécessite une prise en charge spécifique. Les traitements médicamenteux systémiques de la douleur neuropathique périphérique reposent sur différentes classes thérapeutiques : les topiques, les antidépresseurs tricycliques ou mixtes, les antiépileptiques gabaergiques et les morphiniques, ainsi que les thérapeutiques non pharmacologiques.