Le cancer broncho-pulmonaire représente la première cause de décès par cancer. Pourtant, si sa mortalité reste élevée parce qu’il reste longtemps asymptomatique, ce cancer est au contraire tout à fait curable dans ses formes précoces que la chirurgie guérit plus de 8 fois sur 10. C’est donc un excellent candidat pour le dépistage d’autant que la population cible de ce dépistage est bien définie : ce sont les grands fumeurs et anciens grands fumeurs.
Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire a été l’objet d’une recherche clinique très active dont les principales étapes ont été les suivantes :
1) De nombreuses études d’abord ouvertes puis randomisées ont été menées à partir des années 1980 portant sur la radiographie thoracique et l’examen cytologique des expectorations. La démonstration définitive de leur absence d’impact sur la mortalité spécifique par cancer broncho-pulmonaire a été apportée en 2011 par l’étude PLCO.
2) Dans les années 90, de nombreuses études ouvertes sur le scanner faiblement dosé non injecté ont démontré que cet examen est plus sensible que la radiographie pour la détection de cancers curables. Toutefois cet examen est aussi peu spécifique car il décèle beaucoup de faux positifs.
3) A partir des années 2000, ont été réalisées une dizaine d’études randomisées qui comparaient le scanner, soit à la radiographie thoracique, soit à aucun examen. Parmi ces études, seulement deux ont des effectifs permettant de répondre à la question avec une puissance suffisante : l’étude européenne NELSON avec plus de 15 000 participants dont les résultats sont en attente et une étude américaine, l’étude NLST (National Lung Screening Trial) qui, comparant scanner à radiographie, a inclus plus de 53 000 participants et dont les résultats ont été publiés il y a 7 ans. Dans le groupe dépisté par scanner, la mortalité spécifique était significativement réduite de 20% (p=0,004) et la mortalité globale l’était également de 6,7% (p=0,02).
Bien que plusieurs inconvénients potentiels du dépistage scanographique soient régulièrement discutés (surdiagnostic, irradiation, gestion des faux positifs, coût), les résultats de l’étude NLST ont conduit la plupart des sociétés savantes et groupes de recherche américains à publier des recommandations sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire qui toutes découlent des résultats de l’étude NLST. Ceci a abouti à la prise en charge du dépistage aux Etats Unis par Medicare dans des conditions identiques à celles du NLST.
En Europe, des avis d’experts vont dans le même sens. En France notamment un groupe de travail multidisciplinaire recommande ce dépistage dans des conditions précises chez les personnes qui ont les mêmes caractéristiques que celles des participants au NLST (fumeurs ou anciens fumeurs de 55 ans ou plus, ayant fumé au moins 30 PA et, s’ils sont anciens fumeurs, ayant arrêté depuis moins de 15 ans) et ayant la volonté de s’engager dans une démarche de sevrage du tabac.
Pourtant la Haute Autorité de Santé a jugé que les conditions n’étaient pas encore réunies pour qu’un dépistage soit en France possible et utile.
Il est en tout cas indispensable que la France ne reste pas en dehors de la recherche clinique extrêmement active qui est menée actuellement sur ce sujet.