L. latine 165.  >
À Johann Rudolf Dinckel,
le 8 avril 1661

[Ms BIU Santé no 2007, fo 102 ro | LAT | IMG]

Au très brillant Johann Rudolf Dinckel, docteur en médecine, à Strasbourg.

Plus doux des amis, [a][1]

J’ai reçu votre dernière, transmise par notre ami Spon, [2] et vous en remercie tout particulièrement. Je vous suis très reconnaissant de vous souvenir encore de moi, même loin de nous, quand je ne le mérite nullement. Puissions-nous, s’il vous plaît, cultiver tous deux cette mutuelle affection pour que germe la profonde pousse que nous avons plantée, et que croisse un arbre immense et ombrageux qui à la fin portera des fleurs, des feuilles et de très abondants et suaves fruits. Je voudrais que vous saluiez de ma part MM. les deux très distingués Sebizius car je suis leur obligé à de multiples égards. [3][4] Dieu fasse que je puisse me libérer d’une si grande dette. Si je pensais leur être agréable, je leur enverrais les deux tomes in‑fo des Quæstiones medico-legales de Paolo Zacchias qu’on a tout récemment imprimés à Lyon sur la Saône. [1][5] Faites-moi, s’il vous plaît, savoir s’ils feraient bon accueil à cet ouvrage qui est digne d’une bibliothèque médicale. J’attendrai de vous, par toute voie que vous voudrez et que vous jugerez la mieux appropriée, le Speculum medico-practicum de Melchior Sebizius, aussitôt qu’on l’aura achevé. [2] Je vous paierai sans délai le prix des livres et les frais de port pour le paquet où vous mettrez, s’il vous plaît, trois exemplaires de ce livre. Il me reste aussi une autre chose à vous demander : si l’on vend chez vous les exemplaires de quelques thèses et disputations médicales, tant celles qui ont déjà été soutenues que celles qu’on soutiendra prochainement, achetez-les-moi ; [6] quand vous en aurez suffisamment accumulé, faites-en un paquet et envoyez-le directement à Paris par votre coche, ou à Lyon, à notre ami Spon. Je vous en rembourserai le prix intégral très volontiers et avec reconnaissance, et vous en remercierai. Enfin, le Mazarin, propter nos homines et propter nostram salutem, descendit ad inferos[3][7][8] où, si les démons l’y autorisent, il lèvera de nouvelles taxes. [9] Je salue M. votre très distingué père et MM. Sebizius. [4] Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

Votre Guy Patin de tout cœur.

De Paris, ce vendredi 8e d’avril 1661.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Rudolf Dinckel, ms BIU Santé no 2007, fo 102 ro.

1.

V. note [10], lettre 568, pour la nouvelle édition des « Questions médico-légales » de Paolo Zacchias (Lyon, 1661).

Dans ses trois lettres de 1658 à Melchior Sebizius, Guy Patin l’avait beaucoup remercié pour plusieurs livres qu’il lui avait gracieusement envoyés, mais demeurait en dette envers lui. V. note [4], lettre latine 189, pour la manière dont il s’en est acquitté.

2.

V. note [9], lettre 557, pour les deux tomes du « Miroir pratique de médecine » de Melchior Sebizius (Strasbourg, 1661), dont Guy Patin attendait impatiemment la parution depuis deux ans.

3.

« pour nous les hommes et pour notre salut, il est descendu aux enfers » (altération du Credo catholique, v. note [4], lettre latine 159).

4.

Tout ce qu’on sait du père de Johann Rudolf Dinckel est qu’il avait épousé une fille de Johann Rolf Saltzmann, professeur de médecine à Strasbourg (v. notes [10], lettre de Charles Spon, datée du 10 juillet 1657, et [36], lettre 504).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 102 ro.

Cl. Viro Io. Rud. Dinckelio, Medicinæ Doctori, Argentinam.

Amicorum suavissime,

Postremas tuas accepi per Sponium nostrum
transmissas, pro quib. Tibi gratias singulares. Certè plurimum Tibi debeo
quod etiam absens, adhuc mei memineris planè immerentis : mutuum illum
amorem si placet foveamus inter nos, ut ex profundiore radice facta arbor
opaca ingens adolescat et succrescat, quæ flores, folia et fructus tandem proferat,
uberrimos et suavissimos. Clariss. viros meo nomine salutes velim, utrumque Sebizium ;
multiplici nomine sum illis obstrictus : utinam me possem tanto ære liberare : Si
gratum illis futurum putarem, mitterem ad illos duos tomos in folio, Quæstionum
Medicolegalium P. Zacchiæ
, qui nuperrimè typis mandati sunt Lugduni ad
Ararum : fac quæso ut per Te sciam, an gratum sint habituri istud Opus,
Medica Bibliotheca dignum. Speculum Medico-practicum Melch. Sebizij, statim atque
subito ad finem perductum à Te expectabo, per quamcumq. viam volueris, et magis
idoneam judicaveris : librorum pretium et vectura statim persolvam, pro fasciculo,
in quo tria erunt ejus Exemplaria, si placet. Etiam mihi aliud superest quod Te
rogem : Si vænalia prostent apud vos quarumdam Thesium et Disput. Medicar.
exemplaria, tum antehac discussarum, tum earum quæ nondum posterum prodibunt, eme illa
mihi : et postquam earum fuerit adauctus numerus, facies fasciculum, et mittes
rectà Lutetiam, per rhedarium vestrum, aut Lugdunum, ad Sponium nostrum.
Pretium totum lubentissime, gratóq. animo refundam, et gratias agam. Tandem ille
Mazarinus, propter nos homines et propter nostram salutem descendit ad inferos, ibi
nova impositurus vectigalia, si Dæmones sinant. Cl. virum D. Parentem tuum,
et Dominos Sebizios saluto. Vale, Vir Cl. et me ama.

Tuus ex animo Guido Patin.

Parisijs
Die Veneris, 8.
Aprilis, 1661.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Rudolf Dinckel, le 8 avril 1661

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(Consulté le 02/05/2024)

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